Un héros (enfin) reconnu
Personnage difficilement cernable, Alain Turing (Benedict Cumberbatch) présente un regard vide et une mèche plaquée sur son visage. Dans son costume cintré bleu lorsqu’il ne court pas dans le Sud de l’Angleterre avec son T-Shirt moulant, le brillant mathématicien britannique cache en fait un lourd secret.
Solitaire mais travailleur acharné, ce chercheur déshumanisé - antipathique obsessionnel – ne vit que pour sa machine anthropomorphisée. Baptisé Christopher, l’ordinateur à cent mille livres construit pour décoder Enigma sort du cerveau d’un homme harcelé petit car « différent ». Quelle idée d’utiliser une machine pour contrer une machine…. Il faut avoir un sacré cran !
« Un salaud arrogant »
L’acrimonie de Turing en fait un époux peu recommandable d’autant qu’il n’a qu’une idée comme Cendrillon : terminer avant minuit. Dans l’ombre de la guerre, sa modestie plus que discutable témoigne, malgré l’effort de garder le secret, d’un mythe en construction. Ambitieux, Turing ne lâche rien. Aidé par un décor extrêmement riche, le petit groupe s’acharne entre pintes et blagues scabreuses, a résoudre un problème insoluble. Tous joueurs, l’élément perturbateur arrive en la personne de Joan Clarke (Keira Knightley). Troublante femme au milieu de cryptographes aguerris, la solidarité règnera en maître absolu.
Un Français pour la BO
Reconnu par les plus grands – Roman Polanski, George Clooney, Jacques Audiard – Alexandre Desplat accompagne à merveille les flashbacks successifs. Après Le Discours d’un roi, Desplat s’attaque à l’Angleterre jazzy des années 1940. Alors que la tension monte d’un cran, le compositeur écrit en adéquation avec le texte de Graham Moore, d’amples lignes mélodieuses. Le rythme s’accélère avec une curieuse coïncidence : le petit groupe est sur le point de dérouter le nazisme et ainsi de mettre une issue à la guerre.