Le BGG - Le Bon Gros Géant de Steven Spielberg, et sa toute première collaboration avec Walt Disney Pictures. Et dernier film scénarisé par Melissa Mathison, scénariste de E.T l'Extra-Terrestre et de L'Indien du Placard. Repose en paix, tu laisses un coup d'éclat derrière-toi.
Steven Spielberg, le King of Entertainment qui travail main dans la main avec Disney, ça fait rêver pas vrai ? Et bien c'est exactement ce que nous offre ce film: du Rêve.
Adapté d'une nouvelle de Roald Dahl, Spielberg nous plonge dans une histoire colorée, magique, créative et mise-en-scène avec brio pour son retour aux divertissements. Le film est certes enfantin et naïf, mais c'est exactement ce qui fait sa force.
Les acteurs sont tous très bons, on y croit qu'ils sont dans un univers magique tant tout paraît vraie à leurs yeux.
La jeune Ruby Barnhill qui joue Sophie est très bien dirigée, on sent tout l'émerveillement à travers elle. Elle est certes rêveuse mais sait quand même être terre-à-terre. Son introduction dans l'histoire est très efficace pour nous la faire connaître, elle est mature, intelligente, et a beaucoup de caractère pour une enfant de son âge. Et sa relation avec le Bon Gros Géant est touchante à souhait.
Parlons de lui justement, le Bon Gros Géant, le BGG (ou méchamment nommé Microbe par ses pairs). C'est l'oscarisé Mark Rylance qui endosse la motion-capture pour montrer sa valeur en tant que nouvel acteur fétiche de Speilebrg. Et le titre est mérité car il est excellent, aucun défaut, aucune fausse note dans son interprétation. La motion-capture fait honneur à cet acteur et il le rend bien. Il est très expressif, on sent immédiatement de l'attachement pour lui tant il dégage énormément de tendresse autant pour son caractère que pour sa façon de parler.
Son "Charabiage" est très inventif et nous fait une découverte et de l'intérêt pour lui à chaque phrases.
Et pour le doublage de Dany Boon qui a dû en faire trembler plus d'un, il n'y a aucune crainte à avoir. On sait qu'il est derrière le micro mais il convenait au final parfaitement, il renforce la tendresse et le caractère enfantin de ce gentil géant et jamais il ne fait sortir du film. Un bon dosage et un bon doublage.
Tout la dimension enfantine de Roald Dahl et Steven Spielberg se ressent à travers ses deux personnages. On ressent une forte honnêteté et sincérité entre les deux, les scènes entre Sophie et BGG sont émouvantes et chaleureuse. Une magnifique relation.
Penelope Wilton (Harriet Jones premier ministre pour les fans de Doctor Who) incarne la Reine d'Angleterre et elle donne étrangement ce qu'on pourrait attendre de notre Elizabeth II actuelle, mais en plus enfantine et très sage. Elle sait quoi faire et elle y croit.
Les Géants sont quand à eux très drôles. Leur meneur (désolé j'ai oublié son titre, il faut mémoriser chacun de leur...critères. Mais ils se démarquent visuellement) est cruel et fait bien rire.
Pour les autres acteurs, ils n'apparaissent pas suffisamment pour pouvoir en juger car on se concentre avant tout sur Sophie et le BGG.
Visuellement c'est magique ! On a droit à un véritable festival de couleurs.
En particulier la séquence avec l'arbre à rêves avec toutes ces boules lumineuses colorées qui volent dans tout les sens. La nuit étoilée avec en plus le reflet de l'eau. C'est exactement la partie mémorable visuellement, rien que ça justifierai le visionnage.
La maison de BGG regorge de détails mais ce qui est réellement marquant avec son habitat c'est à quel point son gigantisme est mis en valeur avec Sophie minuscule. Les travellings constant dans cette partie du film nous donne l'impression de vivre une attraction bien ficelée quand Sophie se débrouille au milieu de tout cet intérieur. Ce ne sont pas les seuls moments où tout est bien filmé bien sûr.
Et ces travellings et ces longs-plans ne sont pas là que pour marquer la taille, la 3D est excellente, si on est prêt à sacrifier un peu de lumière, on en a pour notre argent et les couleurs restent sublimes.
Quant au monde des hommes de terre, toujours montré de nuit avec des halos de lumières sur les fenêtres (éclairage maîtrisée
et seul Buckingham Palace est montré de jour et bien lumineux.
La Bande-Originale composée par John Williams est excellente. Celle de Star Wars VII en avait refroidi plus d'un mais le maître Jedi de la musique montre qu'il en a encore à revendre. On retrouve le style de symphonie qui faisait le charme de E.T l'Extra-Terrestre et de Hook. On sent l'émerveillement, la magie, l'émotion.
Ce n'est pas aussi mémorable et créatif qu'autrefois mais ça se trouve dans la bonne moyenne qu'on attend de lui. Et puis il y a God Save the Queen.
En ce qui concerne l'humour, les retours à Cannes en avaient parlé et étaient pour le moins...insatisfaits. Et pourtant Spielberg a su trouver des plaisanteries que l'on jugerait puéril en les réinventant.
Il a carrément réussit à rendre un gag de pet drôle ! La salle riait aux éclats durant cette scène. Bon évidemment on peut faire un rejet à ce genre de plaisanterie mais c'était si bien amené qu'on en rigolait avant même l'arrivé du gag. La scène la plus longue et pourtant la plus drôle. Bravo !
Et quant à l'humour global du film. C'est souriant, ça ne prend pas de place, pas de gags abusifs, juste l'histoire qui se laisse porter par le caractère de ses personnages. Le langage des Géants et leur comportement font tout le reste.
Cependant, si Le Bon Gros Géant possède des qualités indéniables, il y a néanmoins certains manques. Il n'y a aucun défaut significatif, juste des attentes que l'on a d'habitude pour un Spielberg mais qui sont absentes.
Le ton enfantin et naïf du film ne s'en va quasiment jamais. Il y a des moments sombres qui ne sont pas suffisamment appuyés. Comme celle où BGG et Sophie rentrent au Pays des Géants pour voir ces derniers emmener des enfants pour sans doute les tuer et les manger. On ne va pas au cœur du problème, on ne ressent pas l'ampleur tragique de ce que ça représente (et pour ce qu'ils ont fait, leur punition est très sévères mais assez minimes quand on y pense).
Et la naïveté a beau être un point fort du film, on pourrait quand même se dire que ça va un iota trop loin une fois arrivé à la rencontre avec la Reine d'Angleterre.
Cela dit, on peut y faire abstraction ou ne pas y être sensible. Mais il n'empêche qu'arrivé à ce troisième acte, tout ressemble à un délire que l'on s'imaginerait dans un rêve. Un peu comme le rêve du garçon et du président.
Les dilemmes du film sont bien amenés mais sont trop courts. Lorsque BGG envoie Sophie à l'orphelinat pour sa sécurité, elle trouve rapidement le moyen de le convaincre qu'elle souhaite rester avec lui pour toujours. C'est sincère, c'est bien amené, c'est bien trouvé mais c'est trop rapide.
Et le climax est beaucoup trop court et même trop facile, en plus d'être assez forcé qui plus est.
Le Pays des Géants quant à lui est minuscule, on ne voyage pas suffisamment à hauteur d'humain dans cet environnement pour en ressentir tout le gigantisme qui s'en dégage. ça plus le fait qu'à part la maison de BGG et l'Arbre à rêves c'est assez pauvre en terme de créativité (remarque, ces Géants étant bêtes comme leur pieds, ça peut se comprendre), heureusement cependant que l'on voit ce Pays en extérieur que très peu dans le film.
Et aussi, c'est quelque chose d'assez surprenant mais il n'y a pas de double lecture ni de message dans le film.
Sophie rencontre le BGG, ils deviennent amis, puis font appel à la Reine d'Angleterre pour arrêter les Géants qui dévorent les enfants. Et quand tout est fini, Sophie finit par avoir une famille comme dans son rêve et reste liée au Bon Gros Géant qui vit heureux au Pays des Géants. C'est aussi simple que ça.
Au final, le BGG a appris à se rebeller face aux Géants qui le martyrisait mais l'évolution de Sophie est quand même beaucoup moins retranscrit, elle s'est adapté au langage du BGG et elle a appris à croire aux choses improbables mais on peut pas dire que c'était un point bien central dans le film pour elle.
Après, on peut y voir dans le film une symbolique sur les rêves avec la symbolique de la fenêtre qui revient souvent pour marquer les moments où le fantastique entre en jeu:
Le BGG capture Sophie à travers la fenêtre.
Elle convainc le BGG à la récupérer en sautant à travers la fenêtre.
La Reine d'Angleterre se laisse convaincre par Sophie debout devant sa fenêtre.
Et le BGG transmet des rêves aux humains à travers les fenêtres grâce à sa trompette.
Steven Spielberg donne des halos de lumières par les fenêtres dans tous ses films, et ils leur donne un rôle significatif en en faisant une sortie de notre réalité vers les rêves. On dit que les rêves sont un moyen de s'évader, cette métaphore n'a jamais été aussi vraie qu'à travers ce film.
Au final Le BGG - Le Bon Gros Géant est un concentré de rêves en bocal.
Un excellent divertissement, une perle visuelle et une bonne histoire portée par ses deux personnages principaux.
Steven Spielberg arrivera toujours à émerveiller et ce film en est la preuve. Un rêve de toute beauté.