Malgré un début de carrière aux antipodes, Steven Spielberg a assis sa notoriété avec des films tels que « Rencontre du 3ème type », « E.T. » ou encore « Jurassik Park », une série de films que le rendirent maître des effets spéciaux et des effets de caméras en tout genre. Pourtant, avec « Duel » et surtout « les dents de la mer », on pouvait d’ores et déjà déceler un réalisateur de génie qui savait surtout manier l’art de la subjectivité pour créer une ambiance et faire réagir le spectateur. Depuis quelques années et notamment les déclics que furent « la couleur Pourpre » ou encore et surtout « La liste de Schindler », Spielberg s’était intéressé à un cinéma, tout aussi sinon plus complexe, mais surtout plus adulte. Avec « Le Bon Gros Géant », le réalisateur revient à un cinéma, plus léger, plus fantastique à destination du jeune public. Oubliée donc l’erreur de la revisite de Peter Pan dans « Hook » et la légèreté de traitement de « Tintin », le réalisateur adapte le roman préféré de Roal Dahl l’auteur de « BFG ».
Alors on passera sur le titre français, certes plus fluide à dire, mais très en décalage avec le personnage lui-même : « Le Bon GROS Géant » pour traduire « The Big Friendly Giant ». Car dès les premières apparitions du personnage, on se rend compte qu’il n’est pas gros, et qu'il il en est même très loin. Mais cela n’est qu’accessoire, tant le film est réjouissant de bonheur, de subtilité et d’émotion. En effet en grand conteur d’histoire qu’est Steven Spielberg, « The BGG » est, avant tout, une aventure dans laquelle une petite fille, orpheline, insomniaque et solitaire s’associe avec un géant différent, timide et solitaire également. Leur association va aider, avant toute chose, le géant à ne plus être persécuté par une bande de cngénères mangeurs de Chair Fraîche. Evidemment, l’histoire de Roal Dahl est un support de taille qui correspond totalement à l’humanité constante qui se dégage de la filmographie d’un Steven Spielberg. Car l’homme n’est pas à asséner un discours moralisateur sans nuance, il n’est pas non plus de ceux qui donnent une leçon mais se pose plutôt comme un témoin d’une époque, et même dans une œuvre comme « le Bon Gros Géant », il parvient à faire passer un message de douceur et de tendresse auprès des futures générations qu’il invite à la tolérance et à la prise en main d’un destin.
Avec une mise en scène toujours proche d’un ballet d’opéra, le réalisateur invente et ne fait jamais dans la surenchère d’effets spéciaux. Et même si ses géants sont en « Motion Capture », il n’oublie pas l’importance de doser les effets de caméra pour rendre sa narration plus fluide et jamais pesante. On ne s’ennuie donc pas et Spielberg va même jusqu’à réinventer le tellement pesant gag du pet magique, cher aux américains, pour le rendre réellement drôle. On l’aura vite compris, méticuleux dans sa mise en scène, précis et obsessionnel dans le moindre détail de son histoire, Steven Spielberg nous réjouit d’un film coloré, soyeux et magnifique.
Alors que Robin Williams (Le Cercle des Poètes Disparus) avait travaillé sur le projet, dont l’adaptation date de 1991, sa disparition fut un coup au projet, autant que celle de Melissa Mathison, qui avait déjà signé le scénario de « E.T. ». Spielberg d’une certaine manière leur rend hommage en faisant de son film, une œuvre aboutie au scénario solide et bourré d’effets de langage renversants. Pour remplace la star décédée l’année précédente, Spielberg a confié le rôle du Géant à l’acteur Mark Rylance, avec qui il avait travaillé sur « Le pont des Espions ». L'acteur apporte une certaine douceur et une naïveté incomparable à ce géant, maladroit dans ses paroles, mais tellement doux avec les rêves des gens qu’il aimerait tant voir se réaliser.
En cousin du « Marchand de Sable », « Le Bon Gros Géant » est avant tout un film, simple et complexe, dont le scénario inspiré vient faire la balance de la technologie de pointe utilisée pour donner corps à l’histoire. Steven Spielberg et distille toute sa maîtrise et toute son humanité pour rendre justice à l’œuvre de Roal Dahl dont la simplicité apparente rivalise le plus souvent avec une part sombre, proche de Dickens. Le film est une réussite par une mise en scène qui évite tous les pièges de la surenchère d’effets spéciaux et d’effets de caméras qui auraient donné soit un rythme trop lent soit un rythme trop hystérique pour être convaincant. Ici, le réalisateur réussit la subtile alchimie en narration moderne et mise en ambiance soignée.