Rocketman est présenté Hors Compétition lors du 72e Festival de Cannes.
Rocketman est le biopic d'Elton John, de son vrai nom Reginald Dwight. Son réalisateur Dexter Fletcher explique avoir voulu signer une "oeuvre explosive, une course-poursuite imaginaire résolument loufoque et transgressive, qui oscillerait entre fête et tragédie". Bien que largement inspirée de la vie du chanteur, le film s'amuse à brouiller les frontières entre fiction et réalité. Elton John était en effet intéressé par une relecture fantasmatique de sa vie qui ne chercherait pas forcément à raconter avec exactitude les événements passés.
Rocketman a mis plus de dix ans à avoir le jour. Alors qu'il était à Las Vegas avec son mari, David Furnish, pour une série de concerts-spectacles (le Red Piano Show), Elton John a eu envie de transposer l'esprit du show dans un film. Ils se sont alors tourné vers Lee Hall, scénariste de Billy Elliot. Les trois hommes avaient déjà collaboré sur une adaptation scénique de la comédie musicale anglaise intitulée Billy Elliot The Musical dont Furnish était le producteur exécutif. Une fois le script achevé, ils ont fait appel à Matthew Vaughn pour qu'il produise le projet. Elton John avait d'ailleurs fait une apparition dans son film Kingsman : Le Cercle d'Or.
Rocketman est écrit par Lee Hall, scénariste de Billy Elliot. Un film qu'Elton John et David Furnish avaient vu au Festival de Cannes en 2000. Jamie Bell, qui y tient le rôle-titre, avait rencontré Elton John à l'issue de la projection. Le chanteur, en larmes, avait été bouleversé par la relation entre Billy et son père. Lee Hall a obtenu carte blanche quant à la chronologie de Rocketman : les chansons sont intégrées non pas par ordre de création mais pour leur résonance avec l'histoire, comme l'explique Furnish : "À mon avis, les vrais fans vont être surpris en redécouvrant ces tubes qui, à l'origine, racontent une histoire, et n'ont plus la même portée dans le film. Pas mal de gens vont se dire 'Je n'avais jamais compris que cette chanson pouvait vouloir dire ça'".
C'est grâce à Matthew Vaughn que Taron Egerton a décroché le rôle d'Elton John. En effet, producteur du film, Vaughn avait offert au comédien britannique son premier grand rôle dans Kingsman. Il a immédiatement pensé à lui pour incarner John, d'autant plus qu'il connaissait ses dons pour le chant. Par ailleurs, c'est également Vaughn qui a eu l'idée de confier la réalisation de Rocketman à Dexter Fletcher. Il savait qu'il avait fait ses débuts en tant qu'acteur dans la comédie musicale Bugsy Malone, avant d'en mettre une en scène lui-même 43 ans plus tard avec Sunshine On Leith.
S'il n'avait pas eu l'occasion de montrer ses talents de chanteur auparavant, Taron Egerton était pourtant prédestiné à jouer Elton John puisqu'il avait interprété Your Song pour son audition à la Royal Academy of Dramatic Arts. Le comédien s'est entraîné au chant et au piano pendant cinq mois pour se préparer au rôle. Les chansons d'Elton John ont été réenregistrées avec sa voix dans le mythique studio Abbey Road à Londres. John lui a fait pleinement confiance en le laissant réinterpréter ses tubes à sa manière et n'a jamais assisté à aucun enregistrement.
Le producteur musical et compositeur Giles Martin est un ami d’enfance de Matthew Vaughn et a été indirectement lié à Elton John puisque celui-ci a souvent collaboré avec son père George Martin, légendaire producteur des Beatles. Matthew Vaughn raconte : "J’en ai parlé à Elton et j’ai découvert qu’il avait vécu chez George Martin dans les Caraïbes et qu’il y avait enregistré des morceaux quand Giles était encore tout petit. Il l’adorait et a tout de suite été convaincu qu’il serait un collaborateur idéal".
Elton John a accordé au producteur musical Giles Martin une liberté totale pour réinterpréter ses morceaux, à la grande surprise de Martin : "Pour certains, ces chansons sont si mythiques qu'elles sont presque des objets sacrés. Mais on n'a pas fait de changements de manière gratuite. Et le plus génial chez Elton, c'est qu'on a affaire à un pur artiste. Il est heureux qu'on donne une nouvelle ampleur à ses créations".
La séquence de Saturday Night’s Alright for Fighting a été l'une des plus complexes à réaliser. Filmée en une seule prise, elle a exigé plus de 300 figurants, 50 danseurs, 4 caméras, 3 grues, 10 autos-tamponneuses et une grande roue. La chorégraphie a nécessité 12 semaines de travail, mêlant plusieurs cultures et influences des années 1950 et 1960, des Mods en passant par les Teddies, les rockers et les adeptes du ska.
Ce morceau revient sur le concert exceptionnel au Troubadour qui a lancé la carrière d'Elton John en 1970. Une réplique à l'acoustique parfaite de ce légendaire club situé à Los Angeles a été fabriqué par la production.
Le numéro de Honky Cat est volontairement mis en scène comme une comédie musicale dans la tradition de la MGM afin d'illustrer l'éclat de la nouvelle vie d'Elton John qui touchait alors pas moins de 4 % sur toutes les ventes d’albums dans le monde.
Quant à Goodbye Yellow Brick Road, la séquence est entièrement inspirée du Magicien d'Oz. Taron Egerton porte un costume bleu pourvu de revers couleur rubis qui rappelle le personnage de Dorothy. Le chef-costumier Julian Day revient en détail sur sa création : "La chemise est en tissu argenté pour l'Homme de fer-blanc, il porte un chapeau de paille pour l'Épouvantail et un grand manteau en fausse fourrure pour le Lion. Il a même une petite boucle en émeraude à la ceinture [...]".
Le chef-costumier Julian Day a déjà collaboré à plusieurs films consacrés à des icônes de la musique tels que Bohemian Rhapsody, Nowhere Boy et Control. Pour Rocketman, Day a eu accès aux archives personnelles d'Elton John. Le chef-costumier a revisité certaines tenues du chanteur, comme celle portée au célèbre concert de 1975 au Dodger Stadium en remplaçant les paillettes par des vrais cristaux, et en a inventé d'autres, comme le costume orange vif du Diable et le costume élisabéthain. Taron Egerton a dû effectuer plus de trente essayages d'une dizaine de costumes.
Pour entrer dans la peau d'Elton John, Taron Egerton a accepté de se percer l'oreille et de se raser le front, non sans une certaine réserve, comme s'en souvient la chef coiffeuse Lizzie Yianni Georgiou : "Au départ, il était absolument contre mais quand il a compris combien de temps il allait passer au maquillage tous les jours s’il ne le faisait pas, il a été courageux et il a accepté !" La dentition du comédien a également été modifiée : "On a réalisé une prothèse dentaire en y intégrant les petits espaces qui, pour Taron, font partie intégrante du personnage mais Dexter [Fletcher] s’inquiétait que ça le fasse zozoter, que ça lui donne du mal à chanter en direct. Mais Taron tenait absolument à conserver ces espaces [...]". La prothèse fut finalement retirée et les espaces peints avec de l'encre de tatouage conçue pour les dents.