Le film choral est souvent un joyeux bordel. Premier long-métrage de Benjamin de Lajarte, "Les jeux des nuages et de la pluie" est exactement le contraire. Un film très écrit, très tenu. Conceptuel en diable, et d’une audace assez crâne. Un casting intriguant (dont Simon Yam, Hiam Abbas et Alain Chamfort !...), 3 langues qui se superposent continuellement (anglais, français et chinois) pour 6 personnages en quête d’amour (et de communication donc) - couples en panne, écorchés de la vie... Et 4 décors (une cafeteria, une salle de conférence, un théâtre, un hôtel) où vont se rebattre les cartes du destin. Le réalisateur se réclame d’Edward Hopper. On en voit effectivement l’influence dans la composition de ses cadres où cohabitent de poignantes solitudes. Mais tout à sa volonté de faire œuvre, Lajarte déçoit aussi par ses outrances: le surjeu des acteurs, l’abus de travellings signifiants, noyés par la musique, et surtout, surtout, une idée du chic assez factice (on pense à Wong Kar-Wai, et aussi à Beineix, période McConnico). Malgré ses défauts, "Les jeux des nuages et de la pluie" n’en reste pas moins un des premiers films les plus originaux et les plus captivants de 2013. Alors, à l’heure où se complotent les nominations pour les César, j’espère vraiment qu’il ne sera pas oublié. Même si, au final, le très évident "Guillaume et les garçons" devrait lui laisser peu de chances !