La Frappe est le premier long-métrage que réalise, scénarise et produit Yoon Sung-Hyun. Le film a déjà été récompensé au festival Blue Dragon et de Daejong en tant que meilleure première réalisation. Le cinéaste avait auparavant réalisé cinq courts-métrages dont certains furent récompensés en festival.
La Frappe n'est pas la traduction littérale du titre original du film. Celui-ci, Pasookkoon, signifie "attrapeur" et s'inspire librement de l'oeuvre de J. D. Salinger dont le titre coréen est "L'attrape-coeur" (l'original étant "The Catcher in the Rye"). Comme le roman, le film se penche sur la solitude vécue par une jeunesse désemparée. Le réalisateur traduit l'intérêt du film de la façon suivante : "à travers le quotidien de ces jeunes, tourmentés et perdus, j’ai voulu montrer ô combien fragiles et sensibles nous sommes et comment nous pouvons nous briser en mille morceaux parce que nous vivons à l’étroit et, étiquetés dans cette coquille vide qu’on appelle la société et dans laquelle nous sommes contraints de créer nos identités à travers le regard d’autrui".
Si le réalisateur Yoon Sung-hyun précise bien que son histoire est "100% fictive", il n'empêche qu'il s'attache à un sujet de société très courant en Corée, à savoir, le suicide et la solitude de la jeunesse. Lui-même reconnaît avoir eu une enfance solitaire et cite dans une interview le cas d'une écrivaine, Jeon Hye-rin, qui se tua alors qu'elle connaissait popularité et succès. Le seul mot qu'elle laissa fut : "j’étais dégoûtée par l’image de moi que me renvoyaient les gens". Le cinéaste se reconnaît par ailleurs, dans La Frappe dans le personnage de Ki-tae, "un ado insouciant et vulnérable en son for intérieur qui jouait au macho devant ses camarades" sans pour autant reconnaître la part d'autobiographie qu'il pourrait y avoir dans son film.
C'est sa perception et son expérience de l'école coréenne par rapport au système éducatif occidental qui poussa le réalisateur à traduire de façon aussi crue et violente la réalité scolaire de son pays. Etudiant aux Etats-Unis durant ses années de primaire, une fois retourné en Corée du sud, Yoon Sung-hyun compare le parcours et la vie de l'élève à celle d'un cheval de course : "Le champ de courses devient notre seul environnement et on apprend uniquement à entrer en compétition sans même savoir où cela nous mène au bout du compte".
Alors que l'image du professeur est absente du film, volontairement selon le réalisateur, il y introduit un père très présent mais totalement hors de la réalité que vit sa progéniture. Les enseignants étant apparemment aussi violents que leurs élèves dans les écoles coréennes, le cinéaste a préféré s'en tenir à la perception des adolescents entre eux. De plus, les proches de Yoon Sung-hyun lui ont reprochés que la violence était trop édulcorée dans son film : "l’ironie c’est que si j’avais filmé cette violence, les gens l’auraient trouvée trop cinématographique, trop artificielle". A l'inverse, le père sert de référent, pour montrer à quel point les parents vivent déconnectés du monde de leurs enfants. Si les adolescents se battent devant des professeurs qui n'en ont cure, ils se crééent une façade de politesse à tenir devant leurs parents.
Les questions et le style narratif soulevés par les cinéastes Gus van Sant et Ken Loach ont servi de principales inspirations cinématographiques au réalisateur de La Frappe. L'un est particulièrement apprécié pour son long-métrage Elephant, l'autre pour les personnages et les problématiques liées à l'humanité qu'on retrouve dans Raining Stones. Il conclut en précisant : "leur façon de s’emparer tous deux de la réalité, dans un langage cinématographique, est simplement exemplaire".
La Frappe est le film de fin d’études du réalisateur Yoon Sung-hyun produit par la KAFA (école de cinéma réputée en Corée). C'est à seulement 29 ans et avec quelques 50 000 dollars américains qu'il est parvenu à ce résultat, déjà remarqué aux prestigieux festivals de Busan, Rotterdam et Hong-Kong où il fut récompensé.
L'acteur Cho Sung-ha, qui joue dans La Frappe le père du jeune suicidé, est un vétéran du cinéma coréen, notamment connu à l'international pour ses incarnations dans The Murderer de Na Hong-Jin et Suneung de Shin Su-Won. A l'inverse, le jeune Park Jung-Min, qui joue Becky, obtient avec ce film son premier rôle d'importance au cinéma après avoir joué dans plusieurs pièces de théâtre et courts-métrages.