Eric Lomax (Jeremy Irvine), jeune lieutenant de 23 ans servant dans les Transmissions, est envoyé après la chute de Singapour (février 1942) en Birmanie avec d'autres compagnons d'infortune. Il va participer à l'édification du fameux pont sur la rivière Kwaï à Kanchanaburi, pièce maîtresse de la "voie ferrée de la mort" (415 kms entre Bangkok et Rangoon). 16.000 prisonniers de guerre mourront à cette tâche (et 60.000 civils autochtones asservis). Lomax a survécu (ainsi que ses camarades les plus proches), mais dans quel état ? Jeune sexagénaire (rôle assuré à cet âge par Colin Firth), il rencontre (dans un train écossais - c'est un passionné, qui a un savoir exhaustif à cet égard) Patti Wallace (Nicole Kidman - moins amidonnée qu'à l'habitude), une quadra ancienne infirmière, en tombe amoureux au premier regard, et l'épouse rapidement.
Ce "The Railway Man" (titre original explicite - c'est un portrait d'Eric Lomax, l'"homme du rail") navigue entre le passé (la détention sous la férule japonaise) et le présent (années 80). Au résultat, devant la caméra de l'Australien Jonathan Teplitzky, pour une réalisation classique, cela donne un drame charpenté, "historique" (belle reconstitution, sachant ne pas faire du spectateur un voyeur - ne montrant de l'horreur que ce qui est nécessaire), mais avec une très importante dimension psychologique (force de l'amitié, stress post-traumatique, syndrome de Stockholm), sans oublier une dimension "morale",
de quête de rédemption pour l'ancien tortionnaire, et de pardon, pour sa victime
(cependant - en épilogue - la moins bien amenée, par le scénario et la réalisation, la moins fluide) - aspects là davantage mélodramatiques. Epiques, poignantes, que ces "Voies du destin" (adaptation des mémoires d'Eric Lomax, disparu en 2012), et bien défendues par les 2 "Lomax" (jeune et vétéran), comme les 2 "Nagase" (le très zélé "interprète" japonais kenpei).