Frappé du label « histoire vraie », "Les Voies du Destin" bénéficie d'un Colin Firth irréprochable et surtout d'une imagerie parfaite avec des décors tout à fait somptueux. Mais engagée à grande vitesse sur la voie du pathos, le scénario ne suit pas et finit par vite décrocher pour n'être finalement qu'une leçon d'humanité se révélant mièvre et moralisatrice.
Le phénomène est d'une rigueur mathématique : aujourd'hui, n'importe quel livre trustant les têtes de gondole est directement adapté au cinéma. C'est inéluctable. Et le best-seller autobiographique d'Eric Lomax n'échappe pas à cette règle aussi implacable que 2 et 2 font 4. "Les Voies du Destin" prend pour toile de fond le calvaire enduré par cet ancien soldat britannique durant la Seconde Guerre mondiale où, fait prisonnier par les japonais avec sa section, il a été contraint de prendre part à la construction de « la voie ferré de la mort », une ligne de chemin de fer de plus de 400 kms reliant la Thaïlande à la Birmanie. C'est d'ailleurs sur le tracé de celle-ci qu'a été bâti un certain pont de la rivière Kwaï. Des décennies plus tard, ce traumatisme latent et indicible poussera son épouse à agir pour qu'il combatte ses vieux démons. Comme dans l'oscarisé "Le Discours d'un Roi", Colin Firth, idéal dans ce rôle, incarne à nouveau un homme blessé soutenu par une épouse dévouée. L'intrigue débute de façon légère, telle une comédie romantique, lorsque Lomax rencontre sa femme. Le destin, un brin pervers, veut d'ailleurs que cela ait lieu dans un train. Puis la construction narrative s'amorce en flashbacks, au gré des découvertes sur le sombre passé de son époux du personnage campé par une Nicole Kidman qui cabotine comme jamais. La reconstitution d'époque est vraiment grandiose et la mise en scène, certes académique, est très soignée. Mais le récit, romancé et fantasmé à outrance, accumule les effets appuyés et manque cruellement d'objectivité. Les soldats alliés ne sont que de pauvres victimes, braves et héroïques, tandis que les japonais sont cruels, mesquins et hystériques. Mais à la fin, les alliés, qui eux sont toujours justes et humains, offriront le pardon chrétien à leurs sauvages de bourreaux. Il s'agit-là toutefois d'un « beau » film, d'une « belle histoire » comme l'on dit, même si c'est littéralement plombé par un trop-plein de lourdeurs et d'effets lacrymaux. Car, au cours de son épilogue un brin pompeux, ce film à la dramaturgie voulue poignante mais finalement sans relief, nous offre une subtile leçon de morale : la haine c'est mal.
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