EL CHINO ressemble à une fable, d'une simplicité lumineuse, autour d'une situation absurde, savoureusement drôle. Il faut voir ce film en en sachant le moins possible, sous peine d'en gâcher le plaisir. Sebastián Borensztein, dont c'est ici le premier long métrage, offre une réalisation léchée à partir d'une trame simple, construite autour de l'idée d'un certain sens du non-sens, rejoignant la synchronicité jungienne. L'essentiel du récit se déroule dans le long de la rue ou dans la maison-échoppe d'un ferrailleur argentin. Les dialogues, limités par un barrage langagier majeur, occupent une place modeste, et un caractère répétitif imprègne l'ensemble. Cependant, on ne s'ennuie pas; le scénario sait enchaîner les petits événements, le ton général amuse et la relation avec le chinois se développe insensiblement, de manière assez saugrenue. La sobre beauté de l'image, de la musique, ainsi que la fluidité des scènes, toutes pertinentes, maintiennent l'attention. Certains aspects paraissent un peu lourds à avaler (l'amourette insistante, les couilles de taureau, le chinois qui ne retient pas un mot d'espagnol). Ca passe, juste. Un humour absurde et quelques clichés tendres traversent la petite histoire, soutenue par le jeu de Ricardo Darin (remarqué dans Dans Ses Yeux), qui incarne à la perfection ce personnage bourru, un peu cabossé, limite cynique mais digne et honorable. Construit autour de cet acteur, dans un rendu d'une grande finesse, très soigné, EL CHINO offre un joli moment de détente. Même s'il n'est ni renversant ni novateur, ses qualités propres le rendent attachant.