J’adore ! Pour reprendre le style des réclames qui se faisaient dans les années 50, « Populaire, c’est du tonnerre ! ». Effectivement, l’intrigue se passe à la fin des années 50. Et cette époque est si bien retranscrite par les véhicules, les costumes (Déborah François est belle à en tomber par terre dans cette robe rouge de diva), les coiffures et la frénésie hystérique des admiratrices… qu’on pourrait croire que ce film date de ces années-là !... si seulement la bande son était un tant soit peu grésillante comme c’était souvent alors le cas, et à condition d’occulter le fait qu’on sache que les comédiens sont bien des acteurs actuels. "Populaire" est donc un petit bijou, tant par le jeu des acteurs que par la dynamique de la mise en scène et la musique utilisée. Chers lecteurs et chères lectrices, soyez les bienvenus dans cette comédie rock’n’roll qui vous fera danser, rire, peut-être même pleurer, et qui vous tiendra en haleine lors des championnats de vitesse dactylographique comme si nous les vivions. Car c’est frais, léger, et par-dessus le marché bien construit autour d’un sujet original orné d’une romance qui sort des sentiers battus. Bref, c’est le genre de film qu’on apprécie tant dans notre hexagone malgré un scénario à l’épilogue prévisible. Outre un rythme parfaitement maîtrisé et une réalisation quasi irréprochable de Régis Roinsard, ce qui va sauter aux yeux du spectateur est l’entente parfaite entre Romain Duris et Déborah François. Cela se traduit par des répliques savoureuses, et par la réaction de leurs personnages respectifs, jusqu’en arrière-plan ! Leurs minauderies valent leur pesant de cacahuètes, remplaçant souvent avantageusement tout dialogue. Comme quoi, il n’y a pas toujours besoin de causer pour s’exprimer. Et c’est ce qui va emporter l’adhésion de tout le public. Parce que quoi qu’on en dise, les deux acteurs principaux sont à l’écran copains comme cochons. Romain Duris est parfait, tandis que Déborah François illumine l’écran, à la fois modèle de douceur et de férocité. C’est fou de la voir passer d’un état d’âme à un autre avec autant de facilité. Ça en est presque déconcertant, mais… ça sonne tellement vrai ! Et elle va très loin dans l’étalage de son talent en enfonçant le clou avec un état d’ébriété pour le coup très amusant. Moi qui l’ai découverte récemment à travers "La tourneuse de pages" (2006), elle joue ici un personnage très différent et je ne l’attendais pas à pareille fête. Dans tous les cas, elle confirme tout le bien qu’on pense d’elle et je fiche mon billet qu’elle va devenir une grande et incontournable star du cinéma français. A condition qu’elle choisisse bien les tournages… Bizarrement, le duo fonctionne sur un formidable contraste. Louis Echard (Romain Duris) apparait comme un homme sûr de lui, intransigeant sur tout, ce qui lui confère une psychologie de maniaque du contrôle. Alors que Rose Pamphyle (Déborah François) est une personne à l’exquise fragilité, touchante par ses maladresses ponctuées parfois par de curieuses postures qui ne manquent pas de troubler son patron, pour le plus grand amusement du spectateur. Ce qui est remarquable aussi, c’est le rendu parfait de tous les autres acteurs. Les seconds couteaux bien connus ne passent pas pour autant inaperçus, comme Eddy Mitchell qui parvient à imposer une forte présence grâce à son charisme malgré ses courtes apparitions, Miou-Miou en mère bienveillante, ou Nicolas Bedos à travers son personnage qui ne plait guère en regard de sa psychologie et de sa façon de faire. Ou encore Bérénice Bejo qui, face à Romain Duris, apporte une scène un peu pathos, le point faible du film selon moi. Bon, j’imagine que c’était un passage plus ou moins obligé. Mais je veux parler surtout des figurants, ces figurants qui se donnent à fond dans l’hystérie collective des admirateurs des championnes de vitesse de frappe dactylographique. A les voir, on a l’impression de revoir ces scènes de folie aliénée qui ont ravagé à de nombreuses reprises les sièges des salles de concert. Tout cela pour dire que le premier long métrage de Régis Roinsard est une belle réussite. Aussi il paraitrait mesquin de tenir rigueur de la petite erreur qui s’est glissée dans la voiture de Louis Echard. Rose casse la poignée d’ouverture intérieure, mais lui parvient à l’ouvrir sans difficulté… de l’intérieur… Quoiqu’il en soit, vous ressortirez de ce film avec la banane tant il résonne comme un « ♪Tcha tcha tcha ! de la sécrétai____re !♫ »