Je me demande encore, presque 24h après avoir vu ce film, pourquoi il a autant fonctionné sur moi, pourquoi je suis sortie presque bouleversée de la salle alors que, quand on y regarde de près, le scénario est simple, sans très grande surprise et même par moment un peu téléphoné (le coup de la vieille machine). Après tout, il s’agit d’une digression de plus sur le thème du pygmalion, qui prends cette fois pour toile de fond un sujet inattendu, voilà tout ! Seulement voilà, certains films qui ne se veulent pas des chefs d’œuvre du 7ème art, qui se veulent seulement une jolie histoire sans prétention, qui ne prétendent pas soulever des questions existentielles tapent dans le mille ! Je crois que c’est cela le secret de « Populaire », ce n’est pas un film prétentieux, c’est un film qui se veut populaire dans le bon sens du terme. Il faut dire que « Populaire » est un film qui dépayse quand même. Qui savait que dans les années 50-60 étaient organisés des championnats de dactylographie et que les championnes étaient quasiment des stars (d’ailleurs qui sait que çà existe toujours, même si c’est devenu confidentiel ?) ? La reconstitution très vintage de l’époque est un régal, cette époque des jolies robes épaisses, des hommes qui s’adressent à leur secrétaire à grands coups de « Mon chou » en leur envoyant la fumée de leur cloppe dans la figure. On se rend compte quand même du chemin parcouru en seulement 50 ans, dans le domaine des rapports homme-femme, dans l’émancipation féminine aussi et de notre place dans la monde professionnel. On revient de loin les filles, on le sait toutes mais çà ne fait jamais de mal de s’en souvenir ! Romain Duris est impeccable, très crédible et souvent émouvant derrière son côté bourru et macho. Déborah François est délicieuse et n’en fait jamais trop. Les seconds rôles, même s’ils auraient pu être un tout petit peu plus écrits (celui de Bérénice Béjo notamment) ne sont pas en reste. La réalisation est classique mais efficace, la musique d’époque judicieusement choisie et placée. On est sans conteste devant un premier film particulièrement soigné et appliqué. Alors oui, le scénario ne comporte pas de très grandes surprises, on devine rapidement comment l’histoire va évoluer et comment elle va finir mais cette fois, ce n’est pas vraiment un défaut, on est même heureux d’aller tous ensemble vers cette jolie fin. J’ajoute pour finir qu’il ne s’agit pas d’un film « de fille », les garçons y trouveront aussi leur compte, parce que derrière l’histoire d’amour, il y a une compétition sportive, très bien filmée. Et vous vous surprendrez à jouer dans votre tête le rôle du supporter en voyant défiler les feuilles dactylographiées à une vitesse presque surréaliste !