"Et si on faisait un remake de "L'Expérience Interdite", les gars ? - Non, on peut une faire une suite ! - Non, ce sera un remake ! - Non, une suite ! - Non, ...".
Comme la boîte à idées de génie hollywoodienne n'a pas su se décider, nous voilà donc face à un remake/suite du film de Joel Schumacher des années 90 !
À vrai dire, on ne voyait pas beaucoup l'utilité d'un tel projet si ce n'est faire oublier les coupes affreuses 90's de ces jeunes acteurs devenus depuis très célèbres (Julia Roberts, Kiefer Sutherland, Kevin Bacon entre autres) et remettre tout ça au goût du jour en 2017 avec les effets spéciaux actuels pour séduire une nouvelle génération (synonyme poli de "engranger quelques billets verts sans trop se fouler"). Non pas qu'il n'y ait pas de variations intéressantes à faire autour de ces voyages post-mortem du film de 1990, thématique ô combien passionnante, mais un long-métrage comme "The Lazarus Project", un plus ou moins remake inavoué, était déjà passé par là et, en matière d'innovation sur le sujet, le moins que l'on puisse dire, c'est que le produit final n'avait pas été très glorieux.
Mais bon, nous voilà donc devant cette "Expérience Interdite" version 2017 dotée néanmoins d'un jeune casting prometteur (Ellen Page, Nina Dobrev, Diego Luna,...) et réalisé par Niels Arden Oplev (le premier "Millenium") alors mettons de côté nos a priori et laissons-lui sa chance...
Premier bon point, si elle n'arrive toujours pas à nous convaincre de l'utilité de ce remake (car, au final, c'en est un, le retour d'un personnage du premier film censé faire le lien ne servira à rien, mais alors vraiment à RIEN !), la première partie du long-métrage est loin d'être désagréable à suivre en reprenant les fondamentaux du film originel pour les actualiser. L'expérimentation, les allers-retours dans l'au-delà, l'addiction engendrée similaire à une drogue,... Bon, si vous connaissez la version Schumacher, vous êtes bien sûr en terrain archi-connu et cette relecture se contente de reprendre l'intrigue sans chercher à en bousculer les codes mais, force est de constater que, si elle le fait de manière classique, le résultat est correct, notamment grâce à ses acteurs plutôt bien choisis pour les stéréotypes qu'ils représentent. À vrai dire, on en vient même à croire que le tout va se laisser suivre sans trop de déplaisir.
Deuxième bon point, ... ben... heu... en fait... il n'y en a pas. Dès que le film se met à s'intéresser aux conséquences néfastes de cette expérience sur les protagonistes, le remake tourne au thriller d'épouvante basique de chez basique, ne délivrant que des manifestations surnaturelles d'une ringardise absolue (petite fille fantôme, cris de bébés louches, forces invisibles qui traînent une fille hurlante sur le parquet,... tous les trucs usés jusqu'à la corde sont présents !) qui, à moins que cela soit votre première incursion sur ce terrain cinématographique, risquent de vous faire vous faire bâiller jusqu'à vous retourner à 180 degrés la mâchoire !
Les problèmes de conscience des personnages qui les provoquent ont beau avoir été réimaginés pour l'occasion, ce ne sont en fait que des situations archétypales et horriblement simplistes qui finissent de consummer le peu d'intérêt qu'il nous restait dans une grande flambée de tristesse. Et ce n'est pas l'aspect moralisateur un peu idiot pour entraîner leur résolution, gros point faible du film de 1990 et juste anachronique en 2017, nous laissant sur une conclusion affligeante de banalité qui nous convaincra du bien-fondé de toute cette affaire.
On vous épargnera le jeu de mots disant que cette expérience devrait être vraiment interdite mais il n'en reste pas moins qu'à la fin, c'est le spectateur que l'on n'arrive pas à réanimer après la découverte de cet au-delà d'ennui.