Dernier week-end d’ouverture pour ce grand hôtel vieux genre de plus en plus déserté de Nouvelle Angleterre. Quatre clients à peine, une femme qui s’éloigne de son mari avec son fils, un vieillard nostalgique de son antique lune de miel en ces lieux, et une actrice alcoolique adepte de voyance. Pour tuer le temps, le petit couple de réceptionnistes a la liberté d’enquêter sur le mythe entourant le grand bâtiment centenaire à propos d’un fantôme qui le hanterait.
Ce film parvient à montrer la puissance de l’imagination, de l’intimidation métaphysique, de l’autosuggestion et de la fabrication artificielle de la peur et du surnaturel, pour un peu que les ambiances, tons et discussions s’y prêtent, qu’une dose de comédie soit encouragée, que la conjoncture soit propice, ou que la volonté de voir ce qu’on veut voir prédomine. N’en sommes-nous pas là après tout, ô adeptes des films d’horreur ? Presque sans effets spéciaux ni apparitions spectaculaires,
ni menace concrète finalement, si l’on suppose des hallucinations de la jeune fille prise dans son propre fantasme,
le jeu des caméras, des dialogues, de la musique et des circonstances aboutit à une originale manipulation de l’angoisse,
tout en sachant laisser la porte ouverte à une authentique possession de la maison.
Tel est le trait ingénieux, sans doute le seul, de cette histoire de fantômes,
nous laissant osciller jusqu’au bout entre l’alternative surnaturelle ou bien simplement la pathologie humaine.
A part ça, on a quand même tendance à s’endormir, entre les dialogues creux, les acteurs moyens, la discontinuité de scènes domestiques qui s’allongent et s’éternisent, les déroulements anodins qui s’étirent en longueur et en lourdeur, et la platitude qui flingue le pari de l’angoisse par l’intimité. Le dernier quart d’heure commence à bouger un peu, mais enfin pendant 1h10 on a surtout l’impression d’une longue arnaque un peu molle.