La cinéaste explique avoir eu l'idée de son film alors qu'elle était assistante-réalisatrice sur Brava gente brasileira, mis en scène par sa mère en 1999. Pendant le tournage, l'équipe s'est retrouvée dans un petit village, et Julia Murat fut marquée par une image, celle d'un cimetière verrouillé, condamné, et qui obligeait les habitants à aller se faire enterrer dans la cité voisine, distante de plusieurs dizaines de kilomètres. C'est ainsi qu'elle eut l'idée de cette vieille femme se trouvant dans l'impossibilité de mourir à cause de la fermeture du cimetière de son village.
L'histoire de Historias se situe dans la Vallée de Paraiba, non loin de Rio de Janeiro. Julia Murat explique qu'elle a choisi cette région pour son passif difficile : touchée par la crise du café au début du XXe siècle, elle a subit ensuite la fermeture de sa ligne ferroviaire, ce qui accentua encore plus son isolement.
Le titre complet du film (Historias, les Histoires n'existent que lorsque l'on s'en souvient) est venu à l'esprit de la réalisatrice Julia Murat suite à une discussion, finalement coupée au montage, entre le personnage de Rita (joué par Lisa E. Favero), qui disait : "Il y a des choses qui n’existent que lorsqu’on s’en souvient", et un vieil homme lui répondant : "Et il y a d’autres choses que nous voyons mieux en fermant les yeux". De cet échange poétique, la cinéaste en a sorti le ton du film, faisant basculer son documentaire vers la fable.
En termes de narration, Julia Murat a choisi d'orienter son histoire dans plusieurs directions. Tout d'abord celle du documentaire, grâce à ses recherches dans la Vallée de Paraiba, région dépeinte dans le film. La réalisatrice est ainsi sortie de ses repérages avec des dizaines d'heures d'images et une quantité folle de notes et d'idées. Elle a ensuite décidé de tendre son récit dans la direction du réalisme fantastique, genre rendu célèbre par des auteurs comme Howard Phillips Lovecraft ou Jorge Luis Borges. En termes de cinéma, la réalisatrice avoue des références asiatiques, telles qu'After Life (1998) d'Hirokazu Kore-Eda ou Still life (2006) de Jia Zhang Ke, qui est également une chronique sociale centrée sur une région en déclin.
Pendant le tournage, la réalisatrice Julia Murat a dû gérer une bande d'acteurs pas du tout issus de la même tradition de la comédie. Alors que des personnes comme Sonia Guedes et Luiz Serra sont plus de la vieille école, s'appuyant sur un style classique d'interprétation, Lisa E. Favero, venue de la scène contemporaine, se montrait plus à l'aise avec l'improvisation. Ajoutés à cela, les acteurs non professionnels, simples habitants de la région venus apporter leur soutien au film. Des techniques différentes qui posèrent quelques problèmes d'ajustement au début, mais qui avec le temps finirent par s'harmoniser.
Le film fait le choix d'utiliser très peu de lumière artificielle, et ce malgré les environnements lumineux complexes, comme les scènes en pleine nuit ou au petit matin. Ce parti pris radical fut décidé conjointement par la réalisatrice et son directeur de la photographie, Lucio Bonelli. Ce dernier s'est inspiré dans un premier temps de Rembrandt, pour ses sources lumineuses diffuses, puis a doucement glissé vers Caravage et ses contrastes très marqués.
Historias est le premier long métrage de fiction de la réalisatrice Julia Murat, jusqu'alors auteure d'un documentaire et d'un court-métrage. Avant de prendre les commandes de ses projets personnels, elle était monteuse sur plusieurs autres documentaires produits au Brésil, notamment ceux de sa mère Lucia Murat.
Le film fut présenté, et récompensé, dans de nombreux festivals à travers le monde. Il créa notamment la sensation au Festival international du Film de RiverRun, où il repartit à la fois avec le prix de la Meilleure Actrice, de la Meilleure Lumière, de la Meilleure Réalisatrice et de la Meilleure Œuvre de fiction. Outre cela, il reçut une Mention Spéciale au célèbre Festival de San Sebastian, et fut sélectionné au Festival International du Film de la Rochelle et au Festival Paris Cinema, entre autres.