Message from the King est le premier film en langue anglaise de Fabrice Du Welz. Lorsqu'il s'est rendu à Los Angeles, qu'il connaissait peu, le metteur en scène a passé de nombreux mois en repérages à parcourir la ville avec une fascination grandissante. "C’est une ville résolument moderne où le pire côtoie le meilleur. C’est un assemblage incroyable de quartiers, de communautés et de cultures. L.A., c’est Blade Runner. J’ai passé beaucoup de temps à errer, les yeux grands ouverts. Avec la production, nous nous sommes très vite entendus et nos visions convergeaient. Aujourd’hui, j’aime passionnément Los Angeles où j’ai passé 18 mois. Ses contrastes, sa fureur et son odeur m’ont profondément marqué", se rappelle-t-il.
Pendant la conception de Message from the King, Fabrice Du Welz avait en tête certains films des années 1970 comme La Loi du milieu de Mike Hodges, Shaft de Gordon Parks, The Long Good Friday de John MacKenzie et surtout Hardcore de Paul Schrader. Le cinéaste a également été influencé par l’ambiance glauque et poisseuse du Los Angeles des romans de James Ellroy. "Mais au-delà des références, mon but était surtout de suivre mon héros, Jacob King, à hauteur d’homme et de témoigner de sa rage et de son humanité. Je voulais aborder cette histoire simplement, comme dans un vieux western", confie-t-il.
Chadwick Boseman était déjà attaché au projet quand Fabrice Du Welz a été choisi pour en être le réalisateur et c'est même lui qui a "validé" le cinéaste. "Je crois que Chadwick a abordé le tournage de Message from the King comme une sorte de préparation physique à son personnage de T’Challa dans Black Panther. Mais plus que ça, Chadwick a donné beaucoup de lui-même et nous avons préparé le personnage avec beaucoup de passion et d’attention...", précise Du Welz.
Sur Message from the King, Fabrice Du Welz n'a pas pu travailler avec Benoît Debie, son chef opérateur habituel, et a donc dû choisir quelqu'un sur place. C'est ainsi qu'il a rencontré la directrice de la photographie Monika Lenczewska. Il se souvient : "Nous avons utilisé très peu de lumières et nous n’utilisions qu’une seule source, ce qui posait parfois problème à la production et au gaffer (chef électro)..."
Pour préparer son rôle, Chadwick Boseman s’est rendu en Afrique du Sud pour en apprendre autant que possible sur le monde de King, son personnage. Le comédien se rappelle : "J’ai fait des recherches… J’ai passé du temps au Cap, je me suis fait une idée de la vie là-bas, des townships, des différentes parties de la ville, de la police, des gangs. J’ai emmagasiné tout ce que je pouvais". A son retour, Boseman a échangé avec les scénaristes et utilisé ses expériences de voyage pour affiner son personnage.
Fabrice Du Welz a dû convaincre les producteurs que les coûts et les risques présentés par un tournage en pellicule valaient la peine. "Je fais complètement confiance au 35 mm. Pour être tout à fait honnête, je n’aime pas le numérique. Pas du tout. La pellicule offre un meilleur contraste, elle est toujours mieux pour le noir et blanc, surtout pour filmer la peau, tous les détails. L’image est plus sensuelle, la lumière et les couleurs plus riches, plus nuancées", confie la directrice de la photographie Monika Lenczewska.
Comme il l'a fait dans Fast & Furious 6 via le personnage de Owen Shaw et celui de Gaston dans La Belle et la Bête, Luke Evans incarne dans Message from the King à nouveau un méchant. L'acteur s'est ainsi glissé dans la peau de Wentworth, un sociopathe très charmant, mesuré et cool... En apparence. Fabrice du Welz explique à son sujet : "Wentworth est un serpent froid, méthodique et sadique. Il n’a aucune humanité en lui. Il ne souhaite que le pire. Pour lui, aucune rédemption n’est possible."
Si le film noir associé aux grandes villes se déroule majoritairement la nuit, Fabrice Du Welz a choisi de situer l'action de Message from the King principalement de jour. Le réalisateur confie ainsi avoir voulu faire un film "néo-noir" en pleine lumière avec une photographie proche de celle de Biutiful (Alejandro González Iñárritu), un long métrage qui l'obsède. Du Welz développe :
"À Los Angeles, j’ai toujours été frappé de voir la différence entre le jour et la nuit. La nuit, la ville se transforme, c’est un autre monde. La population change aussi. À Downtown par exemple, quand la nuit tombe et que les centres d’affaires ferment, les gens prennent leurs voitures et remontent Sunset Boulevard jusqu’à chez eux. Au même moment, la ville se remplit de clochards et de vagabonds qui errent comme des zombies..."