60, comme le nombre d'heures de rushes dont disposait la réalisatrice Valérie Massadian avant le montage final. Nana s'inscrit indéniablement dans la lignée de ces films qui n'auraient pas pu voir le jour sans l’invention du numérique. De longs rushes, sans coupures, ni timings, ont été nécessaires afin de filmer le quotidien de la réalité : "(Le mot maître est) de ne pas se donner de limite, quand la caméra tourne. Je n’ai jamais fait plus de deux prises mais toujours très longues, parfois quarante minutes. Lorsque Kelyna décide de faire un feu, d’aller ramasser du bois et qu’elle est très soigneuse, précise dans ses gestes, c’était ce détail là qui m’émerveillait et que je cherchais", confie la cinéaste.
Malgré un scénario bien fourni, c'est au montage que l'histoire de Nana s'est peu à peu formée, comme nous l'explique Valérie Massadian, la réalisatrice : "A partir du moment où j’ai rencontré Kelyna (Nana), je n’ai plus ouvert le scénario, ces vingt-cinq pages que j’avais écrites pour obtenir le financement et qui m’ont permises d’avoir l’avance sur recette [...] Je n’ai jamais raconté ni à Kelyna, ni à personne l’histoire précisément, car il y en a une infinité : ce sont toutes celles que le spectateur se raconte."
C'est une volonté de la part de la réalisatrice Valérie Massadian d'avoir tourné son film en pleine nature : "La nature est le premier monde que je connais, mon terrain. Pour l’instant, je ne peux pas imaginer filmer dans un environnement urbain. Cela me semble très violent, et trop étriqué. Je préfère recueillir le bruit des abeilles que ceux d’un couple dans un appartement", confie la cinéaste.
Nana a entièrement été tourné dans la région du Perche, laquelle s'étend sur les départements de l’Orne, d'Eure-et-Loir, de la Sarthe et du Loir-et-Cher. Un parc naturel régional du Perche a notamment été créé en 1998 : "Depuis vingt ans, le Perche est ma cachette, et c’est naturellement dans cette région que j’ai rencontré Kelyna. Une évidence", explique la réalisatrice Valérie Massadian.
Toutes les scènes du film sont nées sous le signe de l'improvisation de la toute jeune Kelyna Lecomte, la réalisatrice Valérie Massadian s'étant évertuée à ne donner aucune consigne de jeu à la petite comédienne : "A aucun moment, je n’ai donné d’ordre à Kelyna, lui ai demandé de dire une phrase ou imposé un geste. Il était impératif que le film naisse chaque jour, à chaque moment, de notre dialogue. Après, bien sûr, il y a des instants qui lui échappent, des propos où elle part dans ses propres jeux et rêveries, ou des colères, même, qu’elle m’adresse. Elle peut faire mine d’oublier un temps le film, pour ensuite revenir à la situation ou au personnage", confie la cinéaste.
Nana est le premier long-métrage de Valérie Massadian, sélectionné au festival de Locarno 2011 : "Nana est mon premier long, et pourtant, je n’ai pas le souvenir d’avoir voulu faire autre chose. Tout n’a été qu’une série de détours pour y arriver, pour le cerner. On apprend en faisant, mais aussi à travers une série de biais, des métiers satellites, en regardant, en expérimentant", explique Valérie Massadian.