Les Monty Python ont révolutionné l’humour, tant à la télévision avec le "Monty Python Flying Circus" qu’au cinéma avec leurs deux joyaux "Sacré Graal" et "La vie de Brian". Pur produit de la fin des années 60 (quand tout ce qui était anglais était hype) et des années 70, leur étoile a commencé à faiblir à compter des années 80 avec une inspiration en berne et des velléités de projets solo prenant le pas sur l’esprit de groupe. "Le sens de la vie" restera, ainsi, comme le chant du cygne de ses génies comiques… et accessoirement, comme leur moins bon film. Premier défaut majeur : la structure du scénario, sous forme de sketchs successifs liés entre eux par un vague thème commun (le questionnement sur le sens de la vie donc) qui rend le film terriblement inégal. Certes, les deux premiers longs-métrages des Monty Python n’étaient pas autres choses que des films à sketchs mais le sujet servant de prétexte (la quête du Graal revue et corrigée dans le premier et la vie de celui qui aurait pu être Jésus dans le second) étant suffisamment fort et dépaysant pour rendre le tout attrayant et cohérent. Ici, les situations proposées sont beaucoup plus contemporaines (et, donc, visuellement moins enthousiasmantes), les moyens semblent plus limités et, surtout, l’écriture paraît bien plus poussive. On en viendrait presque à penser que l’humour des Monty Python a soudainement vieilli (à l’image des acteurs, moins concernés ou, tout simplement, moins surprenants). En résulte une impression de longueur inédite chez les Monty Python et une réussite très fluctuante selon les sketchs. Certains renouent avec l’absurdité non-sensique (mais très structurée) qui a fait leurs succès et sont, de ce fait, franchement très drôles (heureusement d’ailleurs). On retient, parmi ceux-là, le miracle de la naissance (avec l’accouchement et le culte "Every sperm is sacred"), l’hilarante séquence sur le champ de bataille (avec les soldats voulant à tout prix offrir des cadeaux à leur capitaine pendant un assaut) ou, encore, la commande d’un sujet de discussion. D’autres, par contre, sont beaucoup trop ambitieux (le court-métrage d’introduction), beaucoup trop barrés (l’interlude "trouvez le poisson") ou beaucoup trop creux (le cours d’éducation sexuelle) pour convaincre. Quant au fameux sketch avec l’obèse Mr Creosote qui explose, j’ai l’ai trouvé franchement lourd et lui ai préféré sa suite directe avec le serveur qui veut à tout prix emmener le caméraman à sa maison de naissance. Définitivement inégal, "Le sens de la vie" reste, pour autant, un passage obligé pour tout fan des Monty Python qui ne bouderont pas leur plaisir de retrouver Graham Chapman, John Cleese, Michael Palin, Eric Idle, Terry Jones et Terry Gilliam dans un nombre, comme toujours, incalculable de rôles différents. Je n’arrive, cependant, toujours pas à comprendre comment ce film, pourtant le moins accessible et le moins abouti du groupe, a pu être le seul à être récompensé, (par le Grand Prix Spécial du Jury du Festival de Cannes 1983). Une sorte de "César d’honneur" pour l’ensemble de leur carrière qui marquera la "mort" des Monty Python. Mais pas de leur humour, heureusement qui résonne, aujourd’hui encore !