Film très critiqué par la presse française, Bienvenue parmi nous est un Becker assez faible en effet. Disons que c’est une sorte d’expérience ratée, avec de bonnes intentions, mais un traitement pas à la hauteur.
Sur la forme le film n’est pas vilain. Mise en scène décente de Becker, ambiance naturelle assez appréciable avec une photographie raffinée, bande son discrète mais pas vilaine et avec quelques passages plus punchie. Bienvenue parmi nous est un film élégant, très classicisant certes, mais qui conserve une certaine fraicheur, celle du bord de mer à n’en pas douter !
Plutôt joli donc, le film de Becker souffre surtout d’une histoire très fade. On peine réellement à croire au personnage de Chesnais, et toute la première partie du film m’a été peu digeste je dois dire ! C’est cliché, c’est lénifiant, c’est caricatural, il vaut mieux éviter les vingt premières minutes environ, c’est assez difficile. Après, on s’attend à ce que ça décolle, mais en fait non ! La rencontre avec le personnage de Jeanne Lambert ne ressemble réellement à rien, et le film va ensuite enquiller des scènes disparates frôlant parfois l’invraisemblance. Ce qui est dommage c’est que certaines de ces scènes sont plutôt belles, avec des dialogues parfois drôles, parfois graves, mais Becker est incapable dans ce film de lier toutes ces scènes de façon intelligente. Ce sont des morceaux décontextualisés dont l’objectif à l’évidence est de faire évoluer les personnages respectivement, mais qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et peuvent déboucher juste après sur une autre histoire déconnectée de la précédente. C’est presque un film à chapitre, et à la limite le film aurait dû mieux assumer ce style, ce qui aurait pu justifier d’une narration plus saccadée.
Le casting propose essentiellement un duo entre Chesnais et Lambert. Une actrice quasi-débutante, et un vieux routier du cinéma français ! Une rencontre étrange donc, et qui ne fonctionne qu’à moitié. Jeanne Lambert est charmante certes, et son jeu est parfois efficace, mais son manque de maturité est frappant, et certaines de ses réactions sentent franchement le forcé et le surjoué. On le voit aux expressions de son visage, on l’entend dans l’intonation de sa voix, manifestement elle a encore un jeu très théâtral, ce qui n’est pas surprenant vu qu’elle débutait ici, mais ce qui nuit forcément à une des quêtes évidentes du film : le naturel. Chesnais pour sa part est très pénible dans la première partie, surjouant lui aussi son personnage, mais il trouve bien ses marques par la suite, et on sent là un acteur d’expérience qui s’en tire bien. Il reste loin de son meilleur niveau cependant.
Bienvenue parmi nous est au final un film frustrant, car on aurait pu tenir un road-movie drôle et grave à la fois, et on hérite d’une comédie dramatique faiblarde où l’écriture vacillante et un jeu d’acteur inégal finissent par faire des trous significatifs ! Pas indécent, et il y a de beaux moments, mais il manque à l’évidence quelque chose pour transporter cette histoire !