Cornel Gheorghita a quitté Bucarest pour s’installer à Toulouse en 1991. Depuis, il a réalisé huit courts métrages de fiction, deux fictions d'après Samuel Beckett et a écrit les scénarios originaux de diverses fictions. Il a aussi réalisé des documentaires (Mascarades...). Europolis est son premier long métrage de fiction.
Europolis a remporté la Mention Spéciale du jury au Festival des Films du Monde de Montréal.
Le film est dédié "à tous ceux qui ont péri et qui périront loin de leur pays".
Europolis a pour thème le voyage de l'âme. Les Roumains s’accordent à dire qu’après la mort, l’âme n’abandonne pas immédiatement le corps. Cela se fait progressivement et ne s’accomplit qu’après que l’âme ait reconsidéré, avec une certaine distance, sa vie terrestre et la juste valeur de ses actes. C’est ainsi que l’on explique les voyages de l’âme.
Selon le folklore roumain, pour accéder aux Cieux, l’âme doit traverser l’espace aérien chaotique. C’est le moment où l’âme est mise aux épreuves. Chaque épreuve est différente, mais le scénario reste identique : l’âme doit traverser un pont étroit et fragile, monter une échelle mouvante ou une paroi inaccessible ou encore, passer par un endroit parsemé d’effroyables dangers. De partout, les diables l’entourent et font tout pour lui barrer le chemin car par sa chute, l’âme reproduira l’histoire de la chute des anges et passera ainsi de leur côté, en leur possession. Les rites, mimant le passage des douanes, se déroulent toujours sur le trajet du cortège funéraire vers le cimetière : on s’arrête aux carrefours, aux ponts, près des points d’eau, puits, sources, lacs … Pendant que le pope (prêtre orthodoxe) prie pour le défunt et bénit l’endroit, les proches du disparu jettent des pièces de monnaie dans l’eau. Dans certaines régions, les Douanes Célestes sont représentées symboliquement par des morceaux de tissus blanc placés en travers de la route, que le cortège mortuaire doit traverser.
Toujours selon la tradition, juste après la mort, l’âme a du mal à se séparer de son corps. Au début elle erre dans sa maison, ensuite autour de celle-ci, puis de plus en plus loin. Si, par malheur, l’âme voit son image dans un miroir elle peut s’y abriter, au risque de s’égarer définitivement. Elle tentera alors de s’emparer de l’âme de ses proches qui s’y miroitent. Ainsi, le malheur s’installera des deux côtés du miroir. C’est pourquoi la tradition veut que, jusqu’à l’enterrement, l’on couvre les miroirs de la maison d’un tissu ou qu’ils soient tournés face au mur. Pour les Roumains, ne pas se regarder dans un miroir signifie aussi témoigner du respect envers le défunt.
Pour les Roumains, l’homme n’est pas seul, ni dans son passage terrestre, ni pendant le voyage de son âme vers la place qui lui correspond dans l’au-delà. L’Ange Gardien est toujours à côté de l‘homme. Outre sa mission de le conseiller dans les choix imposés par les circonstances de la vie, l’Ange Gardien a la lourde tâche de guider son âme durant les 40 jours, de la soutenir à chaque épreuve, tout particulièrement aux passages des redoutables Douanes Célestes. Les âmes égarées, devenues strigoi (vampires) en perdant le chemin vers le repos éternel perdent aussi leurs Anges Gardiens.
Europolis a été tourné en Roumanie, en Italie, en France et en Hongrie.