Moi, député est la troisième plongée du réalisateur Jay Roach dans le monde de la politique, après les téléfilms plus sérieux Recount en 2008 et Game Change en 2012. Cette fois, le cinéaste a préféré traiter le sujet avec humour, car selon lui : "L'humour est la meilleure manière de parler de politique à l'heure actuelle. Au moins, ça permet d'en rire et d'en accepter plus facilement la dure réalité, alors que si on se contente des infos à la télé, ça peut être assez terrifiant. Quand on voit certaines campagnes électorales actuelles, je ne suis pas certain qu'elles correspondent à la conception qu'en avaient les pères fondateurs des États-Unis."
Moi, député sort sur les écrans tandis que les États-Unis sont en pleine période électorale, le Président Obama briguant ainsi un second mandat. "Le fait de le distribuer avant le scrutin présidentiel offrira peut-être aux gens un moment de répit dans la campagne, et leur permettra sans doute de rire un peu au moment où ils en auront le plus besoin", espère Will Ferrell, tandis que son partenaire à l'écran, Zach Galifianakis, assène le mot de la fin avec humour : "S'il y a un message à retenir, c'est que nous sommes tous foutus !"
Moi, député reste avant tout une comédie, mais le réalisateur Jay Roach y véhicule tout de même un message engagé, puisqu'il tient à dénoncer la façon dont l'argent et le financement des campagnes gangrènent la politique, poussant les candidats sous pression à gagner à tout prix, en dépit des règles et du bon sens, comme le confirme Will Ferrell en déclarant : "Ce que le film tourne en dérision, ce sont les sommes d'argent astronomiques investies dans les campagnes électorales et leur influence sur le résultat."
L'acteur Zach Galifianakis est connu pour son humour, mais ce n'est pas sa seule qualité : le comédien porte également un grand intérêt aux affaires plus sérieuses, comme la politique. "Je m'intéresse à la politique depuis toujours et je suis encore fasciné par la manipulation qui entre en jeu dès qu'il s'agit de lancer un homme politique, et à quel point le public se laisse berner par ce processus", constate-t-il. Selon lui, Moi, député n'est pas si fantasque qu'il n'en a l'air : "Nous avons simplement dévoilé la cuisine interne de manière humoristique", affirme-t-il.
L'équipe du film a eu bien du mal à élaborer un scénario qui tienne bon : en effet, toutes les situations cocasses que les auteurs avaient imaginées se retrouvaient peu après à faire les choux gras de l'actualité politique ! Sexe, mensonges et scandales en tous genres : tout y passait ! Un défi de taille pour les scénaristes qui ont dû redoubler d'imagination pour dépasser l'invraisemblance de la réalité ! Will Ferrell ajoute d'ailleurs : "Nous avons vécu une primaire hallucinante, si bien que certaines situations du film correspondent très bien aux excès auxquels on peut assister dans la réalité. Et si au départ on pensait qu'on était irréalistes, désormais on se dit qu'on est sans doute proche de ce qui se passe vraiment."
Jay Roach a révélé que l'idée de réaliser Moi, député lui était venue en 2010, après le scandale politique qui avait défrayé la chronique aux États-Unis, révélant que le politicien John Edwards avait entretenu une relation extra-conjugale avec la cinéaste Rielle Hunter, alors en charge de ses clips de campagne.
Le réalisateur de Moi, député, Jay Roach, tourne en dérision le systématisme des slogans qui abrutissent les foules, dans le milieu de la publicité comme en politique. "J'aimerais assister aux réunions de brainstorming pour voir comment s'élabore un de ces slogans", déclare-t-il, curieux. Dans le film, les deux candidats s'affrontent donc à coups de slogans totalement dénués de sens et sont simplement en quête d'une phrase "choc" capable de les faire élire !
Dans toute campagne électorale qui se respecte, les formules accrocheuses sont de mise. Le film n'échappe pas à cette règle sacro-sainte, et possède donc lui aussi son propre slogan, un brin humoristique : "May the best loser win", qui pourrait se traduire par "Que le meilleur perdant gagne". Les deux "candidats" ont également leur comité de soutien respectif sur le réseau Facebook.
Alors que la profession avait déjà été mise à l'honneur par George Clooney dans son très sérieux Les Marches du Pouvoir, les directeurs de campagne se retrouvent à nouveau sous le feu des projecteurs dans Moi, député à travers un personnage imaginé par Jay Roach, qui explique sa vision des choses en ces termes : "Wattley est emblématique de ces types manipulateurs qui sévissent dans l'ombre et qui retournent leur veste en permanence, travaillant pour la gauche ou la droite et pour quiconque est prêt à les payer. Ce sont, en quelque sorte, des tueurs à gage, mais plutôt que de liquider des gens, ils s'en prennent à leur caractère."
Malgré leurs parcours similaires (ils sont tous les deux passés par la célèbre émission du "Saturday Night Live"), et leurs partenaires réguliers communs (Steve Carell, Ben Stiller, Vince Vaughn), Moi, député marque la première rencontre dans un long métrage des acteurs Will Ferrell et Zach Galifianakis. La série de ce dernier, "Between Two Ferns with Zach Galifianakis", avait néanmoins déjà été témoin d'une opposition entre les deux humoristes, qui n'ont manifestement pas perdu une seule occasion de s'amuser sur le tournage de la comédie politique qui les réunit ici, comme le confirme Galifianakis : "Dans certaines prises, Will m'a fait tellement rire que j'étais en larmes. Bien entendu, le but est toujours de déclencher un fou rire chez ses partenaires pour qu'ils n'aient plus du tout l'air professionnel !"
Pour leur tournée promotionnelle, les membres de l'équipe du film n'ont pas lésiné sur les moyens. Ainsi, une opération a été lancée, permettant aux spectateurs de poser leurs questions aux deux têtes d'affiche via le réseau Twitter.
Pour la promotion de leur film, les deux acteurs n'ont reculé devant rien pour faire le show. Ainsi, pour les 45 ans de Will Ferrell, Zach Galifianakis lui a offert un chèque de 5 millions de dollars... avant de lui conseiller d'attendre pour encaisser la somme !
Will Ferrell a donné de sa personne pendant le tournage puisqu'il a lui-même réalisé sa cascade lors de la scène du "grand meeting", au cours de laquelle son personnage glisse le long d'un câble pour arriver sur scène ! Pour cette séquence, la production, qui voulait un lieu spectaculaire, a posé ses caméras au State Palace Theater de la Nouvelle-Orléans, doté d'un imposant podium.
Alors que le film comporte une scène où Will Ferrell prie avec des serpents, l'équipe du film a dû faire appel à de vrais reptiles, ce qui n'a pas été de tout repos ! Outre quelques serpents factices, la production a en effet utilisé de vrais animaux (non venimeux !) afin que les comédiens puissent les manier en toute sécurité.
Le tournage de Moi, député s'est déroulé du 14 novembre 2011 au mois de février 2012, principalement à la Nouvelle-Orléans et dans sa banlieue. Pourtant, l'intrigue, elle, est censée prendre place dans la petite ville fictive de Hammond, en Caroline du Nord, état qui a été choisi en hommage aux deux têtes d'affiche Will Ferrell et Zach Galifianakis, tous deux originaires de la région.