Le Sens de l'âge est le premier film de Ludovic Virot. Le metteur en scène raconte ses premières expériences en tant que documentariste et sondeur d'âme : "Je suis allé les chercher au plus profond de leur intimité. Les interviews étaient des exercices très intenses et difficiles pour moi. Je me bousculais, je forçais une politesse convenue et inutile pour saisir une certaine vérité, la leur. En retour, je ressentais comme une reconnaissance de leur part de m’être vraiment intéressé à eux. Ma récompense était leur confiance et leur courage", confie-t-il.
Selon Ludovic Virot, seulement 15 % des plus de 80 ans seraient en situation de perte d’autonomie. Le metteur en scène voulait montrer ce que vivent les gens de plus de 80 ans à notre époque. Ne souhaitant pas donner une image négative de la vieillesse (allant de pair avec une perte d'autonomie), il a cherché à fournir un regard neuf sur des seniors en bonne santé, à la recherche de nouveaux plaisirs.
Madeleine visite le quartier chinois du 13e arrondissement de Paris où elle s'achète un pistolet intergalactique.
Frida ne croit plus pouvoir tomber amoureuse, et préfère s'occuper de ses petits-enfants.
Jacqueline prend un cours de patin à glace.
Madeleine se débarrasse de plusieurs objets pour une décoration minimaliste.
Pour donner une facture à ses images, le réalisateur s'est inspiré des haïkus (poèmes japonais) en se concentrant soit sur des détails physiques, soit à l'inverse sur des vues plus larges d'espaces environnants : "Le principe du haïku est d’évoquer un événement éphémère à l’intérieur d’un processus universel. Comme la condition humaine. Notre vieillesse est à la fois unique tout en s’inscrivant dans une finitude immuable", explique Ludovic Virot.
Pierre Le Coz, philosophe et vice-président du Comité National d’éthique, a été inspiré par le film. Il aime la franchise des personnages et a été touché par leur façon de voir le monde : "Ludovic Virot nous rappelle qu’il existe une "vérité du cœur" inaccessible aux outils statistiques de la rationalité scientifique. La raison n’a pas le monopole du savoir. La sensibilité aussi est une forme d’accès à la vérité. À ce titre, ce film représente une contribution majeure dans la perspective philosophique d’une réhabilitation de l’intelligence intuitive et globale de la vie humaine dont notre société a le plus grand besoin", explique le philosophe, nous faisant ainsi partager son point de vue quant à l'éternel débat entre les sciences dites "dures" et les sciences humaines.
Le réalisateur raconte : "Après ce film, une évidence oubliée m’est apparue. La fin de sa vie ressemble à celle que l’on s’est construite tout au long de son parcours. Mais il n’est jamais "trop tard". L’aspect positif est que nous avons une capacité d’action sur nos propres vies."