Amoral et optimiste, voilà comment Chatiliez définit son film !
La scénariste Florence Quentin nous renseigne quant aux raisons l'ayant poussée à écrire cette histoire : "Ce qui m’intéresse au cinéma, ce sont les histoires. J’essaie d’éviter des idées à la mode, sinon on aurait tous les mêmes thèmes. D’abord, j’adorais la Nouvelle-Zélande, car on y avait fait un voyage, avec Etienne, pour présenter Tatie Danielle (1989). Ce pays m’avait épaté : tout y est différent, tellement loin de nous… Et puis je suis partie de l’idée d’un type qui a refait sa vie à l’autre bout du monde. Toujours suspect, non ? Enfin, j’avais très envie de raconter des histoires de notaire. C’est fascinant cet univers, ces gens qui savent tout de nos vies, de nos secrets, de nos volontés", explique-t-elle.
Alors que la scénariste Florence Quentin apparaît en caméo dans le film de Chatiliez, le réalisateur refuse de s'adonner à un tel exercice. Pour justifier son absence "physique", il affirme : "J’apparais, de façon invisible ! Je suis toujours dans mes films, mais on ne me voit jamais."
Si, dans L'Oncle Charles, le cinéaste traite la question du sexe et de la sexualité avec une tonalité burlesque voire rocambolesque, c'est parce qu'il est très timide et n'ose pas aborder le thème sérieusement, au même titre que sa scénariste Florence Quentin.
"Je fais partie de ces hommes qui trouvent les femmes fortes et les hommes faibles", confie Etienne Chatiliez, qui a donné la part belle aux femmes dans L'Oncle Charles.
Le cinéaste se désole face à l'évolution des moeurs : il déplore que l'argent soit devenu la seule et unique valeur dont dépende notre bonheur. Dans L'Oncle Charles, il tend à mettre en lumière les travers négatifs de ce consumérisme à outrance amoindrissant les rapports humains.
Etienne Chatiliez tourne en dérision le sens de la famille dans L'Oncle Charles, comme dans bon nombre de ses précédents films. Pour lui : "La famille, c’est la pire et la meilleure des choses. On passe sa vie à se remettre de notre éducation… pour finir par reproduire les erreurs de nos parents !". C'est de ce paradoxe qu'il aime se moquer à travers ses films.
L'argent est un problème récurrent dans les films d'Etienne Chatiliez. En effet, le metteur en scène aborde souvent cette question dans ses fictions car il est lui-même concerné par les tensions que la richesse et la pauvreté peuvent engendrer parmi les peuples : "Je viens du Nord de la France, un endroit industriel où les riches et les pauvres étaient voisins, et leurs enfants dans les mêmes écoles", explique-t-il. Voir cohabiter ces deux mondes dans la réalité lui a donné l'idée de les faire se rencontrer au cinéma !
Conformément aux déclarations de Chatiliez lui-même, L'Oncle Charles reprend des thèmes de prédilection qui lui ont toujours été chers : la fille mère, l’argent, son manque qui ne provoque pas forcément le malheur, les petits mensonges, ou encore la supercherie.
Dans L'Oncle Charles, comme dans beaucoup de films de Chatiliez, il est question d'époque. Ainsi, le réalisateur a voulu faire s'opposer deux personnages qui incarneraient chacun une vision différente de la société actuelle : d'un côté, le personnage d’Alexandra Lamy nage à contre-courant, ne cherchant pas la célébrité ni la richesse à tout prix, tandis que de l'autre, celui de Valérie Bonneton s'inscrit plus dans l'air du temps, parce qu'il cherche à accomplir ses rêves de réussite.
Etienne Chatiliez déclare avoir éprouvé une grande joie à l'idée de collaborer à nouveau avec Florence Quentin, la scénariste de ses premiers succès (Tatie Danielle, La Vie est un long fleuve tranquille, Le Bonheur est dans le pré). Il s'amuse de leurs retrouvailles : "On avait envie de se retrouver après des expériences chacun de notre côté. Résultat : on a remis le couvert ! Comme un vieux couple !". Florence Quentin confirme les propos du cinéaste en affirmant : "Avec Etienne, nous sommes un couple : j’écris, il réalise !"
Après avoir déjà travaillé avec Eddy Mitchell sur Le Bonheur est dans le pré, Etienne Chatiliez commence à connaître son acteur. C'est donc tout naturellement qu'il a pensé à lui pour incarner le personnage de L'Oncle Charles. Il déclare : "Je savais qu’Eddy Mitchell pourrait jouer à merveille ce personnage, absolument pas cérébral. (...) Il dégage quelque chose d’instinctif, d’impulsif, plutôt que de cérébral."
Avec le titre de son dernier film, L'Oncle Charles, Etienne Chatiliez a voulu rendre un double hommage : "Oncle" en guise de clin d’œil à Tatie Danielle, mais aussi "Charles" pour Charles Gassot, producteur de ses six premiers films.