"Le monde de Nathan", mine de rien, a un impact bien plus important que tout ce qu'on aurait pu imaginer, et ceci malgré la bonne disposition évidente sur ce type de réalisation !
La force de ce film tient sans doute à l'absence d'artifices en tous genres, tels ces bons sentiments ou ce pathos mièvre que le réalisateur Morgan Matthews a su éviter avec beaucoup de tact et de pertinence...
Le réalisme des difficultés que traverse Nathan au quotidien, est tellement criant, montré avec un naturel franc et une sincérité pure que l'on est troublé, dérangé et en même temps curieux de découvrir le fonctionnement de cet être si différent !
Et pour ce faire, quel acteur ce Asa Butterfield, dont le jeu est tellement puissant qu'on en oublie l'aspect fictionnel de ce film, même si pourtant un scénario construit se dégage évidemment comme support à l'histoire.
On entre ainsi dans sa fragilité, dans la complexité de son ressenti si particulier, où tout est quantifié et analysé, l'affectif et les émotions n'ayant presque pas leur place, sans pouvoir communiquer librement avec autrui, même avec ses proches !
De plus, le parallèle entre son aspect associal et son don pour les mathématiques est passionnant, car il prend tout son sens, comme si en tant que spectateur tout semblait s'expliquer avec la plus grande logique !
Logique mathématique devenant sa seule raison d'ordonner sa vie, où le moindre petit détail a un rapport très étroit avec la numération !
Impressionnant à ce niveau...
Un esprit calculateur pur et dur, implacable où l'empathie et donc à fortiori l'amour, n'ont pas leur place.
Pour épauler Nathan et mettre en relief son monde intérieur très perturbé, le cercle de personnages qui l'entourent, est également d'une justesse et d'une sobriété exemplaire, en particulier cette mère aimante incarnée brillamment par Sally Hawkins, résignée et pourtant battante, infatigable et pourtant épuisée !
Les rapports qu'entretient Nathan avec les autres élèves à travers la préparation aux olympiades des maths sont source de moments divers, tous illustrant précisément et encore plus son raisonnement intérieur !
Le rapprochement qui se précise avec la jeune Zhang Mei apporte une lumière, un bien être au film où le premier sourire de Nathan à l'écran sera ainsi bouleversant !
La fin très belle, là encore est dénuée de tout larmoiement inutile mais laisse à croire en un avenir libérateur et une grande touche d'espoir...
Un film dont la portée philosophique et psychologique a toute son importance, qui enrichit énormément et retourne à la fois !