Le film Dans la maison est librement adapté de la pièce espagnole de Juan Mayorga, intitulée Le Garçon du dernier rang. A ce sujet, le cinéaste François Ozon déclare : "Dès que j’ai lu la pièce, j’ai senti ce potentiel de pouvoir parler indirectement de mon travail, du cinéma, d’où vient l’inspiration, de ce qu’est un créateur, un spectateur". Selon lui, cette œuvre littéraire présentait également un intérêt tout particulier dans la mesure où son auteur opérait dans son récit un basculement du point de vue prof/élève tout en alternant entre réalité et fiction. Cependant, Ozon a choisi de modifier le titre qui, d'après lui, se focalisait trop sur une seule problématique.
En choisissant d'adapter une pièce de théâtre au cinéma, François Ozon s'est retrouvé en butte à quelques difficultés : il a ainsi élagué les dialogues pour les rendre plus naturels et a fait en sorte d'ancrer son récit dans une réalité spatio-temporelle qui n'existait pas dans l’œuvre de départ. Par ailleurs, le récit, qui prend place en milieu scolaire, décrit l'enseignement comme une profession ingrate où tous les élèves seraient devenus des moutons. Pour illustrer cette idée, le réalisateur a d'abord pensé tourner son film au Royaume-Uni, où les élèves portent des uniformes, mais cela nécessitait trop de temps et entraînait bon nombre de complications, ce qui a finalement poussé le cinéaste à situer son action dans un lycée pilote, qui expérimente le retour à l'uniforme en France.
Alors que François Ozon a parfois été tenté de faire virer son film au thriller ou au drame policier, il a finalement préféré laisser la place à la normalité dans son récit. Il déclare même s'être lancé le défi "de rendre passionnante cette normalité". Pour ce faire, il a construit son scénario de telle sorte que le spectateur y participe à sa façon tout en opérant un travail d'ellipse sur le montage, censé renforcer l'impression de flou entre le réel et la fiction. Il affirme : "L’idée était de rendre extraordinaires ces choses banales par la manière de les raconter et de les filmer, de faire monter la tension par la mise en scène (...), de jouer sur la confusion entre le réel et la fiction."
Pour faire surgir son personnage de fiction dans la réalité du film, François Ozon a utilisé un procédé initié par Ingmar Bergman dans Les Fraises sauvages et repris par Woody Allen dans ses films. Quant au thème de la manipulation, largement exploité dans Dans la maison, il est développé à la manière de Pasolini dans Théorème.
Le film, qui traite de l'enseignement et de l’Éducation nationale, se penche sur un sujet qui n'est pas étranger à François Ozon, bien au contraire : ses parents étaient tous les deux professeurs, ce qui amène le cinéaste à déclarer : "Je connais la corvée des corrections de copies le week-end, les élèves préférés, les tensions avec la direction… Je maîtrisais le sujet, je savais comment parler des états d’âme des professeurs, de leurs déprimes, des consignes parfois aberrantes de l’Éducation nationale, comme la correction au stylo rouge parce qu’elle serait anxiogène pour l'élève."
Alors que Fabrice Luchini et François Ozon avaient déjà travaillé ensemble sur Potiche, les deux hommes se sont ici retrouvés dans un climat de confiance mutuelle. Cela a même poussé le comédien à s'investir dans son personnage au point de partir dans des numéros d'improvisation que le cinéaste ne pouvait manifestement pas toujours freiner : "Dans certaines séquences, [Fabrice] aimait tellement son personnage et le comprenait si intimement qu’il rajoutait des phrases, je ne pouvais plus l’arrêter", se rappelle le réalisateur, qui a tout de même empêché l'acteur de trop "mettre son grain de sel."
Fabrice Luchini n'aime pas lire les scénarios, raison pour laquelle il laisse sa fille s'en charger à sa place. Cependant, pour Dans la maison, le comédien a bien voulu faire une exception ! Autre particularité, malgré ses nombreuses années d'expérience, ce n'est que récemment que l'acteur déclare avoir trouvé LA méthode de jeu idéale : "Depuis quelques années, j’ai trouvé une méthode extraordinaire : je suis totalement obéissant. (...) Dans mon métier je suis absolument abruti.". Sage décision, puisque François Ozon a pu exiger de son acteur un peu de modération, comme le dit Luchini lui-même : "François Ozon veillait à tempérer mes leçons de littérature, elles étaient très écrites. Il était obsédé que ça ne fasse pas du Fabrice Luchini !"
Pas étonnant que Denis Ménochet se soit fait remarquer par l'Américain Quentin Tarantino : selon François Ozon, l'acteur serait adepte de la Méthode ! Comme il l'explique, "Denis a un côté très Actor’s studio, (...) il est arrivé avec un bagage très important sur le tournage". Cette approche a sans doute dû contraster avec celle d'Emmanuelle Seigner, qui n'a pas peur de déclarer : "Moi, je ne construis jamais rien, je fais ce qu’on me dit. Je ne suis pas quelqu’un qui travaille ses rôles. Je ne devrais pas dire ça mais c’est vrai. Je me laisse faire par le metteur en scène, j’attends de voir ce qu’il veut."
La comédienne Emmanuelle Seigner fait elle aussi partie du casting de Dans la maison. Pour l'occasion, François Ozon, qui avait déjà participé à un projet avec elle, a tenu à lui confier un rôle de femme naïve et "sans une once de perversité", ce qui contraste avec le type de personnages que l'actrice a l'habitude d'incarner. Selon les propres dires de la comédienne : "C’est rigolo de jouer quelqu’un qui n’est pas du tout vous (...). C'est sans doute l’un des rôles qui m’a le plus amusée dans toute ma carrière."
François Ozon semble apprécier les actrices anglaises : la preuve, après avoir collaboré avec Charlotte Rampling, c'est à Kristin Scott Thomas qu'il a offert un rôle dans son nouveau film. Pour l'occasion, il lui a demandé de conserver son accent anglais, alors que la comédienne sait parfaitement parler français.
Selon Kristin Scott Thomas, Dans la maison aborde également le thème du voyeurisme, de plus en plus prégnant dans notre société : "[Mon personnage] est dans une attitude très voyeuriste envers la famille Rapha. Son attitude est très actuelle, on a tous une grande curiosité vis-à-vis de la vie des autres, il n’y a qu’à voir le succès de la presse people", déclare l'actrice.
Alors que la plupart des cinéastes ne s'embarrassent pas des contingences techniques, François Ozon, lui, a la particularité de cadrer lui-même l'image, ce qui a dérouté Kristin Scott Thomas au premier abord ! En dehors de ça, le réalisateur dirige ses acteurs d'une main de maître, comme le confirme la comédienne : "Il sait le geste que vous devez faire au millimètre près. Sa précision me fait un peu penser à celle de Polanski. François a un côté très pragmatique, il est aussi très à cheval sur le texte."
Non sans humour, Kristin Scott Thomas revient sur la façon dont s'est déroulé le tournage de Dans la maison : à son arrivée, presque toutes les scènes étaient déjà tournées, il ne restait que les siennes à filmer ! Une drôle d'impression, que la comédienne commente en ces termes : "Il ne restait plus que mes scènes, ils m’attendaient, un peu comme le Messie ! Ce n’est pas facile de se mettre dans l’ambiance en cours de route."
Même si, dans le film, le personnage de l'adolescent est censé n'avoir que 16 ans, François Ozon a jeté son dévolu sur Ernst Umhauer, un acteur de 21 ans, car selon lui, les comédiens plus jeunes n'avaient pas la maturité suffisante pour jouer le rôle.
Le jeune Ernst Umhauer, qui déclare avoir été immergé dans un tournage très "speed", s'est également adonné à l'exercice de la voix off, (toujours sous l’œil attentif de François Ozon), puisqu'il est à la fois l'acteur et le narrateur de l'histoire.