Ceci n’est pas un film est présenté en Sélection officielle du Festival de Cannes 2011, en Séance spéciale. Le réalisateur avait également été convié sur la Croisette l'année précédente, en tant que membre du jury, mais n'avait pu s'y rendre en raison des pressions exercées par le régime iranien.
Par un curieux hasard du calendrier canois, Ceci n'est pas un film fut présenté juste après Pater d'Alain Cavalier. Si les deux films sont formellement similaires (auto-mise en scène dans un huit clos), ils sont motivés par des causes strictement inverses : l'un a adopté cette forme par choix, l'autre, par nécessité.
C'est dans un contexte tout à fait particulier que le film fut présenté sur la Croisette. En effet, à l'instar de Mohammad Rasoulof et son film Au revoir, Jafar Panahi a fait l'objet d'une condamnation dans son pays d'origine, l'Iran, en raison du thème abordé par le long-métrage, à savoir les manifestations ayant fait suite à la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, en juin 2009. Le cinéaste a été infligé d'une interdiction de quitter le pays et d'exercer son métier, son film fut par conséquent tourné en résidence surveillée, et passé sous le manteau jusqu'aux marches de Cannes pour être projeté au moyen d'une dérisoire clé USB.
Ce film fait preuve d'un grand sens de la dénonciation, mais également d'un certain sens de l'humour. En effet, quoi de mieux, pour dénoncer les menaces pesant sur la réalisation des films iraniens, que de filmer cette interdiction ? Ainsi, à l'opposé d'un making-of traditionnel, le cinéaste filme le rien quotidien auquel sont cantonnés les réalisateurs dans ce pays. Néanmoins, ces petits riens de tous les jours deviennent objets de contestation dès lors qu'ils sont soumis à l'objectif d'une caméra, et c'est précisément ce qu'entend montrer Jafar Panahi. Ce film qui n'a pas le droit d'exister est donc, comme l'indique la négation de son titre, un documentaire en négatif sur la maison qu'il ne peut quitter, le scénario qu'il ne peut réaliser, etc.