Rue des cités est le premier long métrage de Hakim Zouhani et de Carine May. Néanmoins, cette dernière avait déjà réalisé un documentaire, Ma Langue au chat, dans lequel elle filmait des enfants d’une classe de maternelle à La Courneuve.
C’est en voyant une émission sur France 2 en janvier 2004 au sujet d’Aubervilliers que les réalisateurs ont eu l’idée de Rue des cités. Considérant le reportage comme "bidonné", leur film est pour eux un "droit de réponse" : "On reconnaissait tout, les rues, les immeubles, les voisins… sauf Aubervilliers. Une ville que l’on connait puisqu’on y a grandi. Les habitants avaient été choqués, et blessés. Un vrai tollé. On s’était toujours dit, à l’époque, qu’on ferait un film sur notre ville, cette fois, avec authenticité et justesse. Nous étions lassés par ces fausses représentations…."
Alors que l’étalonnage du film n’était même pas encore fini, il a été sélectionné à Cannes avec l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion). Plus de trente membres de l’équipe sont partis sur la Croisette en mai 2011 pour assister à la toute première projection de Rue des cités. Une « véritable consécration » selon les réalisateurs.
Michel Gondry, alors président du Jury des courts métrages et de la Cinéfondation à Cannes, a fait la surprise d’intervenir après la projection de Rue des cités pour féliciter Carine May et Hakim Zouhani : "J’ai pris une grande claque… Je me fais tout petit", s’est exclamé le réalisateur de The We and the I, autre film tourné dans un quartier défavorisé, cette fois celui du Bronx (New York).
Tous les jeunes apparaissant dans Rue des cités font leurs débuts au cinéma. Hakim Zouhani, animateur socio-culturel pendant plusieurs années, en connaissait certains, dont Tarek Aggoun. Le réalisateur révèle avoir écrit, avec sa partenaire Carine May, des rôles spécialement pour eux, sachant qu’ils "allaient s’approprier le texte". Puis est venu le temps des répétitions qui "ont permis de leur laisser un champs assez libre, les comédiens ont pu proposer des choses, qui ont été acceptées, ou pas."
Le film s’ouvre sur Hocine Ben, seul face caméra, qui interprète le slam "Au Bercail". Egalement originaire d’Aubervilliers, l’artiste est un ami d’enfance de Hakim Zouhani et de Carine May. Rue des cités n’est pas le premier projet cinématographique auquel il participe : il a joué le rôle d’un policier intègre dans Rengaine de Rachid Djaïdani, également présenté à Cannes en 2011.
Les réalisateurs ont choisi un format original puisque en plus d’être en noir et blanc, Rue des cités est une fiction dans laquelle des témoignages d’habitants d’Aubervilliers sont intégrés : "Multiplier les prismes, entre archives, témoignages documentaires, fiction, faux film et reportage télé, c’est aussi montrer tous ces point de vue différents, avec un lien suffisamment fort sur la totalité marqué par le noir et blanc", explique Carine May.