Pour trouver la matière nécessaire au film, le scénariste Greg Latter s'est plongé dans la lecture des carnets personnels de l'un des amants d'Ingrid Jonker, l'écrivain Jack Cope. Ces écrits ont joué un rôle déterminant dans l'élaboration du scénario, comme le confie Latter : "Même si j'avais pu interviewer Ingrid en personne, je n'aurais pas pu avoir de meilleur aperçu d'elle."
Entre la tonalité dramatique et la reconstitution historique, la réalisatrice Paula Van der Oest a fait un choix, qu'elle justifie : "Nous avons décidé, avec mon directeur de la photo Giulio Biccari, et mon directeur artistique, de faire un film moderne. Les tonalités des costumes ne sont pas chatoyantes, par exemple, car nous souhaitions nous concentrer surtout sur les personnages et leurs interprètes. Il s'agissait avant tout de pénétrer dans la psyché d'Ingrid."
Carice Van Houten est une habituée des rôles dramatiques forts. Après avoir joué Nina von Stauffenberg aux côtés de Tom Cruise dans Walkyrie et surtout Rachel Stein dans Black Book (le film de Paul Verhoeven, qui a marqué le début de sa carrière internationale), on la retrouve dans la peau de la poète Ingrid Jonker. De quelle manière l'actrice s'est-elle préparée à ce nouveau défi ? Réponse : "Je ne crois pas qu'on puisse entrer dans un personnage. Je crois plutôt au fait qu'un personnage s'immisce en vous. Il faut savoir être réceptif. Fondamentalement, je reste moi-même, quelle que soit le rôle que j'interprète."
Alors que son camarade de jeu Rutger Hauer décrit la réalisatrice comme "toujours prête", peaufinant son rôle "pendant des jours", Paula Van der Oest ne tarit pas non plus d'éloges sur la comédienne interprétant Ingrid Jonker : "Carice essaie de nouvelles choses à chaque prise. De fait, elle offre une incroyable palette de moments extrêmement brillants, qu'elle est en mesure d'analyser de surcroît."
Ingrid Jonker est née en Afrique du Sud en 1933. Très tôt, elle développe une passion pour la lecture et l’écriture, et publie son premier recueil de poésie (La Fuite). Fille du Ministre de la Censure, elle est constamment rejetée par son père, qui ne peut tolérer son engagement politique : elle est en effet opposée au régime de l’Apartheid. De santé mentale fragile et victime d'histoires d'amour tumultueuses, elle se suicide en 1965.
"Elle était à la fois poète et sud-africaine. Alors que le désespoir régnait, elle a célébré l’espérance. Face à la mort, elle a clamé la beauté de la vie. Son nom est Ingrid Jonker" : par ces mots, Nelson Mandela a rendu hommage à la poète, lors de son discours d’investiture devant le parlement sud-africain en 1994. Il a également lu l'un de ses poèmes, L’Enfant n’est pas mort.
C'est après avoir visionné des extraits du discours de Nelson Mandela citant Ingrid Jonker, et découvert un documentaire consacré à l'artiste, que le producteur Arry Voorsmit s'est mis en quête de monter un film évoquant sa vie.
L'écriture du film Ingrid Jonker a été confiée à Greg Latter, un scénariste sud-africain connu pour son travail sur Goodbye Bafana, un long métrage revenant sur la vie de Nelson Mandela lorsqu'il était en prison.
Afin de préparer son rôle, l’actrice Carice Van Houten a d’abord lu tous les poèmes écrits par Ingrid Jonker ainsi que les essais sur sa vie. Elle a aussi rencontré plusieurs personnes proches de la poète, dont sa fille.
L'actrice Carice Van Houten, qui joue le rôle d'Ingrid Jonker, a reçu un prix pour son interprétation, lors du Festival du film de TriBeCa.