Beauty a été sélectionné en compétition officielle du festival de Cannes 2011, dans la section "Un Certain Regard". C'était la première fois qu'un film en Afrikaans recevait les honneurs de ce festival. Il est finalement reparti avec la Queer Palm, la deuxième depuis la création de ce prix récompensant les films aux thématiques LGBT. Le producteur Didier Costet est d'ailleurs un habitué de la Croisette, qu'il avait déjà eu l'occasion de visiter en 2008 avec Serbis (de Brillante Mendoza) et en 2009 avec Kinatay (id.), qui avait reçu le Prix de la Mise en scène.
Le personnage de François est l'incarnation même de la minorité, et pas seulement pour des raisons sexuelles. En effet, sa couleur de peau, sa ville, son pays et la langue qu'il parle, concourent à l'isoler de la majorité. Dans l'Afrique du Sud post-Apartheid, François, blanc parlant l'Afrikaans et résidant dans la capitale bâtie par les colons, représente l'ennemi. Le mal-être et l'isolement du personnage principal se joue donc à deux échelles : celle de l'Histoire et de la société, et celle de la sexualité et de l'intime.
La vue et le regard possèdent une importance cruciale dans le film. En effet, François est présenté comme un voyeur, un homme qui aime observer ses semblables sans pouvoir être observé en retour car gardant ses émotions et pensées pour lui. Aussi le réalisateur a-t-il choisi de le filmer de manière subjective, afin de donner aux spectateurs l'impression de voir les choses "comme s’il était François". Le cinéaste souhaite ainsi que ces derniers pensent et réagissent comme le protagoniste, et donc comprennent certaines de ses actions.
Oliver Hermanus dit également avoir voulu que son film soit un reflet fidèle de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui. Il présente donc "les standards du conservatisme, qui sont toujours très présents et qui masquent à peine une idéologie raciste dépassée ; le surprenant milieu underground cosmopolite et sexué du Cap ; et surtout, un commentaire sur la Beauté."
A l'origine du projet se trouve le concept même de la beauté : le réalisateur déclare en effet que c'est sur ce dernier qu'il s'est appuyé pour construire le personnage de François, et que son objectif premier était de montrer "le danger de la beauté qui est présente en chacun d'entre nous." Ainsi, si le personnage de François montre le pouvoir d'attraction de la beauté, celui de Christian illustre la liberté et le pouvoir dont jouissent ceux qui la possèdent.
Une autre question fondamentale soulevée par le film est celle de l'attraction exercée par la jeunesse et la beauté, notamment sur les personnes plus âgées. Ce pouvoir, aux dires d'Oliver Hermanus, n'est dû qu'à l'action de la société, qui valorise les personnes jeunes et jolies au détriment des autres. Ainsi, en mettant en relation un personnage d'âge mûr (François) avec un jeune homme au sortir de l'adolescence (Christian), le réalisateur interroge la part de jeunesse qui réside en nous : "Nous nous retrouvons tous dans des situations dans lesquelles nous nous comportons comme des adolescents. Ces émotions de jeunesse ne meurent pas, elles sont juste dissimulées par l'âge. [...] Jeunesse et beauté sont dangereux. Il est idiot de leur conférer une telle valeur alors qu'ils ne durent pas", explique le cinéaste.