Travailler fatigue est le premier long métrage réalisé par le duo Juliana Rojas/Marco Dutra. Le couple n'a d'ailleurs pas qu'une seule corde à son arc puisqu'ils assurent également l'écriture et le montage d'un certain nombre de courts métrages. Ils sont en outre membres de "Filmes do Caixote", un groupe de jeunes de São Paulo et Rio de Janeiro produisant leurs films collectivement.
Travailler fatigue a fait partie de la sélection Un certain Regard au Festival de Cannes 2011. Les réalisateurs Juliana Rojas et Marco Dutra sont des habitués des festivals. En 2005, leur court-métrage O Lençol Branco avait lui aussi été sélectionné à Cannes, dans la sélection Cinéfondation. Même chose pour leur second court-métrage, Um Ramo, nommé à la semaine de la critique en 2007. Parmi leurs nombreuses récompenses, on compte également le Prix Kodak de la Découverte du Meilleur court-métrage.
Les réalisations de Juliana Rojas et de Marco Dutra ont souvent été comparées au travail des cinéastes Alfred Hitchcock et David Cronenberg par le passé. Dans Travailler fatigue, il est d'ailleurs possible de déceler quelques références aux films horrifiques de George A. Romero, John Carpenter, M. Night Shyamalan, Wes Craven, Roman Polanski ou encore David Cronenberg.
Depuis leur premier projet en duo, Juliana Rojas et Marco Dutra cherchent à instaurer un dialogue entre le cinéma d'horreur et le cinéma fantastique. Des formes d'expression qui ont accompagné leur enfance et qui ne sont que trop peu explorées par le cinéma brésilien. Les deux cinéastes font un usage bien particulier de ces genres, ces derniers leur permettant de mettre en lumière des sujets plus complexes. Dans Travailler fatigue, l'histoire raconte à quel point le travail - ou l'absence de travail - peut affecter les relations familiales ou personnelles. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le récit ne prend pas ses racines dans le surnaturel mais dans la vie quotidienne et l'univers domestique des personnages.
Travailler fatigue fait suite à une collaboration de plus de 10 ans entre les cinéastes Juliana Rojas et Marco Dutra. Le duo s'est rencontré en école de cinéma. Déjà à ce moment, leur approche contenait des éléments d'épouvante. Le couple n'a, depuis, eu de cesse de développer cette dimension pour en tirer un long métrage. Dix années de travail en commun ont renforcé leur capacité à comprendre les souhaits de chacun, et à les faire coïncider dans un film : "C’est très agréable de pouvoir partager nos doutes et nos désirs lors du tournage. Le résultat est que nos films ne représentent pas chacune de nos voix, mais notre collaboration, et c’est très enrichissant", confie-le duo.
Plutôt que de simplement mettre en application les clichés du cinéma d'horreur dans leur film, Juliana Rojas et Marco Dutra ont préféré utiliser les conventions du genre de façon à ce qu'elles aient un sens par rapport à l'histoire racontée. Résultat : un film qui dérange non seulement dans son approche de la vie d'une famille de classe moyenne en crise, mais également par l'ambiance morbide qui environne les personnages. C'est par exemple dans les éléments de suspense que la dépression d'Helena prend tout son sens. Il y a en outre quelque chose d'effrayant dans la vie quotidienne de chacun des personnages, dans leurs angoisses et leurs désirs.
Les tournages à quatre mains du duo de réalisateurs Juliana Rojas et Marco Dutra ressemblent un peu à la mise en place d'un projet entre amis. Le couple a décidé de ne pas se répartir les différentes tâches, et ce dès la pré-production. Les deux cinéastes restent ainsi tous deux en contact avec l'ensemble de l'équipe et des acteurs, parmi lesquels ils comptent de nombreux amis et collaborateurs de longue date (issus de leur collectif, Filmes do Caixote).
Derrière un sujet somme toute relativement anodin, se cache en réalité une histoire forte sur l'importance du travail et sur la pression du pouvoir économique au Brésil. Lorsque l'on prend en compte le fait qu'il s'agisse de l'un des pays doté de la plus forte croissance au monde, on comprend mieux la décision soudaine d'Helena de monter sa propre affaire. Celle-ci entretient d'ailleurs une relation hiérarchique avec Paula, son employée de maison : le pouvoir est ainsi présent partout. Les cinéastes ont souhaité montrer que les thèmes de l'entrepreneuriat, du chômage et des femmes qui prennent la place du chef de famille sont devenus très communs au Brésil.