Après les tièdes et pales Macbeth et Assassin's Creed ( surtout celui-là ! ) c'est vers le tout premier film de son réalisateur que mes horizons se tourne cette fois-ci. Résultat, Justin Kurzel manque certainement d'adresse et d'habileté, toutefois il se défend et démontre un certain " savoir-faire " dans la continuité de l'histoire qu'il porte. La captation de la Violence et de son héritage vue au travers d'une dénonciation en banalisation à toutefois quelques largesses ... J'y reviendrai plus tard.
Tout de suite, c'est bien sur ses prémices que j'ai buté. Cahoteux, faussement implicite puis faussement explicite, Kurzel gratte à tous les râteliers et perd de sa substance d'entrée. Il se rattrape au fur et à mesure, il retombe à chaque fois mais réhausse ses pertes sur ses bonnes idées. Là-dessus, plutôt que de lui en faire le reproche c'est bien sur ses qualités à ne pas baissé le pavillon que je lui trouve un petit quelque chose. Quelques plans par exemple sont très judicieux et font oublier l'étalage grossier de certains autres ... Du coté de la photographie je déteste ce terme mais c'est cependant celui qui me viens là de suite, ses objectifs misérabilistes sont un peu cynique. Il y'a du " vrai ", que l'on soit bien d'accord, on tourne toutefois à une sorte de démonstration. Le guindé sur commande me sort un peu des yeux !
Après avoir amoché ses aspirations artistiques je suis en revanche volontiers la démarche et sa continuité. Le film tiens le contrôle de son histoire, développe son intrigue sur une base solide, situe ses ambitions et les portent sans trop ramassé de miettes. Hormis sur son début - comme je l'ai déjà mentionné - et sur son écran noir final qui nous en dit trop. Encore une fois cette manie du geste de trop pèse. On regrette forcement cela tant il y'a une réelle question de posé, une analyse forte sur ces gens en vrac, détruit par eux mêmes et par leurs invisibilité pour les autres ... Le regard sur la cruauté transmis tel une passation ne laisse aucun doutes. L'addition de scène chocs, barbares ne se regarde pas le nombril et transpire de son sujet. Je ne l'ai pas tout de suite reconnu, j'ai même pensé son contraire mais j'avais tort.
Le constat s'applique aux comédiens. Sur un premier coup d'œil, les lacunes sont sans équivoques, mais rien à cirer de ce trop plein en fin de compte. Le sous-texte n'est qui plus est pas vraiment subtil, choix bénéfique car sans trop de nuances superflus. Non, là le corp parle. C'est les larmes de Jamie dans cette bagnole qui m'on fait comprendre qu'importe l'étendu du texte, on ressent et on prend cet effroi pour ce qu'il en est.
Justin Kurzel n'est donc pas le réalisateur le plus talentueux qui soit je l'avais bien compris avant de voir son premier film Sans nier les réussites de Macbeth c'est bien vers sa chute et son manque de crédit que je me suis arrêté, chose inverse ici. Une besogne qui à défaut d'audace tire à tout va, en fait trop, joue pour beaucoup avec des attentes convenus mais que j'approuve par instant. Quand à son horreur, elle répudie, alors pourquoi la lui reprocher ? Certainement car elle fait écho avec une époque qui ne souhaite plus rien entendre et voir que ce qui l'arrange ... Polémique et indignation de circonstance sont évidemment de pair avec le voyeurisme, Snowtown nous épargne cette décharge.
Je crois que me voilà un peu rabiboché avec ce réalisateur !