Cette production franco-suédoise a été sélectionnée et primée dans plusieurs festivals de cinéma, notamment ceux portant un intérêt particulier aux questions environnementales et ethnographiques. Jon face aux vents a remporté, entre autres, le Grand Prix du Jury au Festival International des Films sur la Ruralité 2011 et une mention spéciale au Festival International du Film de Montagne 2010. De plus, il a intégré la sélection du Festival du Film Ethnographique Jean Rouch 2011 et le Doc Ouest 2011.
A travers le parcours de Jon, le spectateur peut avoir une idée de la vie quotidienne d'un Sami, peuple fort méconnu qui occupe le nord de la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Il s'agit essentiellement de chasseurs et de pêcheurs très soudés par leur langue commune, le Sami, et par leurs traditions. Avec les transformations économiques, les Samis se sont reconvertis en éleveurs, tout en développant parallèlement un deuxième métier, comme celui de journaliste, enseignant ou professionnel du tourisme.
Le réalisateur Corto Fajal tenait à montrer une réalité différente de la nôtre, mais très loin des clichés souvent associés aux peuples nomades du nord. Bien sûr, lorsque Fajal demande à Jon s'il voudrait avoir un terrain à lui, celui-ci a l'air plutôt surpris : "Pour quoi faire (en montrant la montagne) ? Chez moi, c’est tout ça, et ça m’occupe déjà beaucoup…". Cependant, le protagoniste de ce documentaire a une vision très claire de la rentabilité et de l'argent, un vrai sens du "business" : "Son style de vie ne relève pas du folklore", précise le réalisateur.
Assistant réalisateur et documentariste spécialisé dans les images de sport et d'aventure, Corto Fajal voit dans le cinéma un "moyen de vivre des expériences extraordinaires". Ainsi, il a choisi de partager le quotidien de Jon et des autres Samis pendant quatre ans. Fajal avoue qu'il ne s'intéressait pas seulement à la conclusion de son film, mais surtout au processus nécessaire pour y parvenir.
Après l'accord de Jon Tomas Utsi pour la réalisation d'un documentaire sur sa vie, Corto Fajal avait besoin de trouver sur place un co-producteur, quelqu'un qui puisse servir d'intermédiaire entre le cinéaste et le peuple Sami. C'est John Erling Utsi, un Sami de 60 ans, qui a cru à la sincérité du film et qui a même contribué financièrement à la production. D'après lui, Fajal n'est pas "comme tout ceux qui viennent nous voir, des chasseurs d'exotisme".
En phase de finalisation de Jon face aux vents, Corto Fajal a eu la bonne surprise de découvrir l'intérêt de la chanteuse Sofia Jannok pour le film. La musicienne Sami, très connue en Scandinavie, a accepté de composer et d'interpréter une chanson spécialement conçue pour la bande sonore du film.
L'affiche de Jon face aux vents est accompagnée d'un sous-titre, en forme de question provocatrice : "Les derniers nomades d'Europe seront-ils nos premiers réfugiés climatiques ?". Cette interrogation fait référence à un accident que le réalisateur a pu enregistrer, quand la surface d'un lac congelé s'est brisée et qu'une dizaine de rennes se sont noyés. Bien que Corto Fajal ne puisse pas attribuer la faute de l'accident exclusivement au réchauffement climatique, il est persuadé que le phénomène en est au moins partiellement responsable.
Le réalisateur de Jon face aux vents, Corto Fajal, s'est fait remarquer grâce à un moyen-métrage très apprécié, centré sur les rapports amoureux et affectifs des handicapés, intitulé La Vie sexuelle de peter pan (2007).