Avec De l’autre côté du periph Charhon signe peut-être son meilleur film, ce qui cela dit n’est pas très dur non plus ! Il trouve ici une recette plutôt appréciable pour un buddy movie, au contraire de son Le Dernier mercenaire qui essayait vaguement de lorgner vers la comédie d’espionnage sans jamais trouver le bon dosage entre l’humour (balourd) et l’action (trop faible). Ici, l’humour est dominant, mais il est globalement pas trop lourd et appuyé. Ok, certains passages sont un peu « franchouillards » et le film a tendance à jouer un peu trop sur les ficelles attendues (policier bourgeois vs le policier de la banlieue) qui ne sont guère originales et finissent même parfois par être un peu agaçante pour leur côté « militant bas de gamme ». Cela dit, le film évite la plupart des écueils, notamment celui d’étaler les blagues outre mesure, et il profite bien, en cela, de son casting réussi. Omar Sy est à sa place. Ce n’est pas vraiment un bon acteur, et il n’est à l’aise que dans le registre comique léger comme ici, où son naturel parvient à prendre le dessus et à le rendre crédible et même drôle. Cela étant, Laurent Lafitte est meilleur et temporise souvent le surjeu qui pointe chez son acolyte. Le duo fonctionne bien, les personnages ne sombrent pas grossièrement dans le cliché, c’est un vrai buddy movie avec des héros complices malgré leurs différences et ça transparaît à l’écran. Le film cite d’ailleurs ouvertement ses références, entre autres Le Flic de Beverly Hills, et honnêtement, cet épisode n’est en soi ni pire ni meilleur que l’épisode 3 ou 4 de cette saga !
Le rythme est bon, les touches d’action sont bien fichues, évitant notamment la surenchère à coup de fx pourris. Le film joue plutôt la carte de la simplicité et du réalisme, et je pense que c’était le bon choix. Charhon arrive même à donner à ses décors une patine intéressante. Il y a un côté un peu « américain » dans sa manière de filmer la banlieue, un peu comme les bas quartiers de New York, avec des prises de vues sous les ponts autoroutiers, les poubelles, les petits commerces… Il évite le cliché « dealer dans le sofa en bas de l’immeuble » ou « grosse audi tunnée ». Il en joue parfois, mais le cadre a été pensé. A noter aussi, côté action, que le film se veut assez violent, un peu glauque, qu’il assume d’être une comédie mais d’action, avec ce que cela peut impliquer. C’est appréciable.
Pour le reste, le film a une bande son bien sympathique, entrainante, cohérente avec les images. Je reprocherai quand même une photographie assez neutre et, peut-être le point noir, une enquête anodine. Ok, celle-ci nous emmène dans des lieux pittoresques, près de personnages pittoresques, mais en soi le suspense est inexistant et l’enquête menée avec un dilettantisme évident. Il faut pas venir voir ce film pour ça, et c’est dommage, car le début est plutôt intriguant et on aurait pu avoir une enquête beaucoup plus racée.
En définitive, De l’autre côté du périph est une comédie d’action française plutôt plaisante. En tout cas, elle se laisse voir sans déplaisir, évitant la plupart des énormes écueils qui se dressaient sur son chemin ! Elle le doit beaucoup à ses acteurs, à son rythme entrainant, à son humour plutôt bien dosé. Une bonne surprise dans l’œuvre de Charhon ! 3