Le conflit israélo-palestinien, lequel fait rage depuis des décennies, et dont l'issue demeure encore incertaine aujourd'hui, a très souvent été abordé au cinéma. Avant Le Fils de l'autre, d'autres films ont mis en scène ce conflit générationnel, comme Paradise Now (2005), The Bubble (2006) ou encore Le cochon de Gaza (2011).
Le jeune acteur israélien Juliano Mer-Khamis, qui devait passer l'audition pour intégrer le casting du film, a été assassiné par un groupe extrémiste palestinien peu de temps avant le tournage. Un choc pour la réalisatrice Lorraine Levy, qui a refusé de baisser les bras et a poursuivi le projet.
La réalisatrice Lorraine Levy a donné, sur le tournage, et à chaque chef de poste, un petit livre intitulé "Imaginer l’Autre", transcription d’un long entretien d'Amos Oz, célèbre écrivain israélien, fondateur, en 1977, du mouvement La Paix Maintenant : "Je voulais que mes collaborateurs le lisent parce que [...] sa pensée a guidé mon travail. Pour lui, la seule solution au conflit israélo-palestinien réside dans un compromis historique où chacun recevrait une partie de ce qu’il estime lui appartenir. Amos Oz a été une sorte de guide spirituel. Voilà pourquoi je le remercie dans mon générique de fin. J’ai d’ailleurs glissé une interview de lui à la radio dans une séquence et dans une autre, Emmanuelle Devos lit un de ses livres", confie la cinéaste.
"Le temps c'est de l'argent !", voilà un adage que l'on pourrait facilement adapter à la production du Fils de l'autre, tant les timings et les budgets ont été bridés, comme le confie la cinéaste Lorraine Levy : "On avait très peu d’argent, on a tourné en 33 jours, et on avait tellement de problèmes de budget que j’ai dû rendre une journée de tournage sur le plateau. Malgré ça, nous n’avons été privés de rien, nous avons tourné selon nos besoins."
Alors que l'équipe de tournage avait posé ses bagages au pied du mur de séparation entre l'Israël et la Palestine et s'apprêtait à tourner, des sirènes de police ont interrompu toute activité : "Je me suis vraiment demandé si on allait pouvoir tourner ! Et là ce sont les membres israéliens de l’équipe qui sont allés voir les policiers, pour arranger les choses… et on a tourné", se rappelle Lorraine Levy.
4, comme le nombre de langues différentes (le français, l'hébreu, l'arabe et l'anglais) utilisées par les personnages tout au long du film : "Moi qui n’en parle qu’une et demie, je me demandais comment j’allais me débrouiller, comment j’allais pouvoir tenir mon équipe, leur transmettre mes besoins, comment travailler avec les acteurs, comment arriver à leur insuffler certaines nuances… et puis finalement il faut se jeter dans la mêlée et tout se passe bien", raconte la réalisatrice Lorraine Levy.
Lors du montage post-production du film, Lorraine Levy a demandé à sa chef monteuse, Sylvie Gadmer, d'intégrer, au détour de quelques scènes, plusieurs morceaux de Dhafer Youssef, musicien atypique particulièrement apprécié de la cinéaste. Un choix judicieux mais risqué car l'artiste n'avait pas encore donné son accord à la production pour l'utilisation de ses chansons.