Le choix de l'actrice Karin Viard pour le rôle principal de Parlez-moi de vous semblait plutôt évident pour Pierre Pinaud, dans le sens où elle serait l'une des rares "comédiennes à la fois crédible dans un registre d'émotion et de comédie", selon les mots du metteur en scène. Les deux artistes s'étaient déjà rencontrés une fois, mais le jeune cinéaste ne tenait pas encore la caméra. En effet, à cette époque il était stagiaire régie sur le film Les Enfants du siècle, et sa fonction consistait justement à aller chercher Karin Viard chez elle pour l'amener sur le tournage.
Karin Viard explique, de son côté, ses motivations à prendre part à ce projet réalisé par Pierre Pinaud. En plus de son appréciation pour le scénario, la comédienne voulait jouer encore une fois dans un premier film, chose qu'elle fait "de moins en moins" au fur et à mesure de sa carrière, mais qui représente la possibilité de retrouver "des réalisateurs avec une fougue et une envie différentes, qui n'ont pas encore la maîtrise, l'habitude", donnant lieu à des tournages "un peu particuliers".
Le metteur en scène Pierre Pinaud a voulu réaliser ce film pour (entre autres) son admiration avouée des personnages de femmes perdues, troublées, comme l'était déjà la protagoniste des Miettes, son court-métrage primé aux César et au festival de Clermont-Ferrand : "Je me sens assez proche de Gary Cooper dans L'Extravagant Mr. Deeds de Frank Capra, qui est irrésistiblement attiré par les "lady in distress" !", confesse-t-il.
Pour composer le personnage de Claire, abandonnée par sa mère quand elle était petite, le réalisateur Pierre Pinaud s'est beaucoup documenté sur les histoires réelles d'enfants abandonnés. D'après lui, lorsqu'ils deviennent adultes, la plupart d'entre eux idéalisent les parents inconnus, surtout la mère, en estimant que l'abandon pourrait être dû à une incapacité à élever l'enfant - et pas forcément à un manque d'affection. D'où l'intrigue de Parlez-moi de vous, dans laquelle Claire part à la recherche de sa mère...
Peu après le tournage, l'actrice Nadia Barentin, qui joue la mère de Claire (Karin Viard), est décédée suite à une maladie. Le réalisateur explique : "Nadia a appris qu'elle était malade juste avant le tournage mais elle a reporté son traitement pour faire le film, j'ai appris plus tard la gravité de sa maladie et de son choix". L'actrice de 73 ans était surtout connue pour son rôle de mère supérieure dans Louis la Brocante. Parlez-moi de vous lui est dédié.
Pour Pierre Pinaud, le titre Parlez-moi de vous allait parfaitement avec le personnage de Karin Viard, en même temps très confiant à la radio et peu sociable en dehors de son travail. Il souligne également que ce titre rappelle les grandes chansons d'amour, et que "quand on invite quelqu'un à parler de lui, on ne va pas parler de soi". Cette distance entre soi et l'autre, qui constitue le conflit central propre au personnage de Claire, prend donc toute sa signification avec le titre choisi.
Karin Viard et Nicolas Duvauchelle, qui forment l'inhabituel couple romantique de Parlez-moi de vous, venaient de se côtoyer dans un registre très différent dans Polisse (2011), drame poignant où ils interprétaient des policiers de la brigade des mineurs.
Pour les scènes à la radio, dans lesquelles Claire surprend les spectateurs avec ses commentaires audacieux, Karin Viard s'est inspirée de l'animatrice radio Pascale Clark, des émissions Un café, l'addition, En aparté et On refait le monde. Quant au réalisateur, il a choisi de ne pas pré-enregistrer les voix des auditeurs, ces derniers ayant plutôt recours au caractère spontané de l'improvisation. Ainsi, il a placé des acteurs dans une pièce à côté de celle où se trouvait l'animatrice Claire/Karin Viard, et les a laissés créer leur dialogue devant les caméras.
Parlez-moi de vous a été le grand vainqueur du Festival du Film de la Réunion, remportant le Mascarin d'Or. Karin Viard a été désignée meilleure actrice.
Parlez-moi de vous a été lauréat du prix Emergence 2010, qui récompense les meilleurs projets de premier long-métrage par le biais d'une aide matérielle et d'un accompagnement professionnel. Ce prix a déjà récompensé quelques-uns des plus remarquables films français récents, comme Tout est pardonné de Mia Hansen-Løve, Versailles de Pierre Schoeller et Un poison violent de Katell Quillévéré.