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    Elena
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    Aspro
    Aspro

    14 abonnés 357 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 septembre 2013
    Avec Elena, le réalisateur russe Andrei Zvyagintsev (Le Retour) délivre un drame à combustion lente mais passionnant qui a une vision étrangement sombre de la sainteté de la famille afin d'explorer les façons dont les mauvaises graines ont l'habitude de s'épanouir dans n'importe quel environnement.

    Nadejda Markina offre une riche performance, complexe, quasi silencieuse , une ancienne infirmière maintenant mariée à un riche homme d'affaires du nom de Vladimir (Andreï Smirnov). Après avoir rencontré et soigné Vladimir, leur mariage peut fonctionner de la même façon, mais il semble fonctionner pour eux, offrant à chacun une vie meilleure que celle qu'ils auraient eu individuellement. Les problèmes découlent de leurs familles respectives. Elena n'a pas de relation avec la fille de Vladimir, elle est convaincue d'être mal jujé en raison de son statut social. Vladimir à son tour voit la famille de Elena - son fils et, surtout, son petit-fils - comme des sangsues.

    Lorsque les film osent diffèrent dans sa volonté d'explorer ce qui pourrait arriver si ce dernier scénario était vrai. Par conséquent, ce qui suit est une parabole morale de préhension sur les façons dont les familles peuvent se désagréger. 3.5/5
    No Spoiler
    No Spoiler

    19 abonnés 58 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 avril 2012
    Chef d’œuvre de finesse, Elena allie une bande originale de pure merveille à un style personnel abouti: longs plans fixes qui nous font vivre l'instant, photographie exceptionnelle, dialogues rares, interprétation magistrale... Ce que semble nous dire Zviaguintsev? Que l'humanité s'est engagée dans une voie sans issue où le seul règne du fric ne remplacera aucune valeur!
    bsalvert
    bsalvert

    402 abonnés 3 574 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 19 janvier 2014
    Un film lent, long avec de long plan, le film est russe et ne distraira pas grand monde. Beaucoup de long plans n'aboutissent pas,
    PLV : aux amateurs de Bruno Dumont
    titicaca120
    titicaca120

    382 abonnés 2 179 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 décembre 2017
    c'est dur de noter objectivement un film où l'on peut trouver de l'excellent
    mais aussi de l'ennui sur ces plans interminables d'un arbre , d'un train ou d'un nourrisson.
    après l'histoire est assez captivante et l'on sent venir malgré tout la patate, vu les discussions,
    l'état de santé et les projets du malade.
    je viens de voir 4 films me manque plus qu'un pour en avoir fait intégralement le tour.
    ffred
    ffred

    1 686 abonnés 4 010 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 mars 2012
    Après le tableau assez effrayant de la société russe dépeint par le récent Portrait au crépuscule, voici Elena. Le nouveau film de Andrei Zviaguintsev (Le retour, Le bannissement, pas vus) est un vrai choc. Deux vrais chocs en fait. Le premier est visuel. Son film est une réussite formelle à couper le souffle. Les images sont d’une beauté rare. Sa mise en scène est extrêmement puissante, d’un dépouillement et d’une simplicité déconcertante. D’une totale maitrise et d’une totale virtuosité. Du travail d’orfèvre. Moi qui ne me soucis guère d’ordinaire de la technique, des mouvements de caméra…j’ai trouvé là que les plans fixes et les longs plans-séquences étaient vraiment magnifiques (le même plan ouvre et ferme le film). Ils créent une parfaite harmonie avec l’histoire, second choc. Leur lenteur (mais on ne s’ennuie jamais) accompagne celle du récit qui a besoin de temps. Le temps de nous imprégner de lieux, des personnages, des enjeux, du drame ordinaire qui lentement...
    La suite sur : http://lecinedefred2.over-blog.fr/article-elena-101442303.html
    Patrick Braganti
    Patrick Braganti

    90 abonnés 396 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 mars 2012
    Cependant, l’ambition du film dépasse largement le cadre social dans lequel il choisit de s’ancrer : la question qui se pose à Elena est universelle et touche aussi à l’intemporalité.
    Prenant la forme d’un rondo, c’est-à-dire qu’un même plan l’inaugure et le clôt, le film est remarquable par la simplicité et la limpidité de sa narration qui évite tout effet, allant à l’essentiel et aux faits nécessaires au bon déroulement. Elena, femme soumise et docile, subit pareillement la froideur méprisante de Vladimir et la stupidité crasse et irresponsable de sa famille. Par sauvegarde personnelle, mue inconsciemment par un déterminisme social qui la ramène à sa condition – dont elle n’est probablement jamais vraiment sortie – et surtour par amour, Elena commet l’acte irréversible et pose, de fait, la question des conséquences : sera-t-il utile et surtout en sera-t-elle punie ou en éprouvera-t-elle un remords durable ? Le film reste suffisamment ouvert pour que la réponse reste floue, ou plus exactement à l’appréciation toute subjective du spectateur. Néanmoins, dans la patrie de Dostoïevski, on conçoit mal le crime sans châtiment. Les signes du dérèglement ne cessent de poindre tout au long du film : le croassement du corbeau dans la première scène l’annonce-t-il peut-être, mais plus sûrement la mort d’un cheval le long de la voie ferrée et la coupure d’électricité sont autant de signes précurseurs qu’Elena est en mesure d’interpréter et dont le réalisateur se plait à croire qu’ils ne la laisseront pas en paix. La fin du (de son) monde affectera-t-elle directement sa cellule familiale : si le turbulent adolescent échappe de peu à la rixe et témoigne au passage de la totale dégénérescence d’une génération perdue et sans repères, qu’en sera-t-il alors d’un nourrisson laissé seul ou d’un bébé à venir ?
    Projet de commande d’un producteur britannique sur le thème de l’apocalypse qui n’a pu aboutir, Elena a fini par exister seul et prend le parti de le traiter sur le plan intérieur et personnel, en suivant le lent et inexorable chemin d’une âme humaine sur le point de sombrer et de s’engloutir au sein d’un univers de sous-hommes rongés et viciés par la cupidité et la bêtise d’une part, le repli sur soi et l’égoïsme, sous couvert d’hédonisme, d’autre part. Homme venu du théâtre, sachant soigner mise en scène et scénographie – avec un soin tout particulier à la lumière et à la musique signée Philip Glass – Andreï Zviaguintsev peint une galerie de monstres réduits à l’état animal. Une animalité à la manière des rats (les pauvres) envahissant l’antre des riches éliminés doublement par le meurtre et la stérilité revendiquée. Terrifiant et peut-être amoral, si on décide toutefois qu’il n’y aura pas de punition à la clé pour Elena – ce dont les indices évoqués plus haut autorisent pour le moins de douter.
    Nelly M.
    Nelly M.

    94 abonnés 525 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 février 2012
    Le petit jour sur les baies vitrées d'une maison confortable. Lueurs solaires qui s'amplifient aux bords du long plan fixe, un oiseau pour l'animer, on est en temps réel chez des Russes un matin parmi d'autres. L'intérieur est de bon goût, ces lames de parquets très larges, bien cirées, tout respire la maison confortable. Qu'est-ce que c'est bien de voir des gens ordinaires au cinéma, ce couple avec chacun son lit pour connaître le repos, soudé par mille petits riens, dont l'hommage gaillard quand les désaccords terrassent... Une tension, les grands rejetons. Elena, physique solide d'ex-infirmière, première levée, dernière couchée, bichonne époux, enfants et petits-enfants, son mari à fille unique et caractérielle s'avérant surtout sportif. L'environnement rend dur, nombriliste, pragmatique au possible. Du coffre au train, les billets se déplacent. Un cheval blanc à terre symbolise la fin de quelque chose, de hautes cheminées surplombent des terrains vagues où des bandes nocturnes s'appliquent mutuellement les combats des jeux vidéo. Tableau au vitriol de la Russie contemporaine que cette affiche de la mamie avec bébé au giron ! Chômage et corruption commencent à griller les cerveaux dans un sens pratique invitant à ne plus avoir de scrupules du tout. Petits calculs de survie des anciens et des nouveaux, attention à sauvegarder la respectabilité de façade. A quel point est-ce russe et exclusivement russe, hum... Possible de trouver la mise en scène un peu trop délayée, franchement ce serait le seul défaut ! La jeunesse hyperactive, les très optimistes n'y verront qu'un nouveau délire de l'âme slave tourmentée qui réalisa "Le Retour" en 2003. Les patients et les réfléchis trouveront au contraire beaucoup de sens à cette anticipation de notre société à deux vitesses.
    mazou31
    mazou31

    94 abonnés 1 279 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 avril 2012
    Très grand film qui s’inspire d’un fait divers et qui analyse avec talent la nouvelle société russe, voire même l’âme russe. Les plans fixes, la lenteur exprimant la montée du drame, la magnifique musique lancinante (de Philip Glass) ne sont pas (trop) pesants et accompagnent brillamment le sujet. Lequel est l’inégalité choquante de la société russe de Poutine, la morgue et l’inbécillité de la classe possédante, le laisser-aller et l’immoralité de la classe pauvre, le cynisme de la jeunesse bien éduquée pour cela, la déliquescence de la notion du bien et du mal. Et entre ces deux mondes, Elena, superbement interprétée, qui passe de l’un à l’autre, et qui tranchera brutalement, à l’instinct, son dilemme pour assurer l’avenir de sa famille, sans morale et en toute impunité. Peut-être sans remords, à nous d’imaginer.
    Julien D
    Julien D

    1 194 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 novembre 2012
    Andrei Zviaguintsev poursuit sa peinture au vitriol de son pays débutée dans ses précédents films avec la mise en image de cette femme, Elena, qui sert avant tout de lien entre deux univers sociaux opposés, son époux richissime mais égoïste et son fils fainéant qui fait difficilement vivre sa famille dans un HLM délabré. Alors que ces deux hommes ne se rencontrent jamais, cette pauvre femme incarnant l’écart social de plus en plus affligeant dans l’ex-URSS, va tenter de créer des arrangements jusqu’à ce que la vanité de son mari la pousse à accomplir ce que l’image de cette femme effacée et soumise rend inimaginable. L’attaque de la société russe actuelle se fait aussi à travers la dénonciation de la corruption, celui du système scolaire en l’occurrence puisque c’est pour graisser la pâte de la direction d’une faculté que le fils a besoin d’emprunter de l’argent à son beau-père, espérant ainsi assurer un avenir à son propre fils. Un gamin qui par ailleurs est un petit délinquant à qui une seule scène est accordée, celle d’une bagarre très violente en totale distorsion narrative avec le reste du film dont le rythme est rendu très calme par une maîtrise raffinée des longs plans-séquences et d’un nombre réduit de dialogues. Derrière cette dénonciation social, c’est bien à un drame universel que nous assistons puisque l’attrait de l’argent est un élément aussi commun que les liens du sang et de l’amour. La fin est superbement écrite, laissant place aux interrogations sur la légitimité du crime et à un terrible sentiment de fatalisme.
    BeatJunky
    BeatJunky

    148 abonnés 1 930 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 septembre 2014
    Excellent film qui m'a donné d'en apprendre un peu plus sur la situation sociale en Russie, d'en apprendre sur ses habitants,On peut constater l'écart des classes sociales, le fossé entre ces deux mondes.. L'histoire est captivante par son interprétation remarquable, par sa mise en scène, son ambiance .... J'ai adoré me faire balader par le metteur en scène sur l'impression qu'on a des personnages particulièrement Elena évidemment mais aussi sa belle fille qui paraît abjecte au premier abord et qu'on finit par comprendre, du moins sa méfiance...
    L'image de fin étant la même que celle du début m'a fait penser à la banalité de la situation, que ce genre d'histoires se produisent presque quotidiennement là-bas.
    Un film à voir absolument. Génial.
    ninilechat
    ninilechat

    71 abonnés 564 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 mars 2012
    Placide et cynique, terrible et joyeux, ce film russe d'Andrei Zviaguintsev est à la fois un témoignage sur la Russie d'aujourd'hui, et la chronique d'un amour maternel extrême, à la limite: dévoyé.

    Couple recomposé de sexagénaires, Vladimir (Andrei Smirnov) et Elèna (Nadezhda Markina) habitent un magnifique appartement, dans un immeuble très bourgeois. Ils se sont rencontrés quand Vladimir était patient et Elèna, infirmière. Ils se sont probablement aimés. Mais leurs parcours antérieurs étaient bien différents. Vladimir est, manifestement, un "nouveau Russe" (grosse berline, club de sport luxueux....), Elèna vient d'un milieu modeste. Vladimir a une fille, Katerina, une chipie gâtée qui ne fait rien -sauf la vie, avec l'argent de Papa. Ils ne se voient d'ailleurs jamais: Katerina est toujours occupée ailleurs. Elèna a un fils, Serguei, une espèce de chiffe molle dont la seule activité est de traîner devant un jeu video, une bière à la main, et de compter sur la pension de Maman. Et voilà qu'il faut de l'argent, beaucoup d'argent, pour éviter à Sascha, l'aîné des petit-fils, de partir au service militaire et lui permettre d'intégrer une université. En fait, Sascha est un voyou, dont le seul intérêt, à part les jeux video violents, est d'aller se castagner avec d'autres voyous, et il y a peu de chance qu'il puisse intégrer la moindre université.... . Les deux familles s'ignorent: Elèna reproche à Katerina de négliger son père, qui en souffre. Et Vladimir n'a aucune intention de fréquenter la tribu de prolos minables. Mais Elèna aime passionnément cette famille, qu'elle va voir chaque semaine, dans une banlieue pourrie, elle veut tout pour eux. Pour Sascha, elle demande à son compagnon un prêt. Il a déja prêté à la chiffe molle, sans retour. Il n'est pas convaincu.

    Vladimir fait un petit infarctus après un entrainement sportif excessif. De retour au foyer, il fait part à sa compagne de sa décision de rédiger un testament: Elèna aura une pension confortable, mais tout le reste ira à sa fille. Quant au prêt, il n'en plus question. Il suffirait, alors, que Vladimir prenne un de ces Viagras qu'il a toujours dans sa table de nuit, en même temps que ses médicaments pour le coeur, le mélange étant totalement interdit, avant la visite du notaire, pour qu'il n'y ait pas de testament, que les biens soient partagés entre la fille et l'épouse, et que la grosse somme d'argent liquide toujours présente dans le coffre fort de la maison, soit disponible....

    D'une certaine façon, il y a un égal rejet, de la part du réalisateur, des deux descendants. On peut penser que le couple a beaucoup travaillé, elle pendant sa vie d'infirmière, lui pour faire fortune. Ni Katerina, ni Serguei ne méritent d'hériter. Ils représentent deux tristes faces de la jeune génération: la fille d'apparatchik égoïste et inutile; et le paresseux, sans avenir et sans projet.

    La bande son est magnifique. Il y a de longs passages, très lents, lorsque le vieux couple se prépare le matin, par exemple, où les bruits du quotidien, magnifiés, créent l'ambiance. Ainsi pendant le prologue (mais regardez le bien: il trouvera son sens à l'épilogue), on se demande, c'est t-y pas que la bande est coincée des fois? Mais non: entendez le Krouac Krouac d'un corbeau qui se rapproche.... Quant à la musique, magnifique, signée Philip Glass, elle porte le film.

    Film passionnant donc. A voir absoluement tant que c'est encore possible.
    Benjamin A
    Benjamin A

    707 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 mai 2017
    Issus de milieux sociaux opposés, Elena et Vladimir vivent ensemble, mariés et ont chacun un enfant issu d'une précédente relation. Pourtant lorsque Sergueï, le fils d'Elena, a besoin d'argent pour payer des études à son fils, Vladimir est réticent à l'idée de subvenir aux besoins de sa belle-famille...

    Le film s'ouvre sur la vision d'Elena, se levant dans son immense et froid appartement où elle fait chambre à part avec son mari fortuné. On découvre peu à peu un couple froid où les tensions sont silencieuses, elle s'occupant surtout des tâches ménagères et usant de sa pension, accordée par son mari, pour aider son fils. Débutant comme une vision d'une Russie déshumanisée sous Poutine, Andreï Zviaguintsev rentre peu à peu dans le thriller, s'interrogeant moralement sur Elena et la mettant face à un horrible dilemme.

    C'est d'abord une femme semblant triste que l'on découvre, servant de bonne à son mari et faisant tout son possible pour aider son fils, lui-même père et marié. Andreï Zviaguintsev prend son temps pour analyser, en finesse, ce personnage et nous y intéresser, mais peu à peu, c'est l'ambiguïté qui va planer sur elle et ses intentions, ce que retranscrit très bien Andreï Zviaguintsev à travers une écriture de qualité, sachant donner de la profondeur et de la consistance aux enjeux et personnages. À travers ce scénario, il aborde aussi, de manière intelligente et pertinente, la situation de la Russie, que ce soit économique ou sociale. C'est cette Russie froide et détruite qui semble ne s'être jamais remise de la fin de l'URSS qu'il analyse et met en avant, que ce soit en arrière-plan ou directement à travers les personnages, leurs conditions sociales ou encore le fossé séparant la richesse et la pauvreté et plusieurs scènes marquantes en témoignent, à l'image de l'effrayant montage final ou des voyages en train où la solitude du personnage se fait totalement ressentir.

    Andreï Zviaguintsev prend son temps pour observer ce pays et met en place une ambiance sombre et clinique. Il met bien en avant ses personnages à travers une belle réalisation, majoritairement composée de plans larges, et en fait ressortir tout l'humanisme ainsi que la consistance, souvent propice à la réflexion. La photographie est adéquate à l'atmosphère mise en place, tout comme la bande originale de Philip Glass et Zviaguintsev dirige formidablement ses acteurs, Nadejda Markina en tête.

    Andreï Zviaguintsev fait cohabiter la justesse et la pertinence de ses propos avec une impeccable mise en scène, permettant de nous immerger dans cette Russie froide et déshumanisée pour y suivre le parcours d'une femme au dilemme de plus en plus ambigu et cruel...
    islander29
    islander29

    849 abonnés 2 347 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 mars 2012
    Zviaguintsev ( Le retour....Le bannissement (deux chefs d'oeuvre)) est un dramaturgiste un peu dans la tradition des grands écrivains russes...Sa plume c'est la caméra et l'on peut encore affirmer avec ce film qu'il la manie avec talent....Il a l'art des plans, du champ et du contrechamp.....Il photographie les visages comme un photographe cherchant à capturer les expressions....Voila pour l'aspect technique très réussi du film avec une musique parfois si lourde et oppressante qu'elle en devient superbe.....Après il y a l'histoire qui elle m'a moins convaincu, un scénario sans mystère qui avance à rythme lent mais qui reste globalement imprévisible.....Les personnages sont stoiques : Elena agit et pense avec une détermination impassible....La fille Katia a l'arrogance et la désillusion acide de la jeunesse russe....A ce stade le film sonne très juste et nous assène un réalisme à la Dardenne (en beaucoup moins lourd) notamment une scène de combat de voyous d'un réalisme crucial et époustoufflant en fin de film, reflet d'un combat social, d'une réalité du mal être de toute une société......C'est un tableau social subtil, nuancé et pertinent que nous offre le réalisateur, un cas particulier qui frole le vécu et ce n'est pas un hasard si les corbeaux ont disparu des arbres dans le dernier plan du film ....Un petit signe d'espoir lancé au spectateur russe sans doute.
    tixou0
    tixou0

    692 abonnés 1 994 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 mars 2012
    Vladimir et Elena se sont connus à l'hôpital où le premier, riche homme d'affaires retraité, avait été admis pour une péritonite, quand la deuxième y était alors infirmière. Après 8 ans d'une relation suivie entre les deux esseulés est venu le temps du mariage - 2 ans encore, et la routine s'est installée dans le bel appartement moscovite, où chacun fait chambre à part (plus pratique, quand le vieil homme s'endort dès 21 h en regardant le foot à la télé, alors que sa cadette d'une bonne quinzaine d'années vit au rythme continu de la télé-réalité de son poste personnel) - mais Vladimir, qui a tiré Elena hors de sa condition misérable, attend d'elle ménage et services sexuels en retour. Ce bel équilibre est cependant compromis par l'existence de Sergueï, le fils d'Elena, et de sa famille (une épouse et deux enfants), à la remorque financière de l'ex-infirmière (Elena verse chaque mois à tout ce petit monde qui vivote dans une lointaine banlieue l'intégralité de sa pension, mais échoue à obtenir de son mari de quoi empêcher la conscription de Sacha - le gamin de 17 ans étant aussi empressé à ses études que son père à rechercher du travail, seule une conséquente prébende à qui de droit pourrait éviter qu'il ne parte effectuer son service, qui plus est dans la riante Ossétie). Un infarctus ramenant Vladimir à l'hôpital, il y reçoit de plus la visite de sa propre fille, Katia, marginale fantasque et "hédoniste" qu'il voit peu, s'en émeut, et décide de rédiger un testament pour tout lui léguer (réserve faite d'une sorte de douaire pour sa future veuve).
    Elena, avertie par son mari de ces futures dispositions qui compromettent définitivement l'avenir de sa nichée, prend des mesures d'urgence dès le retour du convalescent.....
    Cette histoire est celle d'une exécution sordide, mais dont le ressort est altruiste : un amour maternel sans faille. Vladimir qui meurt intestat, et Elena se retrouve cohéritière à égalité avec Katia ! Le film s'achève avec l'installation de Sergueï avec femme (d'ailleurs à nouveau enceinte) et enfants dans l'appartement du défunt : "le bonheur dans le crime" ? Rien n'est moins sûr, ainsi que les événements précédant le déménagement le laissent à imaginer - la transplantation de la HLM crasseuse à l'immeuble cossu d'un Sergueï parasite professionnel, d'un Sacha passé sans transition des jeux de combat sur console vidéo aux règlements de compte réels entre bandes rivales d'une part, la culpabilité qui lancine Elena d'autre part : que de vers dans le beau fruit apparent de l'épanouissement familial - comment ne pas penser au déploiement futur de la justice immanente, sorte de châtiment du meurtre autrement impuni !
    Ce portrait d'Elena avec proches est remarquable, grâce à la coupante précision de la réalisation (Andreï Zviaguintsev, déjà "Lion d'Or" en 2003, pour "Le Retour"), mais aussi (et surtout) grâce à la prestation de l'actrice assurant le rôle-titre (l'impeccable Nadezhda Markina). Décidément, encore un long métrage russe à découvrir, après le récent "Portrait au crépuscule".
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    267 abonnés 1 634 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 novembre 2013
    Andreï Zviaguintsev avait signé en 2003 un premier long-métrage marquant, très noir, très beau visuellement : Le Retour. Ce nouvel opus (le troisième, après Le Bannissement, en 2007) confirme son talent de réalisateur : cadrages très soignés, mouvements sur du velours, grand soin apporté aux décors et à la lumière pour créer une esthétique glacée. Il y a de la perfection dans tout cela, mais aussi de l'ostentation, notamment avec tous ces plans-séquences étirés en longueur. Cette virtuosité un peu poseuse se remarque d'autant plus que le scénario n'est pas à la hauteur des ambitions stylistiques. Cette histoire de mariage et de crime par intérêt n'est pas des plus originales. Les personnages, quant à eux, sont stéréotypés : Elena, épouse opportuniste, mère et grand-mère dévouée et protectrice ; Vladimir, macho froid, riche, avare, égoïste ; le fils d'Elena, beauf oisif, qui passe ses journées à boire de la bière et à manger des cacahuètes. Il n'y a guère que le personnage de la fille de Vladimir, rebelle et cynique, qui soit vraiment singulier, mais hélas trop peu développé.
    Le plus gênant dans ce film, ce n'est pas son manque d'originalité, c'est la vision sociale qu'il véhicule in fine. Le réalisateur dépeint certes, plutôt bien, une forme de déshumanisation en Russie, chez les riches comme chez les pauvres, en distillant tension et malaise. Il ne semble pas porter sur le genre humain un regard bien optimiste. Soit. Mais en concluant comme il le fait, après avoir présenté une famille de la classe populaire comme une bande de feignants irresponsables, qui "pond" des enfants sans souci du lendemain, des gens vulgaires et parfois violents, des assistés et des profiteurs, Zviaguintsev appuie sur des préjugés et des clichés qui font le lit d'une certaine idéologie droitière. On peut penser que cela correspond à une certaine réalité. On peut aussi trouver cette stigmatisation sans nuance et méprisante. Voilà qui laisse un goût vaguement désagréable.
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