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Un visiteur
3,5
Publiée le 26 mars 2012
[...] Et si tout acte était caractérisé par la pensée d'un autre acte, plus grand, plus large et concentré sur le profit que nous pouvons en retirer que resterait-il de l'honnêteté et de l'amour ? Si il y avait dans chacun de nos gestes un autre geste que nous pensons d'une importance cruciale, vitale et qui ainsi détermine notre vie entière ? Si nous étions tous incapable d'agir pour agir et pour le plaisir de l'action et du sentiment que procure cette action alors que resterait-il de la compréhension, du rapport entre les êtres et de la reconnaissance portée sur l'autre ? [...]
L'argent, sous son angle le plus dévastateur, et tout ce qu'il peut engendrer. Deux familles, unies par un couple de personnes âgées fraîchement mariées, et leur vice principal (l'argent, donc). Voici le thème de ce drame tout droit venu de Russie. Jouée avec brio par Nadezhda Markina, Elena fait des étincelles à l'écran, tant pas sa discrétion que par sa cruauté intérieure que l'on ne commence à percevoir qu'à plus de la moitié du film. D'une esthétique extrêmement soignée, Elena sait se montrer superbe du début à la fin, et même particulièrement à la fin dans un plan de toute beauté, synthèse de tout un long-métrage, de toute une vie. Photographie brillante, il en va de même pour les décors et les couleurs. Pour confirmer son talent d’esthète, Andrei Zviaguintsev se devait d’ajouter à toutes ces qualités une musique qui lui siérait à merveille. À savoir des cordes bouleversantes qui ajouteraient au film une touche dramatique supplémentaire. Car effectivement, Elena regorge de cette tonalité dramatique, en plus d’être (volontairement) morne dans l’ensemble. Un ton qui peine à introduire l’histoire, par sa mise en scène à première vue plutôt plate (bien que l’ensemble ne soit aucunement ennuyeux), qui n’est en fait que le moyen de familiariser le spectateur avec les tristes personnages et les décors du film tout en attendant discrètement d’extérioriser toute sa puissance. Tout ce long-métrage serait donc l’illustration pessimiste et dénonciatrice de la volonté d’Elena à souhaiter aider à sa famille plus que tout. En conclusion, on trouve un certain charme discret à ce très bon drame russe, plein de poésie, qui dépeint l’être humain de manière approfondie à travers ses grands vices : envieux et cruel.
C'est plutôt un bon film, mais le scénario est assez mahabile, l'amorce d'une intrigue policière dans cette chronique "russe" n'étant pas très convaincante. A noter une scène de baston entre jeunes dont on ne voit pas du tout ce qu'elle fait là!
Avec "Elena", Andreï Zviaguintsev nous livre une relecture sommaire de Crime et Châtiment dans un contexte contemporain et socialement contrasté. Vladimir (Andreï Smirnov), un vieil homme riche, vit dans une résidence moscovite cossue avec Elena (Nadezhda Markina, excellente), à la fois compagne et boniche. Alors qu'il ne peut rien refuser à sa fille dont la gratitude et le sens de la famille ne sont pas forcément les qualités premières, Vladimir s'oppose fermement à l'idée d'aider financièrement la famille du fils d'Elena installée dans un blême HLM de banlieue avec vue sur centrale nucléaire. Autour de Vladimir et d'Elena, on trouve des personnages secondaires dostoïevskiens en diable : le nihiliste débauché (Katia, la fille de Vladimir, extrêmement intéressée par l'argent paternel) et l'indigent irresponsable (Sergueï, le fils d'Elena, chômeur désœuvré et bon à rien [et non, ça ne va pas forcément ensemble !]). Dommage que le film ne s'attarde pas un peu plus sur eux. La question que posait le roman était : peut-on commettre un meurtre et, surtout, l'accepter moralement s'il en découle une amélioration de sa condition ? La Russie a connu bien des changements depuis Dostoïevski et là où le romancier apportait une réponse négative, le cinéaste observe Elena et sa descendance jouir avec insouciance de leur nouvelle richesse dans la dernière scène. Avec cette peinture très noire de l'âme humaine, "Elena" nous montre une lutte des classes moderne dans laquelle il n'y aurait pas de vainqueur possible (en tout cas, pas du point de vue moral). A part un, peut-être. En effet, outre Elena, il y a un autre personnage qui fait le lien entre ces deux mondes diamétralement opposés : la télévision. Qu'on soit chez les prolos ou chez les bourges, on regarde les mêmes matches de foot et les mêmes bouses de télé-réalité. Bon, à part ça, le style est superbe mais demande qu'on s'accroche un peu : le long plan fixe qui ouvre le film a réussi à déclencher des ronflements dans la salle au bout d'une minute (véridique !), record du monde battu ! Le thème musical composé par Philip Glass est aussi assez envoûtant. Un cinéma sombre et exigeant mais qui vaut largement le coup.
Mise en scène épurée, longs plans-séquences (plan fixe interminable d'une branche d'arbre en ouverture), cadrages soignés, déplacements de caméra minutieux, musique répétitive de Philip Glass : la forme construit un climat étouffant, une atmosphère pesante pour illustrer un pays où les valeurs humaines ont disparu, où l’ex-infirmière se transforme en assassin. Bien réalisé mais sombre et désespéré.
une tragédie pour cette Elena prise entre deux familles: la sienne pauvre et ratée , misérable et inculte et son mari riche et seul ....et au centre l'argent qui pourrait passer de l'autre à l'une .la comédienne est magnifique de justesse et d'émotion . le cadrage est léché , étudié , les lumières tout autant ce qui fait de ce film russe un petit bijou dans l'art cinématographique .
Avis mitigé. Je suis agacé par le synopsis qui "raconte le film" au lieu de nous placer dans le contexte!!
Effondrement des valeurs en Russie ? Ce pourrait être ici en France.
Personnellement, j'ai trouvé que Vladimir oubliait un peu trop "la journée de la femme"!!! Il a la BMW pour aller au fitness, Elena prend le bus, marche à pied, pour rendre visite à ses "parasites". Vladimir est sec et dur mais il fait preuve de discernement à l'égard des enfants d'Elena... Et finalement, la perte de points de repère d'Elena fait peur et gâche toute l'humanité supposée de cette infirmière....
J'ai aimé le bref instant de tendresse entre Vladimir et sa fille...et finalement je comprends l'affection de Vladimir pour sa fille (beaucoup moins antipathique que les enfants d'Elena....
Le plan fixe du début (extérieur) puis le long plan-séquence de l'appartement luxueux, m'ont semblé interminables....
Ca mérite l'oscar de l'ennuie, je comprends pas sa note élevée , des longues scènes inutiles sans paroles qui se succèdent, il y a pratiquement pas d'histoire. Ca mérite un - 5 étoiles !!!
Je trouve l'affiche du film trompeuse. Pour moi, Elena n'est pas vraiment l'image d'une grand-mère courage, mais plutôt celle d'une mante religieuse. Mais c'est tout l'intérêt de ce film : on n'arrive pas à avoir d'empathie pour aucun des personnages. Aucun portrait n'est manichéen, et chacun interprétera cette histoire selon sa morale et sa philosophie. Du vrai cinéma, un bon film dans l'ensemble, excepté peut-être les longueurs de certains plans, choix du réalisateur certes, mais qui finissent par lasser un peu.
Le Retour avait impressionné en 2003 avec sa flopée de critiques élogieuses et sonn Lion d’Or à la Mostra de Venise 2003. Que faire après un tel succès journalistique et une célébration du monde artistique ? C’est la question qu’a dû se poser le réalisateur russe Andrei Zviaguintsev. En 2008, il avait tenté avec Le Bannissement de retrouver les dithyrambes mais sans grand enthousiasme. Elena se veut être une volonté de retrouver le succès.
La suite par ici : http://critiqueconnection.wordpress.com/2012/03/13/elena/
Décidément les films de l’Est nous laissent systématiquement une forte impression, probablement dû à l’originalité de ton comme cet Elena. D’une très grande efficacité malgré le peu de moyens, tout le film est porté par le jeu des acteurs, parfois en non-dit. Ici aucune surprise, juste un jeu de dupe entre mari et femme, la femme qui, se trouvant face à une solution toute trouvée pour régler ses soucis d’argent (pour aider ses propres enfants), doit ou non franchir le dernier pas, sans filet évidemment. C’est filmé d’une manière très rigoureuse avec des cadrages quasi-parfaits. La musique, de Philip Glass, est sublime. J’ai adoré la fille du mari, d’un cynisme effroyable. Comment ne pas mettre cinq étoiles ?
Un scénario minimaliste, des plans d'une lenteur exaspérante, des personnages antipathiques, une fin totalement immorale. Dès le plan d'ouverture, j'ai compris que j'allais m'ennuyer. Le genre de film qui ne pouvait qu'être primé à Cannes...
Le réalisateur déclare que le diable que vous connaissez pourrait frapper à tout moment. La noirceur est présente partout. C'est anti-Disney. Filmé en studio surtout, le réalisme est criant avec des acteurs efficaces. Le film est convainquant. On peut voir la noirceur et se demander quand le diable va frapper parmi les gens que l'on connait.
Film un peu énigmatique car soit le propos est d'une évidence absolue, soit d'un cynisme total. Il faut souligner l'image sublime (lumière rasante dans l'appartements, froide même au soleil, mouillée, les couchers de soleil sur l'usine dans la banlieue de Moscou (?) sont tous très beau, les mauvais moments se passent entre chien et loup... une mise en scène de qualité, L'actrice parfaite princiaple, Nadejda Markina est parfaite dans le rôle de la mère buttée qui va protéger son poulain coûte que coûte (et ça coûte en effet). Le vieux Vladimir est horrible en nouveau riche qui aime sa tendre fille laquelle n’est pas dupe, cynique, désinvolte. Personne n’a de scrupules non plus, les scènes chez les pauvres sont d'une tristesse à mourir; et attendues. C’est d’une froideur terrible sans beaucoup de sentiments, sans amour, et l'amour filial serait le seul valable spoiler: (la dernière image c'est tout de même le bébé sauvé par la mort du mari d'Elena!) . Le film n'est pas non plus une critique sociale sauf peut-être pour dire une évidence du style " L’argent pourri la vie de ces gens". Bref, le film vaut par l'exercice cinématographique, la caméra, le jeu d'acteur mais pas vraiment l'histoire.
Une fable sociale sur l'argent, élément destructeur du lien familial. Si la mise en scène manque un peu de spontanéité, le ton est quant à lui toujours juste, sans complaisance.