Gilda a été présenté en compétition officielle lors du tout premier Festival de Cannes en 1946.
Ce film noir écrit par Marion Parsonnet est une adaptation de l'oeuvre de E.A. Ellington. L'histoire s'appuie majoritairement sur l'attitude américaine "post Seconde Guerre mondiale", à savoir une paranoïa au sujet de Nazis ayant réussi à s'échapper et à prendre une nouvelle identité en Amérique du Sud. Le film aborde également des thèmes controversés pour l'époque, tels que l'impuissance, la misogynie ou l'homosexualité. Tout ceci de manière suggérée, afin de rester en conformité avec le Code Hays, l'organisme de censure alors en vigueur.
Gilda met en scène une jeune femme au passé trouble sur fond de Seconde Guerre mondiale. C'est la charismatique et provocatrice Rita Hayworth qui prête ses traits au personnage principal. Charles Vidor, le réalisateur, exprime à travers ce film une réelle admiration pour l'actrice, lui offrant un rôle d'anthologie et lui permettant ainsi d'atteindre le statut de "Reine d'Hollywood".
L'une des scènes les plus célèbres de Gilda est celle où Rita Hayworth débute un séduisant strip-tease sur la chanson Put the Blame on Mame. Elle se contente cependant de retirer ses longs gants noirs, mettant ainsi ses bras à nu. Ce rôle a tellement marqué les esprits masculins que l'actrice n'hésitait pas à dire, avec plus ou moins d'amertume : "Tous les hommes que j'ai connus ont passé la nuit avec Gilda et se sont réveillés avec moi".
C'est suite au succès de Gilda que Johnny Hyde, l'agent de Rita Hayworth, pousse la jeune femme à créer sa propre maison de production. Hostile à ce projet, le patron de la Columbia, Harry Cohn doit céder sous peine de perdre sa vedette devenue rebelle. La Beckworth Corporation (contraction du nom de sa fille Becky et d'Hayworth) reçoit vite 25 pour 100 des bénéfices nets des films tournés par la star, qui s'impose ainsi dans la finance hollywoodienne.
Tourné au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Gilda sort sur les écrans entre autres pour le plus grand bonheur des G.I, qui depuis trois ans déjà, rêvent de la Rita Hayworth qui habille les murs de leur caserne. Entièrement dédié à la gloire de l'actrice, le film marque en outre son retour sur les écrans après la naissance de sa fille Rebecca, fruit de son union avec Orson Welles.
Afin de dissimuler complètement sa récente grossesse, Rita Hayworth a dû porter un corset lors du tournage de la fameuse scène de chant et de danse. C'est la chanteuse Anita Ellis qui double la comédienne dans cette scène. L'actrice qui avait suivi des cours de chant pour l'occasion, a longtemps regretté le manque de confiance d'Harry Cohn, qui jugeait sa voix trop fragile.
Le succès du film a des retombées incroyables. Alors qu'une expédition enterre une copie de Gilda destinée à la postérité au pied de la Cordillère des Andes, un disque enregistrant les battements cardiaques de Rita Hayworth est vendu un peu partout. Enfin, la bombe atomique larguée sur l'atoll de Bikini en 1947 est décorée de sa photo et baptisée "Gilda" en l'honneur de la vedette. Un hommage qui choquera l'actrice, rendue profondément malade par cette guerre et l'image qu'on lui a associée. Elle prévoira de donner une conférence de presse à Washington à ce sujet mais en sera empêchée au nom du patriotisme par son patron, Harry Cohn.
Gilda marque la deuxième collaboration de Glenn Ford et de Rita Hayworth après The Lady in question du même Charles Vidor. Si l'acteur confiera être tombée amoureux de sa partenaire lors de ces retrouvailles, l'intéressée reconnaitra en lui "un homme merveilleux, le seul peut-être qui aurait été pour moi, le mari idéal...Si nous nous étions mariés." Les deux amis se retrouveront trois fois encore à l'écran dans Les Amours de Carmen (1948), L' Affaire de Trinidad (1952) et Piège au grisbi (1965).
La photo de Johnny Farrell enfant est une image du fils de Glenn Ford, Peter Ford.
Le film fait partie de la sélection Cannes Classics 2024.