Un film magnifique. Construit sur un étrange triangle. Classique et cependant étrange.
Un vieil homme cultivé, affable, intelligent, réfléchi. Un veuf qui a apparemment gardé une trace vivante de son amour pour sa femme. Nostalgique et solitaire , il a fait appel à une connaissance qui lui a propose une soirée de rencontre avec une jeune fille qui pratique cette activité, sans que l'on puisse lui attribuer formellement le comportement de prostitué. Car la jeune fille étudiante, d'origine rurale, esseulée lors de son arrivée dans la capitale, et qui pratique par la force alimentaire des choses, la profession d'Escort-girl, semble ne pas avoir totalement assimilé les fondements de la profession des geishas du siècle dernier, et des contraintes afférentes.
Elle fait preuve d'une grande naïveté, qu'elle accompagne d'une candide fraicheur, inattendue chez ce type de personnage. Il y a visiblement une volonté de la présenter auréolée d'une sorte d'amateurisme qui lui confère une grande sympathie. Ses préoccupations immédiates : rassurer sa grand mère de passage dans la capitale et réussir son partiel du lendemain, certainement mal préparé, du fait de ses activités annexes.
Récupérer un peu de force et surtout dormir.
Le troisième élément est un jeune homme sincère et borné. Il se déclare le fiancé prêt au mariage avec la jeune étudiante dont il ignore l'ensemble des activités. Dont il ignore bien d'autres choses...entre autre son cheminement difficile vers une indépendance et une liberté qu'il n'est, à aucun prix, décidé à lui concéder.
Cette jeune femme il l'aime comme un objet qu'il veut entièrement soumettre à sa volonté... Si nous n'étions pas au japon il lui proposerai, avant toute chose, un vêtement plus en rapport avec l'objectif de la domination totale qu'il s'apprête à lui imposer, pour penses-t-il, gommer les difficultés dues à son comportement de "rebelle", rétive au mariage !
La photographie est toujours soignée et au service de la narration. le jeu d'acteur est parfait de sobriété et de sincérité.
Mais pourquoi proposer une fin aussi immérité. Une symbolique lapidation vient nous asséner le désespoir de ce talentueux réalisateur libanais. Aucun des personnages, quel que soit sont capital de sympathie, n'est en mesure d'évoluer ou de faire un tant soit peu bouger les lignes sociales du conflit exposé.
La séquence de fin du film, c'est une pierre lancée. Cette pierre, c'est le spectateur qui la reçoit comme une affirmation de notre gigantesque impuissance face à toute les incompréhensions religieuses et culturelles qui divisent notre monde.
Ça vaut cinq étoiles, je n'en mets que quatre en raison du petit coup de cafard provoqué par le dernier plan !