De cette histoire à la fois simple et poétique, où l’on assiste aux déboires d’une jeunesse déboussolée et délaissée, il se dégage certains airs de Jeff Nichols (Shotgun Stories, Take Shelter), Kelly Reichardt (Wendy et Lucy, La Dernière piste) ou encore Gus Van Sant. En bref, un certain cinéma indépendant qui peut se définir à la seule esthétique de l’affiche. Cette reconnaissance peut avoir du bon et du mauvais. Dans Summertime, il n’y a rien qui soit vraiment mauvais, juste du bon et du moins bon. Tout ce qui fait que le film est réussi – les liens familiaux, la découverte de la vie et ses valeurs – aurait pu s’avérer mieux encore si celui-ci ne s’encombrait pas de ce gros conformisme typique Sundance, qui consent presque à empêcher les films du festival (bien que Summertime n’ait aucunement été de la partie) d’être des chefs-d’œuvre à cause d’une marque de fabrique trop évidente. Hormis l’influence de Sundance qui occupe la totalité du long-métrage, il faut reconnaitre les qualités qu’un tel cinéma engage. À savoir une très belle bande-originale et un sujet qui vient directement toucher le spectateur, en faisant appel à toute sa compassion intérieure. Toute cette bonté cinéphile qui n’aurait probablement pas lieu si le film avait nécessité un budget démesuré. Il y a donc cette foi en le septième art, qui fait que tout ce qui se passe devant la caméra a été fait avec le cœur. Vous l’aurez compris, Summertime respire. Ce sentiment d’humanité qui déborde, on le doit particulièrement à ce casting amateur et méconnu, qui insuffle au long-métrage cet esprit totalement indépendant (si on oublie le conformisme redfordien déjà remis en doute) et sied parfaitement à l’image fuyante de la caméra à l’épaule. William Ruffin est bien entendu la grande surprise du casting, grâce à son jeu empli de justesse. Dans le rôle d’un adolescent appelé à changer son destin lié à son nom de famille – synonyme d’échec –, celui-ci devra littéralement apprendre la vie, tout en s’occupant du foyer familial, injustement abandonné par la mère sans excuse apparente. À travers quelques rappels à l’ordre, des petits larcins et des bastons inégales, Robbie Hendrick fera donc connaissance avec les valeurs essentielles de la vie, le travail et les relations humaines ; tout en essayant de sauver l’ainé, glandouilleur de première qui n’aura pas eu la chance de mûrir comme le protagoniste. Ainsi, Summertime est un long-métrage grandement poétique, une ode à la vie qui se dégage de cette découverte de la vie, de ses bons et mauvais côtés. On regrettera légèrement le manque d’ambition du réalisateur, qui ne sera pas passé loin du très bon film.