As I Lay Dying est la transposition pour le cinéma du roman éponyme de William Faulkner (en français Tandis que j'agonise), réputé inadaptable. C'est sa première adaptation cinématographique, et par ailleurs, le dernier long métrage adapté de Faulkner remonte à une cinquantaine d'années. Le roman fait près de 600 pages et il est structuré en 59 chapitres, dont chacun est un monologue de l'un des personnages.
La structure du film diffère de celle du roman. Dans un film, "on peut se glisser dans la tête des personnages et explorer leur voix intérieure, mais il faut que ce soit intégré de manière fluide dans le récit car un film ne fonctionne pas de la même manière qu’un roman. (…) Mon travail a consisté à (...) traduire les procédés littéraires utilisés par William Faulkner en techniques cinématographiques", commente le réalisateur. Les deux techniques principalement employées par Franco dans son film sont la technique du split-screen, et celle de la voix-off. Au sujet de la voix-off, le cinéaste précise : "J’étais conscient que celle-ci devait être originale (...) car le flot de pensées qui se déverse dans le roman n’a rien à voir avec un monologue intérieur conventionnel, il est complexe et dépasse la capacité d’expression des personnages."
Comme l'explique le producteur Vince Jolivette, obtenir les droits du roman n'a pas été une mince affaire, et cela a pris du temps - beaucoup de temps : "Nous avons contacté les ayants droit de William Faulkner, mais à l’époque, il y avait quelques problèmes concernant les droits. Il a fallu cinq ans pour régler ces questions, et deux années de plus pour venir à bout du scénario et trouver les fonds nécessaires à la réalisation du film."
Vince Jolivette raconte que la première version du scénario qu'avait écrite James Franco comportait 170 pages, ce qui était encore trop long. "Nous avons fait parvenir le script à l’un de ses amis, Matt Rager, doctorant à Yale [Franco et lui s'étaient rencontrés sur les bancs de l'Université de Yale], qui est auteur et se spécialise dans l’adaptation de romans sous forme de scénarios. Il nous a renvoyé ses réflexions, et en les étudiant, nous nous sommes dit que le mieux serait de le laisser le retravailler (...)", confie le producteur. Quatre mains ont donc participé au scénario de As I Lay Dying.
En raison du peu de moyens dont l'équipe disposait pour réaliser le film, le tournage de As I Lay Dying n'a duré que 25 jours, il a donc fallu que tout le monde coopère et soit efficace !
Logan Marshall-Green, qui tient le rôle du troisième des cinq enfants Bundren, raconte que pour lui, la séquence dans laquelle il doit creuser la tombe de sa mère a été la plus éprouvante physiquement : "La tombe qu’on nous voit creuser dans le film, c’est celle que James [Franco] et moi avons passé l’après-midi à creuser (...). Il ne s’est pas contenté de filmer le premier coup de pelle, puis de couper et de reprendre une fois que la tombe est terminée. Nous l’avons vraiment creusée de nos mains, sous un soleil de plomb, ruisselants de sueur, et à la fin de la journée, je peux vous dire que nous savions combien il est épuisant de creuser une tombe. J’ai toujours les traces des ampoules que je me suis faîtes ce jour-là (...)."
Le tournage étant conditionné par un budget très serré et, par conséquent, une durée très réduite, le réalisateur et son producteur se sont entourés d'amis acteurs acceptant le projet avec ses contraintes, prêts à faire un effort pécunier autant qu'à ne pas rechigner à la tâche. Tous les acteurs du film sont donc soit des amis du réalisateur, soit des acteurs locaux !
Le tournage de As I Lay Dying n'a pas été de tout repos, et les acteurs ont même pris un certain nombre de risques, notamment lorsqu'ils ont réalisé une cascade extrêmement dangereuse dans une rivière à très fort courant. Ils ont également affronté, pour les besoins du film, l'incendie d'une grange !
As I Lay Dying a été tourné dans l'Etat du Mississippi, qui est l'Etat duquel était originaire William Faulkner. Cela constitue donc un hommage, mais le choix du Mississippi s'explique aussi par les aides financières à la production qui ont été accordées au film par la région. L'équipe du film a bénéficié d'un accueil très chaleureux de la population locale : "Une famille a par exemple hébergé quatre de nos acteurs, ils possédaient un grand domaine parsemé de petites dépendances où les comédiens se sont installés. Ils ont par ailleurs mis leur avion privé à notre disposition, si jamais un membre de l’équipe en avait besoin !", raconte le producteur Vince Jolivette.
Jam Parrack, connu par le public pour avoir incarné sur le petit écran l'un des personnages de la série d'HBO True Blood, interprète l'aîné de la fratrie, Cash, qui a un réel talent pour la menuiserie et doit construire, à sa demande, le cercueil de sa mère. Six semaines de préparation lui ont permis d'appréhender cet aspect du rôle. "Je ne connaissais rien à la menuiserie, je ne suis ni bricoleur ni manuel, j’ai donc dû apprendre avec des professionnels. Lorsque je suis arrivé dans le Mississippi, j’ai passé beaucoup de temps en compagnie du chef accessoiriste du film, pour qu’il m’enseigne les gestes de Cash", précise le comédien.
Le père de la famille Bundren est joué par l'acteur Tim Blake Nelson. Ce dernier a dû prêter son visage à un long travail de grimage, chaque matin, afin d'entrer dans la peau d'Anse Bundren. "Le maquillage, la coiffure et la pose de la bosse de mon personnage nécessitaient plus d’une heure et demie de travail", indique-t-il. Dans le roman, le personnage a perdu toutes ses dents, mais dans le film il lui en reste quelques unes : "Nous n’avons pas réussi à trouver de système adapté à ma bouche capable de faire disparaître toutes mes dents, sans que cela n’affecte ma diction et la crédibilité du personnage à l’écran. Dans le film, la dentition d’Anse est donc dans un sale état, ce que nous avons imaginé est presque pire que de ne plus avoir de dents du tout", précise le comédien.
Le jeune Brady Permenter, qui dans le film est le plus jeune des Bundren, a été choisi au terme d'un casting organisé à Canton, dans l'Etat du Mississippi. Il évoque ce que cela lui a fait de tourner dans sa propre région : "Tourner un film dans ma ville natale a (...) été une expérience inoubliable. C’était vraiment chouette que tous les lieux de tournage se concentrent dans notre région, il y en a même certains que nous ne connaissions pas."
James Franco révèle que selon la rumeur, il fut un temps où Sean Penn pensait à adapter Tandis que j'agonise, en interprétant le rôle de Darl, campé par Franco dans son film, et en confiant le rôle du père à Jack Nicholson. Une chose est sûre, il n'est jamais passé à l'acte.
As I Lay Dying a été présenté au Festival de Cannes 2013, dans le cadre de la section Un Certain Regard.
Danny MacBride, le voisin des Bundren dans le film, avait précédemment travaillé avec James Franco sur plusieurs films (notamment C'est la fin, qui sort également en 2013). Ayant lu Tandis que j'agonise, le comédien avait entendu parler du projet d'adaptation par Franco, et lorsque ce dernier a fait appel à lui, il a rejoint l'équipe à la manière de son personnage, Vernon Tull, qui se joint à la famille Bundren pour les aider à enterrer leur mère.