Carlos César Arbeláez est né en 1968 dans la région d'Antioquia, là où il tournera Les Couleurs de la montagne. Il a obtenu un diplôme en communication à l'Université d'Antioquia. Il a fréquenté deux écoles de cinéma, celle de San Antonio de los Baños à Cuba, et l'École nationale d'expérimentation et de réalisation cinématographique en Argentine. Il est spécialisé dans la réalisation de documentaires pour la télévision. L'un d'entre eux, Negro Profundo - Historias de Mineros, a été applaudi au Festival de Bogota et y a décroché la mention d'honneur. Les Couleurs de la montage, son premier film de fiction, s'est fait également remarqué dans différents festivals, notamment celui de San Sebastian en Espagne où il a été récompensé comme Meilleur réalisateur d'une première œuvre.
Le cinéaste Carlos César Arbeláez raconte que l'idée de base du film est liée à une image, celle d'un petit garçon de la campagne avide de découvrir ce qui se cache derrière la montagne. Mais, durant l'écriture du scénario, "la dure réalité de l’actualité colombienne s’est petit-à-petit immiscée dans la fiction". De ce fait, Les couleurs de la montagne adopte une esthétique influencée par le style documentaire.
Carlos César Arbeláez n'a pas cherché à mettre en avant le conflit armé qui règne en Colombie. Loin de lui l'idée de s'étaler sur la situation politique qui caractérise le pays : "Je me suis concentré par-dessus tout sur la situation dramatique qui est vécue par les populations civiles. Le sujet du film porte avant tout sur les Hommes en général et s’adresse à un large public. Peu importe ce que fait un groupe armé ou un autre à La Pradera [le village dans lequel se déroule l'action du film], c’est plutôt le contexte psychologique vécu par les personnages principaux qui est au centre du sujet du film."
Carlos César Arbeláez a souhaité opter pour une démarche très personnelle. De ce fait, il a choisi de se placer du point de vue des enfants. Cela lui donne la possibilité de "créer un contraste marqué avec le monde des adultes, son absurdité et son côté irrationnel". Un tel décalage évacue ainsi la violence et les affrontements armés qui sont omniprésents en Colombie. Tout est suggéré par le son, par le silence, "ce qui est certainement plus efficace que la montrer d’une manière explicite."
Les Couleurs de la montagne mettent en avant la thématique de l'enfance au travers du parcours de jeunes villageois colombiens en quête de repères. Carlos César Arbeláez explique que "l’enfance est sans aucun doute le moment de l’amitié, l’âge où l’on se lie à jamais avec les autres. Le thème de l’enfance est récurrent au cinéma, la pellicule a la faculté de nous faire voyager dans le passé, dans le but de renouveler nos regards, comme un nouveau départ ou comme un besoin d’être capable de croire à nouveau."
Le motif du ballon de foot occupe une place centrale dans Les Couleurs de la montagne. Il s'agit d'un symbole de la réalité absurde et moyenâgeuse que vivent les Colombiens. Le ballon exprime aussi une résistance vis-à-vis de la crise qui secoue leur pays: "C’est vrai que quelle que soit la dureté du quotidien des enfants, ils sont toujours prêts à défendre les jeux et les rires en tant que pans essentiels à leurs vies" affirme le réalisateur. "Une partie de foot, c’est le temps nécessaire qu’il faut pour se faire au moins une bonne douzaine de nouveaux amis !"
Le tournage s'est déroulé dans la région montagnarde d'Antioquia, au coeur de la Cordillère des Andes. Même s'il reconnait que "le paysage est très important dans l'histoire", Carlos César Arbeláez a voulu éviter de tomber dans le films de paysages avec des plans dignes de cartes postales et des couleurs éclatantes : "Nous avons progressivement terni les couleurs de la montagne jusqu'à la fin du film, comme l'existence de cette petite vie."
Le casting du film a duré presque deux ans. L'équipe technique des Couleurs de la montagne a décidé de choisir des acteurs non professionnels, originaires pour la plupart de la région, et ce afin d'accentuer le réalisme voulu par le réalisateur. La sélection des enfants pour jouer dans le film a demandé du temps : en effet, 2500 enfants environ sont venus participer aux essais. L'un des personnages du film étant un garçon albinos, il a fallu des recherches approfondies pour dénicher un enfant possédant cette particularité physique.
De l'aveu de Carlos César Arbeláez, le film comporte quelques influences du côté du cinéma iranien: "Comme le disait Truffaut les enfants apportent automatiquement de la poésie et le cinéma iranien est plein de poésie, dans la mesure où il utilise un langage simple et direct…" Au revoir les enfants de Louis Malle est aussi à ranger parmi les œuvres qui ont servi d'inspiration au Colombien.
En guise de conclusion sur ses intentions personnelles, le réalisateur colombien estime que le cinéma serait bien inspiré que d'essayer d'être profitable aux populations les plus démunies: "Je ne pense pas qu’un film soit capable de revêtir une fonction sociale dans le sens d’être capable de changer la réalité d’une société, d’une communauté ou encore d’un pays. Mais comme Wim Wenders le dit, le cinéma devrait essayer de temps en temps d’être utile à l’Homme."