La Ballade de Genesis et Lady Jaye : les secrets du tournage

L'idée de se faire filmer et suivre au quotidien par une cinéaste-journaliste vient de Lady Jaye. Par crainte de se faire oublier, elle voulait que l'on se souvienne d'elle en train de vivre une belle histoire d'amour.

Breyer P-Orridge Genesis est né en février 1950 à Manchester. Considéré comme un artiste complet, à la fois musicien, chanteur et écrivain, il a suscité quelques polémiques à ses débuts : ses performances abordaient le thème de la prostitution, de la pornographie et des crimes meurtriers. Dans la suite de sa carrière, il a connu une notoriété plus honnête, grâce notamment à la sortie de quelques morceaux de musique à succès.

Marie Losier n'a utilisé aucun script pendant ses nombreuses prises, mais des tableaux qu'elle a créés mentalement. Elle ne néglige pas non plus le montage : "il y a de nombreux mois de montage, essayer de retenir et trouver le rythme des personnes dont je fais le portrait, car chaque individu est unique", précise-t-elle.

La "visionnaire" Lady Jaye Breyer P'Orridge était un élément important et nécessaire au film documentaire, en plus de sa beauté physique. Elle avait pour ambition de briser l'égocentrisme et le statuquo identitaire, et voulait aussi découvrir et proposer une nouvelle façon d'être, au service de "l'espèce humaine".

Les images du documentaire ne nous présentent pas un biopic comme les autres, mais plutôt une sorte de fantasme surréaliste.

Le film est une réflexion sur la notion de genre à travers un portrait croisé de l’artiste Breyer P-Orridge Genesis et de sa femme, Lady Jaye Breyer P'Orridge. Le couple, par amour, a décidé de se fondre en une seule entité, une seule personne.

Lady Jaye Breyer P'Orridge s'appelle réellement Jacqueline Breyer. Seconde femme de Breyer P-Orridge Genesis, ils se sont mis à vivre ensemble en s'installant à Brooklyn, à partir des années 2000. Pour se prouver leur amour respectif, ils ont subi des opérations de chirurgie plastique afin de se ressembler physiquement et d'être "deux parties d’un nouvel être". C'est ce que l'on appelle la "pandrogynie".

Marie Losier a réalisé de nombreux portraits avant-gardistes pour des réalisateurs, musiciens et compositeurs comme, entre autres, George Kuchar, Tony Conrad et Richard Foreman Jr.. Ses films nous plongent dans la vie et le travail de ces artistes.

La cinéaste et les "acteurs" assument une conception artistique qu'ils appellent le "cut-up" : un résultat qui en est la création même, c'est à dire une autre entité, un troisième être : "Le Cut-Up est un cadeau qui permet aux personnes de se libérer de leur statuquo", explique Genesis P-Orridge.

Le film documentaire a été présenté dans plusieurs festivals internationaux dont celui de Berlin où il a obtenu un Teddy Award du Meilleur documentaire, de Buenos Aire avec le Prix du Public, et de Marseille (FID) où il a remporté le Prix du Jury.

Lady Jaye Breyer P'Orridge est décédée le 9 octobre 2007.