Marco Berger en est à son deuxième long métrage après le remarqué Plan B, tourné en 2008. Cette œuvre gravitait déjà autour du même sujet : à la suite d'une rupture avec sa copine, un jeune homme remet en question sa propre sexualité.
Marco Berger affirme que travailler l'homosexualité au cinéma est de l'ordre du geste politique. Il préfère d'ailleurs parler de sexualité différente plutôt que mise en cause de la sexualité. Le cinéaste explique que ce sujet lui permet de se forger une identité cinématographique, de façon à être reconnaissable entre mille.
Le film met en scène une situation cinématographique assez inhabituelle : un mineur éprouve un désir sexuel vis-à-vis d'un adulte. Marco Berger explique ne pas s'être inspiré de son vécu personnel mais des manifestations naturelles de l’appétence. Il précise que l'idée de base était de mettre en avant cette aspiration sexuelle inavouée pour mieux la saisir. Le cinéaste souhaitait "renverser le thème classique d’un adulte abusant d’un mineur : voir ce qui se passe si le jeune comprend ce que la situation a de dangereuse pour l’adulte, voir s'il peut utiliser ce danger comme un instrument à la fois de séduction et de pression."
De l'aveu du cinéaste, le début d'Absent s'apparente au thriller pour mettre en situation cette relation troublante entre un élève mineur et son professeur. De façon similaire, Plan B commence comme une comédie romantique. Dans l'un comme dans l'autre de ces deux films, le récit bascule se déplace de l'exercice de genre vers "des eaux plus profondes où ils ne pensaient pas arriver" selon l'expression de Marco Berger. Absent suit donc une route imprévisible que le spectateur n'aurait pas imaginer emprunter. Ce procédé est voulu, afin de mettre le public dans la peau du personnage du film : "On croit savoir où l’on s’engage et au milieu du trajet, on peut se sentir aussi perdu, aussi perturbé que le personnage."
Dès le générique de début, le texte se dessine sur des parcelles corporelles. Les films de Marco Berger seraient-ils un cinéma de corps ? C'est le postulat voulu et assumé du cinéaste argentin, pour qui les corps savent s'exprimer et séduire par eux-même : "Tout le film se développe autour du désir physique, et de tous les désirs qu’il induit, comme des dominos."
Absent a été sélectionné au Festival de Berlin où il a remporté le Teddy Award. Ce prix récompense chaque année un film qui évoque directement la question de l'homosexualité. Notons que des cinéastes comme Pedro Almodóvar, Todd Haynes, François Ozon ou John Cameron Mitchell en ont été gratifiés par le passé.