Indices : les secrets du tournage

Avec Indices, Vincent Glenn revient sur un sujet bien connu de tout le monde, et dont on entend parler quotidiennement, mais qui ne veut finalement plus dire grand chose pour personne, selon le réalisateur. Le sujet en question, c'est le PIB (ou Produit Intérieur Brut), l'indicateur économique universel cité de façon presque automatique au journal de 20h. Et si ce mode de calcul était tout simplement devenu obsolète et inadapté aux problèmes actuels ? C'est la question que pose Vincent Glenn dans Indices, s'employant à trouver des réponses.

Vincent Glenn n'en est pas à son premier documentaire socio-politique. En effet, le réalisateur a déjà signé Davos, Porto Alegre et autres batailles en 2003, ainsi que Pas assez de volume (notes sur l'OMC) en 2004.

L'idée de réaliser un film sur le PIB est venue à Vincent Glenn à l'occasion d'un débat public sur "l'indicateur de richesse", que le réalisateur était chargé de filmer. C'est alors que le cinéaste et ses coéquipiers ont envisagé d'aborder le problème à travers un nouveau projet de documentaire. Leurs objectifs principaux étaient alors de se documenter au maximum à ce sujet, et de transcrire toutes ces notions économiques abstraites de façon lisible pour le spectateur lambda.

L'étude de Vincent Glenn et de son équipe sur le PIB s'est surtout construite autour de l'avis de membres du FAIR (Forum pour d'Autres Indicateurs de Richesses). Mais l'équipe du film a également tenté d'enquêter sur la Commission Stiglitz, constituée d'experts en économie et chargée depuis 2008 d'identifier les limites du PIB comme indicateur de richesse. Indices prend d'ailleurs comme point de départ le rapport officiel de la Commission Stiglitz pour ensuite s'employer à "déshabiller le PIB".

En faisant des recherches poussées sur la question et en tentant d'aller au fond du problème, le réalisateur Vincent Glenn, aidé par son équipe, s'est rendu compte que la notion de PIB ne signifiait aujourd'hui plus grand-chose de concret. Dans Indices, il expose son point de vue et livre aux spectateurs un constat pour le moins déroutant. "La «croissance» citée, chiffrée, commentée chaque jour dans les médias, c'est la «croissance du PIB» et ce n'est que ça. Autant dire plus grand-chose. Cela ne donne qu'un piètre renseignement si on cherche à situer le «niveau de vie des habitants» de tel ou tel pays, mais surtout cette «croissance» n'indique presque plus rien du tout s'il s'agit de se faire une idée des progrès réalisés, si l'on en juge par exemple, par l'évolution du chômage, l'état des services publics, ou le niveau de pollution. Pourtant, tout semble encore s'organiser autour de cet indicateur, star des médias et divinité pour les «marchés»," explique le réalisateur.

"Une des questions portées par le film pourrait être «comment sortir la tête du PIB ?»," explique Vincent Glenn, qui ne se contente donc pas de dénoncer un problème sans suggérer de solution. A travers son film, le réalisateur invite ainsi à un changement des pratiques sociales et culturelles qui sont celles du monde occidental contemporain. "La «société de consommation» n'est qu'une conséquence de sociétés devenues de plus en plus productives et ayant placé la «production» au centre de toutes les préoccupations. Un dépassement de la société de consommation (car après tout, il n'est écrit nulle part que nous soyons condamnés à rester des homo-consummatus pour l'éternité !) implique une remise en cause de la place de la production dans nos vies," déclare le cinéaste.

A l'issue du tournage de son film Indices, Vincent Glenn ne manque pas d'idées pour faire évoluer la société contemporaine. Quand on lui demande s'il est intéressé par une éventuelle candidature aux élections présidentielles, le réalisateur répond : "Pour organiser une constituante et une nouvelle République, oui. Je veux bien être candidat pour l'abolition de la Présidentielle."