La Vie d'une autre est le premier long-métrage réalisé par Sylvie Testud. Néanmoins, ce n'est pas la première fois que la comédienne passe derrière la caméra puisqu'on lui doit déjà le court métrage Je veux descendre (1998), dans lequel on retrouve notamment la jeune Elodie Bouchez.
Dans le roman de Frédérique Deghelt, Marie (Juliette Binoche), l'héroïne, est une victime. C'est une femme au foyer triste qui chaque journée s'ennuie. Pour le film, Sylvie Testud, la réalisatrice, a décidé de transposer l'attitude passive de Marie à son mari Pablo (Mathieu Kassovitz). La cinéaste s'explique sur ce choix : "J'ai pris une option différente du livre. J'aime l'idée qu’on est responsable de ce qu’on fait de sa vie, qu'on ne la subit pas. Je ne parle pas de la chance ou des déboires qu’on peut rencontrer, mais le respect, la sympathie que l’on inspire aux autres et l'envie qu'ils ont de partager avec nous, j'ai envie de croire que ça dépend de chacun. Cette héroïne, à qui la vie a beaucoup souri dans un premier temps, je voulais qu’elle soit responsable d'elle-même, de ce qu'elle devient."
Mathieu Kassovitz a très vite été emballé par le projet de Sylvie Testud. C'est avec une certaine maturité que le comédien, à la quarantaine passée, évoque la vie de couple : "J’ai lu le scénario très vite et j’ai aussitôt eu envie de le passer à ma femme pour qu’elle le lise à son tour. C’est un sujet qui nous concerne tous, quand on est en couple depuis longtemps", explique-t-il, en poursuivant : "On vieillit, on veut retrouver la première flamme, ce qui nous a plu chez l’autre au tout début de l’histoire. Donc c’est un sujet universel, qu’on soit un homme ou une femme."
Afin de palier à certains conflits de production, Sylvie Testud a fait appel à un couple de producteurs qu'elle connaît bien, Michèle et Laurent Pétin, lesquels lui avaient offert son premier grand rôle au cinéma en l'engageant sur Les Blessures assassines (2000). Comblés, ils solliciteront à nouveau l'actrice pour Les Mots bleus (2004) et Vengeance (2009).
Alors que la réalisatrice Sylvie Testud venait de peaufiner une nouvelle version du scénario de La Vie d'une autre, Juliette Binoche, pas entièrement convaincue par l'histoire, déclina l'offre. Un refus qui laissa un goût amer à la cinéaste. Le temps d'un hiver seulement, car quelques mois plus tard, Juliette Binoche est revenue sur sa décision et a accepté le rôle.
La Vie d'une autre est tiré du roman éponyme écrit par Frédérique Deghelt (2007).
Le tournage a eu lieu du 4 avril au 27 mai 2011 à Paris, ainsi qu'en Belgique et au Luxembourg.
Le petit Yvi Dachary-Le Beon, qui joue le rôle d’Adam, était très timide lors du tournage et ne supportait pas qu'on l'embrasse ou même qu'on le touche. La comédienne Juliette Binoche nous parle de cette relation particulière : "J’ai dû m’adapter à lui. Nos rapports ont évolué pendant le tournage, il s’est ouvert et c’était très touchant pour moi de partager ça avec lui", se rappelle-t-elle.
Sylvie Testud et Mathieu Kassovitz poursuivent ici leur collaboration entamée l'année passée sur le tournage du film L' Ordre et la morale, tout en inversant leur fonction. Cette fois-ci, c'est à la cinéaste de diriger le réalisateur de La Haine.
Sylvie Testud a construit et imaginé le personnage de Marie uniquement pour Juliette Binoche, et ce bien avant que cette dernière n'eut vent du projet. Selon la cinéaste, aucune autre comédienne ne pouvait mieux incarner cette belle femme accomplie et naturellement autoritaire : "Le visage de Juliette s'est imposé. J'écrivais pour elle. Sans le savoir, elle m'aidait à construire ce personnage. Elle a guidé mon écriture. Juliette a ce côté femme fatale, mais elle garde en même temps une part d'enfance que l'on voit surgir dès qu'elle sourit. Si elle avait refusé, j’aurais abandonné le projet !"
Sylvie Testud a bénéficié d'un budget confortable pour la réalisation de La Vie d'une autre, puisque ce dernier atteint la jolie somme de 5 000 000 euros.
La réalisatrice Sylvie Testud a également pris part au montage du film. Un exercice plus difficile qu'il n'y parait selon la cinéaste, et qui réserve toujours son lot de surprises, agréables comme insupportables : "C’est l’étape que je redoutais le plus. S’enfermer pendant des semaines avec quelqu’un d’autre, avec des horaires à respecter, c’est une façon de collaborer que je n’avais jamais expérimentée", se rappelle-t-elle, en continuant : "C’est au montage aussi que tu comprends que ce que te disait la scripte sur le plateau et que tu refusais d’entendre ("Ce que tu adores, là, ne sera jamais raccord avec ce qui a été fait il y a quinze jours"), était parfois insupportable, mais vrai…"