Cette adaptation d'une pièce de théâtre de Terence Rattigan, dramaturge britannique détesté par les "jeunes cinéastes en colère" dans les années 1960 et aujourd'hui démodé, ressemble à une vieillerie de brocante. C'est un mélo suranné, d'un classicisme poussiéreux et ennuyeux. Cette histoire d'amour malheureux, doublée d'une critique de l'english way of life, d'un débat sur la raison et les sentiments, sur la passion et la morale, on l'a déjà vue mille fois. Le premier quart d'heure du film, qui présente la détresse du personnage féminin et rappelle son passé en flash-back, à grand renfort de violons stridents et d'images ouatées ou tournoyantes, apparaît comme une caricature des mélos d'antan, presque une parodie. Et puis ça se calme un peu. Terence Davies déroule un long fleuve de déchirements et de souffrances, prévisibles, en appuyant bien sur le pathos. Rachel Weisz n'en finit pas de minauder et de retenir ses larmes de façon démonstrative ; Tom Hiddleston s'emporte à outrance. Rien n'émeut ; tout (ou presque) agace. Alors oui, il y a ce soin apporté à la réalisation, à la lumière, aux décors, d'une élégance feutrée. Mais qu'est-ce qu'on en a vraiment à faire ? Quel intérêt y a-t-il aujourd'hui à reprendre ce mélodrame bourgeois d'un autre âge, digne d'un roman à l'eau de rose, sans en transcender la matière ou le style ? Quasiment aucun.