Aftershock l’enfer sur terre est un film au ton assez surprenant il est vrai, franchement plaisant, mais qui joue un peu trop la carte des incohérences pour faire du spectacle. Je pense qu’il était possible d’arriver à quelque chose d’aussi efficace sans jouer avec les limites du crédible.
Le casting est globalement très efficace. Pour ma part je l’ai trouvé d’un niveau franchement bon pour un petit métrage, avec donc un trio tout d’abord composé d’Eli Roth, d’Ariel Levy et de Nicolas Martinez. Le meilleur du lot est surement le dernier, qui hérite d’un rôle solide, qui se montre très convaincant en leader. Pour autant cela n’enlève rien à la qualité des deux autres mentionnés, même si vous l’aurez compris, tous n’ont pas la même importance. A noter aussi la prestation d’un pompier, bien interprété, mais malheureusement victime d’un retournement peu crédible. On se demande vraiment ce qui lui passe alors par la tête alors que tout semblait lui sourire ! Pour le casting féminin c’est le déballage de jolies plastiques. C’est assez cliché certes, mais il faut reconnaitre que les actrices sont certes très charmantes mais qu’elles ne jouent pas comme des pieds non plus. Andrea Osvart surnage tout de même très largement, et il n’est pas étonnant qu’elle ait hérité du rôle principal.
Le scénario est bien construit. Il est certes lent dans sa première partie, partie d’exposition de surcroit franchement très commune. Par contre la seconde partie décolle franchement (au bout d’une demi-heure environ), et là c’est du non-stop. Du coup pendant 50 minutes environ on ne s’ennuie pas, avec beaucoup d’action, des rebondissements nombreux, des scènes chocs, bref, ça enchaine bien. En même temps le film n’est pas totalement concluant, car plutôt que de prendre un chemin réaliste, ou tout du moins crédible, il s’enlise de trop dans les incohérences pour faire le spectacle. Ainsi les personnages sont globalement très idiots au mauvais moment (celui de Nicolas Martinez est surement le summum, même dans The Asylum je crois qu’il nous l’aurait pas faite celle-là), Il y a aussi une fameuse descente d’échelle et une histoire de barreau qui va en faire rire plus d’un (expliquez comment le barreau a pu se retrouver là !). Le passage du camion de pompier vaut aussi son pesant de cacahuète nanar (les conducteurs de camion de pompier n’ont pas leur permis de conduire au Chili ?!).
La réalisation est propre, mais on sent aussi que le réalisateur ne joue pas pleinement sa carte. Il fait le choix d’un métrage violent, brutal, sans concession, et pourtant autant il est à l’aise avec les scènes sanglantes, autant il est clairement timoré pour le reste, notamment la scène de viol. Voulant montrer sans trop montrer, essayant de contourner le problème sans non plus trop le contourner, il finit par gentiment foirer sa séquence. D’accord c’est typiquement le genre de scène délicate à faire au cinéma, mais soit on assume totalement soit on s’abstient et on préfère carrément le suggestif. Pour le reste c’est néanmoins assez habilement fait, on sent un réalisateur de qualité aux manettes. Sinon les décors et la photographie manquent un peu d’allure. Pour les premiers ils ne donnent pas franchement le sentiment d’évoluer dans une ville ravagée, mais plus dans une zone désaffectée. Surement est-ce un manque de budget, mais dans ce cas il vaut mieux avoir des ambitions moindres. La photographie est pas mauvaise, mais c’est vrai qu’elle manque tout de même de travail, de soin, bref, ça sent le téléfilm tout de même. Les effets spéciaux sont eux aussi un peu faible, avec un tremblement de terre qui n’est pas très spectaculaire et qui laisse mal croire qu’il a tout dévasté, en revanche les effets horrifiques nombreux sont d’un excellent effet. Bien violent, je déconseille Aftershock à un public peu initié, et surtout à un public qui pourrait croire à un film catastrophe du genre de ce qui passe sur la 1 ou la 6 les week-ends. Enfin la musique est honorable, sans plus.
Finalement Aftershock est un bon film, mais qui aurait pu être clairement meilleur s’il n’avait pas sacrifié la crédibilité à la surenchère. Moi j’aime bien quand un film s’avère généreux, mais il y a un moment, surtout quand on propose un film sérieux et développant un croisement rare entre l’horreur et le cinéma catastrophe, il est bien de ne pas balancer n’importe quoi. Il faut quand même que le film prenne aux tripes, que le spectateur puisse se dire « et si c’était moi », hors là franchement il y a des choses beaucoup trop tirées par les cheveux ou fantasques pour convaincre.