Off World : les secrets du tournage

Avec ce film, Mateo Guez signe son premier long métrage. Le jeune réalisateur a commencé la réalisation avec deux courts-métrages : Le Dernier jour (1996) et L'ultima notte (2003). C'est son voyage aux Philippines qui l'a décidé à réaliser Off World.

Mateo Guez a découvert Smokey Mountain avant d'avoir eu l'idée de faire ce film. Ce premier voyage lui a permis de connaître des habitants de la ville et de leur faire part de son projet cinématographique. En y retournant pour le tournage, le cinéaste a tenu à ce que les habitants travaillent avec lui et participent à la réalisation d'Off World : "Seuls mon directeur de la photographie, François Dagenais et moi-même n’étions pas Philippins. Le reste des gens attachés au film, des principaux acteurs, aux enfants, jusqu’à l’équipe technique, tous étaient originaires des Philippines", souligne-t-il.

Le fait que les habitants de Smokey Mountain aient travaillé sur le film, a permis à ces derniers d'avoir une nouvelle vision sur leurs vies et sur la réalité des endroits dans lesquels ils vivent. Mateo Guez aborde la perplexité de cette situation : "Nous avons tourné avec une grue et de nombreux habitants découvraient en même temps que moi sur l’écran de contrôle le résultat. Ils étaient bouleversés... J’ai eu peur de les avoir offensés", dit-il. Toutefois, leurs réactions ont été très positives : "Ils étaient très émus, parce que, pour la première fois dans leur vie, ils voyaient ce à quoi Smokey Mountain ressemblait vu d’en haut..", ajoute le réalisateur.

Le tournage d'Off World a eu beaucoup de mal à démarrer pour plusieurs raisons, comme "l’impossibilité d’assurer le matériel du fait du coût prohibitif des assurances privées, la nécessité d’adopter une approche de guérilla lors de la préparation et du tournage, l’acteur principal qui déclare forfait deux jours avant le tournage", explique Mateo Guez. La durée totale du tournage n'a pas dépassé les neuf jours.

Le réalisateur a découvert Marc Abaya, l'acteur qui interprète le rôle de Lucky, dans un concert à la ville de Manille. Musicien de carrière, Marc joue dans des concerts et anime des émissions de télévision. Lucky a été son premier vrai rôle dans un film : "A moins de vingt-quatre heures de mon tournage, Abaya accepta de me rencontrer et d’examiner le projet. Moins de quatre heures plus tard, à six heures du matin, il m’appela pour annoncer qu’il était d’accord !", se rappelle le réalisateur.

La situation à Smokey Mountain est dangereuse et difficile du fait de la pauvreté et de la pollution. En choisissant de tourner son film dans un bidonville comme celui-ci, Mateo Guez a pris un gros risque : "J’ai réalisé très tôt dans ma vie que je devais me confronter au risque, au danger pour me sentir vivre, exister et trouver une raison d’être et de créer en tant qu’artiste", explique t-il.

Le producteur français Jean-Claude Jean collabore pour la première fois avec Mateo Guez. Il justifie son choix de travailler avec le jeune cinéaste par son style de réalisation auquel il adhère et par le sujet qu'il considère comme essentiel et intéressant : "Mateo Guez use du rythme, du mouvement de caméra, comme du plan fixe avec une étonnante dextérité, un naturel rare (...) Le partage de cette humanité est universel, c’est pour cette raison que j’ai fait le choix de la partager avec Mateo, et de vous la proposer."