Grands comme le monde est le sixième film réalisé par Denis Gheerbrant.
"Le choix pour moi, entre la cité et le collège, n'était pas évident.Mais je suis allé filmer dans un collège parce que je pouvais y trouver des enfants différents, dans des attitudes différentes, alors que si j'étais allé dans une cité, j'aurais filmé les enfants qui fréquentent tel ou tel club de jeunes, telle ou telle bande, et pas ceux qui restent à la maison. J'aurais été l'otage d'une réalité des enfants", explique Denis Gheerbrant. "Le collège représentait le lieu où il m'était possible de retrouver tous les enfants de la cité dans leurs différences. Filmer dans un collège de ZEP [Zone d'Education Prioritaire], dans une cité, c'est travailler de toute façon sur un terrain que tout le monde connaît, par sa vie propre, ou croit connaître par le biais des médias. Il devient extrêmement difficile de penser cette réalité en dehors d'une vision binaire, entre angélisme et diabolisation."
Diriger des enfants n'est pas un travail de tout repos, comme a pu le constater le réalisateur Denis Gheerbrant, qui a notamment eu affaire à des élèves qui paniquent au moment de passer devant la caméra : "Ils se dérobaient, ou ils ne venaient pas, il y a eu des lapins, des entretiens où rien ne s'est dit. Et les filles ? On est frappé par l'absence, dans [le] film, de leurs paroles, à part celle de Mimouna...Dans une salle de classe, il y a des filles et des garçons. Dans la cour de récréation les filles vont avec les filles et les garçons vont avec les garçons. Dehors, sur le quartier, un groupe mixte serait inconcevable, comme s'il s'agissait de réseaux de socialité distincts."
Denis Gheerbrant raconte : "Je suis allé dans un certain nombre de classes, celles des enseignants qui s'intéressaient le plus à ce projet. Nous avons beaucoup parlé. Les enseignants étaient assez divisés, au départ, sur l'opportunité de ma venue. On a du mal à le réaliser, parce que ce n'est pas dans la partie visible du travail, mais j'ai eu autant de relations avec les adultes qu'avec les enfants. De plus, en attendant les autorisations de la hiérarchie de l'Éducation Nationale, j'ai travaillé sur le quartier, avec les associations, ce qui m'a amené à connaître les acteurs de la vie locale : club de jeunes, antenne de mairie... J'ai d'abord rencontré les enfants sur le quartier ou à l'occasion de sorties.Plus tard, j'ai continué à les y retrouver pendant toute l'année qui a suivi."