On le sait, le hockey sur glace a un potentiel cinématographique infini avec ses bagarres incessantes. Après le raté Slap Shot dans les années 70’s, Jay Baruchel et Evan Goldberg s’attelèrent à l’écriture d’un nouvel essai.
Mis en images plutôt décemment par Michael Dowse, Goon n’est pas l’habituel film de sports auquel on pourrait s’attendre, avec tous les passages obligés (même s’ils y sont), mais c’est une comédie tendre et humaine sur un héros, chaînon manquant entre Forrest Gump et Rocky Balboa, aussi gentil et bêta que les deux, mais jamais considéré comme simplet, porté par une interprétation exceptionnelle de Seann William Scott, qui y déroule tous ses talents d’acteur, sous-coté comme jamais. En effet, le film tourne totalement autour de ce Doug Glatt et c’est sa principale force.
S’il ne convainc pas vraiment (ou très peu) pendant ses deux premiers actes, un peu lents et paresseux, le film monte clairement en puissance dans sa dernière demi-heure où la Némésis du héros, Ross Rhea, un bagarreur loyal et au sens de l’honneur, joué par l’impeccable Liev Schreiber entre en scène. On trouve aussi un des meilleurs gags du film dans cette dernière demi-heure. En effet, Glatt rentre sur le terrain pour se battre avec un joueur adverse. Ces derniers se parlent de manière très courtoise, se foutent sur la tronche, sont séparés par les arbitres, se serrent la main avec un clin d’œil d’approbation quand ils vont vers la prison et Doug de conclure ”Sympa, ce gars-là”. Car là est la force du film : la tendresse qu’il porte à ses personnages.
En parlant de tendresse et de dramatique, c’est, encore une fois, là que le film s’élève à un niveau très élevé : dans son final qui mêle Turandot au hockey, le film prend des allures lyriques et romantiques très inattendues mais plus que bienvenues car jamais ridicules malgré l’apparente incompatibilité des deux médiums. Goon est un film sacrément original, qui aurait mérité une meilleure introduction afin d’acquérir la reconnaissance qu’il mérite. Pour ce qui est de la technique, elle est irréprochable, même si l’on sent les limites du budget du film. La musique, hors Turandot, est assez bien choisie et les seconds rôles, comme Marc-André Grondin (son histoire semble être le sujet du film avant de bifurquer, bien heureusement), Kim Coates ou Eugene Levy font le boulot très sobrement.
Ne serait-ce que pour son final, absolument exceptionnel, inoubliable et presque déchirant, Goon doit obligatoirement être vu afin que des tentatives aussi osées que celle-ci se répètent.